Chapitre 8 ♠️ L

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Il y aura forcément un moment dans votre vie où tout vous semblera gris, vous vous sentirez vide et la vie sera comme fade puis vous vous questionnerez :

Est-ce que je suis une bonne personne ?

Est-ce que les autres me voient comme je me vois ?

Est-ce que j'ai une bonne vie ?

Est-ce que je suis heureuse ?

Est-ce que j'ai fait le bon choix ?

Est-ce que ma vie vaut la peine d'être vécue ? Est-ce qu'elle vaut ma présence sur cette Terre ?

Ce sont les questions que je me posais, qui me tourmentaient.

Il y aura forcément un moment dans votre vie où tout sera de trop au point que vos émotions déborderont de vous et sans que vous puissiez essayait de ne serait-ce les contenir, elles exploseront à l'intérieur et autour de vous.

J'en étais à ce moment-là de ma vie et depuis je me sentais vide à l'intérieur de moi-même.

_Bonne nuit m'man.

J'avais souris parce que c'était la seule chose qui pouvait encore m'empêcher de me noyer, aussi parce que c'était la seule chose que je pouvais faire dans cette situation. L'être humain avait tendance à se cacher derrière des sourires, y compris moi. En particulier lorsqu'on est maman, une mère se cache toujours derrière un sourire lorsqu'elle est face à son enfant.

_Le marchand de sable est passé et bien loin il va m'emporter, il m'est venu des ailes dans un rayon d'or. Je suis monté au ciel... Quel joli décor..., Je chantonnais d'une voix faible et douce.

Gabriel était maintenant bien loin dans ses rêves pourtant j'étais toujours assise à côté de son lit et ma main passait dans ses cheveux. J'avais besoin de ces cinq minutes pour le regarder, la seule chose dont j'étais fière et qui me maintenait parmi vous. Gabriel était tout ce que j'avais alors rien que de penser à ce qu'il pouvait se passer dans sa petite tête me ramenait à mon état primaire.

Je quittais sa chambre sur la pointe des pieds. Ce soir je n'avais pas la force de me mettre à cette routine qui s'était installée dans ma vie ; me lever aux cotés de Gabriel, m'en occupait, me préparer, aller au travail, récupérer Gabriel, m'en occupait, le coucher, faire les tâches ménagères, mes cours et copies, me préparer à aller me coucher et dormir. Puis ça recommencer. Ce soir-là j'avais directement mis le pied dans la douche laissant la vaisselle sale qui m'attendait à sa place, après tout elle pouvait bien rester à sa place le temps d'une nuit. Qui allait me dire que je manquais à mon devoir ? Peut-être bien ma conscience, or ça faisait bien longtemps que je ne m'écoutais plus.

L'eau s'abattait sur mon crâne, mes épaules, ma poitrine, elle me purifiait, me vider un peu plus de tout ce qui pouvait être néfaste à l'intérieur de moi-même et elle m'abattait un peu plus.

J'en étais à ce moment où j'avais besoin de tout lâcher, ma tristesse, ma peine, ma colère, mon mal-être, tout. Je suis fatiguée. Fatiguée d'être la femme parfaite, confiante et fière d'être une mère célibataire devant tout le monde alors qu'au fond je ne suis qu'un cœur brisé.

Mes jambes étaient devenues du coton, je lâchais prise et mes genoux se retrouvait maintenant contre le sol froid de la douche et l'eau s'abattait toujours plus lourdement sur mon dos.

Je ne pouvais pas qualifier ma vie de grandiose, il ne s'était jamais passé de choses extraordinaires, je n'ai jamais vraiment voyagé ou tout abandonnait pour faire un truc complètement fou, mais il y avait eu Gabriel. Ça avait été la chose la plus grandiose, extraordinaire et fou de ma vie or il n'est qu'éphémère. Il grandira, quittera la maison et je serais seule, complètement seule. Je ne pouvais pas qualifier ma vie de grandiose et le pire était encore à venir.

Juste une collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant