Juste une collègue

Chapitre 6 ♠️ C

J'étais à ma huitième journée d'enseignement. Je pense que je commençais à m'habituer à cette nouvelle vie tout comme on s'habituait à moi. Maintenant le matin je prenais une boisson chaude dans le petit café au coin de la rue et je pense qu'une fois ma journée terminée je m'y poserais une petite heure, mais la journée qui m'attendait était si longue et pleine de cours que ce serait aussi possible que je me retrouve encore une fois dans mon canapé avec un paquet de Lucky Charms. Puis ce n'était pas comme si quelqu'un m'attendait chez moi alors je pouvais prendre tout le temps que je souhaitais.

Il arrivait que mes voisins me saluent dans un coup de vent, peut-être que le bruit de mon nouvel emploi avait couru dans tout le quartier... Ça ne m'aurait pas étonné.

Il y avait cette grande blonde qui avait sonnée à ma porte une semaine plus tôt. Hier je l'avais entendue rentrer assez tardivement, bien après que je me sois mise au lit et pourtant je me considérais comme une couche tard. Je l'apercevais chaque midi durant ma pause de déjeuner. Elle était avec trois autres personnes, cette déesse aux yeux verts qui, d'une certaine manière, arrivait à m'agacer en quelques secondes et deux autres personnes qui, si j'assemblais les morceaux, devait être Mademoiselle Hamilton et Mademoiselle Hernandez.

Ce n'était pas quelque chose qui m'importait, à mon âge j'étais bien loin des petits groupes d'amis qui chahutaient sur tout le monde comme si nous étions nous aussi des élèves. Or je me questionnais sur elle, cette prof d'anglais, je l'avais vu rigoler avec des élèves comme si elle-même avait 17 ans puis plus tard elle avait l'air d'avoir une très bonne discussion avec Mr Jefferson. Alors elle était une privilégiée ? Ça expliquerait bien des choses, dont pourquoi elle avait eu la clé de ma salle. Peut-être couchait-elle avec ses élèves ?

Ça m'avait fait rire. Je ne pouvais pas croire cela, c'était beaucoup trop absurde. Ces histoires-là étaient finies à notre âge, du moins je l'espérais.

En ces huit jours j'avais aussi pris l'habitude d'arriver plus tôt qu'il ne le fallait au lycée, j'aimais voir les couloirs vident bien que je préférasse lorsqu'ils étaient peuplés d'élèves. Mais lorsque j'arrivais aussi tôt le matin, je me souvenais de mes années lycée et du chemin que j'avais fait jusqu'ici. Je n'étais certainement pas la même personne et j'aimais celle que j'étais aujourd'hui.

Je profitais de ce temps pour travailler sur des copies ou sur mes cours, ça m'évitait d'être overbooké et une fois que j'arrivais chez moi je n'avais plus rien à faire. Beaucoup de professeurs disent que leur boulot est difficile or il faut juste être bien organisé et une fois que c'est fait on peut profiter de nos heures libres ainsi que de nos week-ends et jours de congés. Alors j'arrivais plus tôt le matin et restais un peu plus tard le soir.

J'étais arrivé au café du coin, plutôt cool niveau décoration mais aussi chaleureux. La propriétaire aussi était très gentille, une femme qui devait surement avoir la quarantaine, blonde, mais quelques cheveux blancs. Ça avait été la seule depuis mon arrivée à vraiment engager une conversation avec moi. Elle me faisait un peu penser à ma mère au fond...

Pourtant quand j'étais arrivée ce matin-là, bien qu'il y ai déjà quelques clients, le comptoir était vide. J'avais regardée autour de moi, mais la dame n'était nulle part dans la pièce.

_Lauren ! Va prendre la cliente s'il te plaît ! Dit soudainement une voix derrière la porte en face de moi.

Je m'attendais à voir une jeune vendeuse, peut-être une jeune femme à la vingtaine qui voulait payer ses factures et avait donc un petit job en plus de ce qu'elle faisait ou bien encore une étudiante qui avait besoin d'un peu d'argents. Pourtant ça avait été loin d'être la personne qui s'était postée devant moi.