Chapitre 13 ♠️ C

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Je passais une meilleure soirée que je ne l'aurais pensé.

Lorsque ma voisine d'au-dessus qui se trouvait être aussi une de mes collègues m'avait proposé cette soirée à son appartement devant un match de basket et quelque uns de ses amis, j'avais plutôt été sceptique. Tout d'abord parce que j'avais attendue toute la journée ce moment où je pourrais me laisser tomber sur mon canapé devant un programme télé des plus ridicules, ensuite la penser de me retrouver au milieu de personnes qui m'étaient inconnus  m'avait effrayée.

Néanmoins les paroles de Sofia m'étaient revenus en tête ; elle avait eu raison ce soir-là lorsqu'elle m'avait appelée. Je suis effrayée, de ma nouvelle vie, de mon ancienne vie, d'avoir ma mère au téléphone et de me plaire ici.

C'est ce que je recherchais en venant jusqu'en Floride, un endroit où poser mes valises et faire ma vie, mais la perspective d'enfin trouver ce que je cherche depuis des années m'effraies plus que tout. J'avais peur qu'une fois avoir trouvé mon bonheur, je n'ai plus rien à faire, que ma vie n'est plus aucun sens, que la boucle soit bouclé.

Lauren Jauregui m'effrayait aussi. Elle et son fils. Elle me faisait faire toutes ces choses que je n'avais jamais faites, comme l'attendre à un café ou sonner à minuit chez son amie parce que je m'inquiétais pour son fils.

Elle me faisait aussi penser toutes ces choses que je n'avais jamais penser à propos d'une personne. J'avais eu des relations auparavant, j'espérais toujours pouvoir trouver l'amour dans celle-ci, ces symptômes dont tout le monde parlait, cette chose que tout mes amis avaient expérimentés, pourtant aucunes des relations que j'avais eu m'avait fait sentir spéciale. Au contraire, je voulais toujours les fuir une fois dedans parce qu'elles me rendaient malheureuses, je n'aimais pas appartenir à quelqu'un, être dépendante d'une personne, devoir des explications, je n'aimais tout simplement pas la perspective de devoir faire sa vie par rapport à une autre personne et non seulement soi-même. Et voilà que cette femme hantait mes pensées la plupart du temps, je me surprenais à m'arrêter chaque matin et chaque soir au café de sa mère dans l'espoir de la voir, je me surprenais à la chercher du regard dans les couloirs, dans le réfectoire ou dans la salle des profs, je me surprenais à tout vouloir savoir d'elle.

Gabriel m'effrayait lui aussi, ce n'était qu'un petit gamin pourtant, il n'avait rien d'effrayant or c'était justement cela qui me faisait peur. En quelques minutes c'était comme si je l'avais apprivoisé, ou alors c'était lui qui m'avait apprivoisé ? Quoi qu'il en soit, il semblait être totalement à l'aise en ma présence bien que je ne sois qu'une inconnue à ses yeux et à ceux de sa mère et cela ne me dérangeait pas.

Cette famille me faisait ressentir toute sorte de choses que j'avais, jusqu'ici, fui et évité et voilà qu'en l'espace de quelques semaines ils me rendaient heureuse.

Parce que oui, j'avais beau avoir peur, je me sentais soudainement bien en leur compagnie comme si je flottais au-dessus du monde parce qu'ils avaient fait disparaître tous mes problèmes et pensées négatives qui me retenait sur la terre ferme. Et tout ce à quoi je pensais en ce moment même, c'était au présent, à ce que je vivais et à quel point j'appréciais cette soirée. Je voulais arrêter le temps et rester dans cette cuisine jusqu'au restant de mes jours parce que je ne m'étais jamais sentie aussi bien. Alors oui, tout ceci était tellement effrayant, mais si bon.

J'étais accoudée contre le mur dans l'encadrement de la porte, mon sourire ne m'avait pas quitté tandis que je regardais cette petite famille, ils étaient heureux, ça sautait aux yeux, je me demandais si moi aussi un jour je vivrais cela ; cet amusement et cette joie de préparer une simple pizza avec mon enfant, en tout cas ça semblait plaisant.

Juste une collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant