~Chapitre 2

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-Alors c'est ta chambre ?
-Yes, mais comme tu peux le voir elle est loin d'être terminée, dis-je en balayant la grande pièce blanche avec mon bras.
Il m'affirme cependant qu'elle est sympa, et un échange long et ennuyant pris vie.
-Alors t'es dans le même lycée que moi ?
-En seconde B.
-Ok.
Silence.
-T'as mère est un peu spécial non ?
-Je sais.
Silence.

Il le faut le briser. Ce silence qui règne en maître et qui semble me tirer la langue, il à l'air de drôlement apprécier de me foutre la pression.

-C'est qui qu'est mort ? Demandais-je alors sans aucune délicatesse, et remplis de maladresse.

Silence revint, m'aidant à me rendre compte de la stupidité de ma question, ou du moins la façon dont j'ai prononcé cette phrase. Seulement Peter me répondit quand même, sur un ton à la fois lasse et hésitant.

-Une amie.
Ou là là, je sens que la discussion est très bien partie pour que ce dernier ne veuille plus jamais m'adresser la parole. Alors je remplis le vide avec un petit :
-Ah.
Dont il me répondit avec un petit :
-B.
On ne m'avait plus fais cette blague depuis la sixième au moins. Je ne sais pas si cela me désespère ou me rends nostalgique. Le tout reste quand même qu'il faut pas le nier, c'est ridicule. Mais le ridicule ne tue pas, non ? Alors :
-C.
Le silence gêné me rends cinglée, et ne pouvant tenir, je m'empresse d'ajouter :
-Cette discussion ne mène à rien. Je suis une inconnue tu n'as aucune raison de me raconter ta vie comme je n'en n'ai aucune de sécher tes larmes. Prends donc l'adresse d'une autre psy.
-Ce n'est pas à toi, simple inconnue comme tu le dis, de décider de ma vie, s'empressa t'il de rétorquer.
-J'en déduit que tu veux rester dans le cabinet de la mère ?!
-Ça, jamais. Ta mère est bizarre, et toi aussi, et puisque tu me le demande, je ne mettrais plus jamais un pied chez vous !
-C'est assez contradictoire ce que tu dis, non ? Remarquais-je.
-Je n'ai pas de logique. Au revoir, inconnue. Me dit-il comme derniers mots avant de claquer la porte de ma chambre, avec un sourire de satisfaction très frustrant.

Un court échange malaisant à ses débuts et enflammé à sa fin. Ce mec. Putain je ne sais tellement pas quoi en penser. Peter, au début me faisant penser à un gamin, puis qui tout à coup me sort une réplique à m'en faire fondre le cœur. On aurait dit un acteur de théâtre qui récitait juste son texte, comme il le faisait à chaque représentation. Il était tellement à l'aise, pendant que moi j'allais exploser d'amour et d'énervement à la fois. Un coup c'est le timide sans amis tout dépressif, et l'autre c'est le héros de roman cliché et Badboy. Comment est-ce que je suis censée réagir moi, dans tout ça ? Je ne sais même pas qui est celui des deux qui a volé mon cœur. Et d'ailleurs, ne vient-il pas de perdre quelqu'un ? Qu'elle gamine de lui parler sur ce ton aussi.

-Théoooooooo !
Troisième fois qu'elle m'adresse la parole aujourd'hui, ça se rapproche fortement du miracle. Mais est-ce que j'ai vraiment envie de descendre après le bordel qu'elle a foutue dans mon peut-être futur couple ? Oh et puis tant-pis, je ferai mon ado plus tard, pour l'instant, je veux savoir ce qui lui donne encore envie de me causer.
Je dévale l'escalier avec la grâce d'un éléphant.
Puis je la vois.
Elle n'est pas contente.
Ouuuuuuups je n'aurai peut être pas dû mettre son client à la porte ...

-Amber veut te voir.
Une phrase, une seule, et j'explose de joie. Amber est là youhouuu ! Je vais pouvoir tout lui raconter pour Peter ! Mais n'est elle pas censée rester encore aujourd'hui à Center Park ? Maman me tourne le dos, laissant de la place à mon amie pour se déchausser

-Hey.
-Hey.
-Faut que je te parle, me déclare ma pote.
Et puis tout d'un coup je me met à flipper. Je ne sais pas trop pourquoi mais je ne le sent pas. C'est un peu comme une femme qui rentre du boulot, son mari l'attend, plonge son regard dans le sien, et laisse entendre un "faut que je te parle". Alors la femme, comme toute femme normalement constituée, se met à flipper et imaginer divorce, tromperie, et toutes genre d'horreurs. En l'occurrence, j'me sent pas terrible tu vois. On remonte dans ma chambre, à l'abri de ma petite famille.
Je m'assois sur la chaise de mon bureau, la laisse se poser sur mon petit lit une place.
Elle n'est pas bien mon amie, je le voit. J'attends avec angoisse qu'elle arrache la parole à ce casse couille de silence qui ne cesse de revenir.

Mais non, elle éclate en sanglots. Son visage vire au rouge, se crispe, et un torrent de larmes cascade sur ses joues. Je cours vers elle et je l'enlace mais je me sent impuissante, et ignorante. Je ne manque pourtant pas de la questionner sur la cause de cette réaction mais elle ne me réponds pas, elle pleure et c'est tout. Ce moment devient long, je la console du mieux que je peux mais je ne suis pas non plus un genre de super maman ...
-Théo ...? gémis t'elle.
-Oui je lui là Amber, mais calme toi d'abord. Respire. Je suis à tes côtés.
-Elle a disparue ... Théo elle n'est plus là ...! Comprenais-je à travers les larmes. Je ne sais pas de qui elle parle et sa m'intrigue vraiment.
-Calme toi, et explique moi tout. Mais d'abord sèche tes larmes, je lui souffle en lui tendant un mouchoir.
-À Center park ... Samedi soir, une meuf, snif, à organisé une teuf ... Je m'y suis rendue, à la recherche d'éventuelles nouvelles amies ... Et j'ai vu, une autre fille paumée à la recherche de potes, comme moi.
Elle respire un grand coup, et son discours devient un petit plus compréhensible.
-On s'est vite rapprochée, cette meuf, Lou. C'est une genre de petite princesse, elle a du fric, un beau corps et tout ça, mais c'est pas une fille à maman, c'est une battante ...! Elle est belle et intelligente et tout, chuis sûre t'aurai pû t'entendre avec elle ... Et donc on fait connaissance et tout tu vois l'genre. Et là on se met à danser comme des filles et comme si on avait été amies toutes notre vie. Et là il y a un mec, de notre lycée je crois, c'était un putain de hasard de le croiser là tu vois. Mais bref, il m'a reconnu. On a causé tout les trois et tout et finalement j'me souviens plus trop de la fin, c'était une soirée arrosée et Lou a fini dans le lit de Peter ...

-Peter ? M'étranglais-je de surprise.

-Oui c'est son nom, tu le connais ?
-Ouai mais c'est pas bien grave continus.
Mais une petite voix ne cesse désormais de me répéter en boucle : "Peter était à Central Park avec Amber. Peter était à Central Park avec Amber. Une pote à Amber à couché avec Peter. Peter à couché avec quelqu'un."
-Le lendemain, repris t'elle, à part un mal de crâne pas possible, j'avais aussi un putain de mal au cœur. Il faut que j'te dis un truc, c'est le premier point important de mon récit : j'étais tombée amoureuse de Lou.

Mon étonnement doit sûrement se lire sur mon visage, je ne m'y attendais pas ça c'est certain. Mais je lui fais signe de continuer.
-Donc on s'était donné rendez vous tous les trois pour bouffer ensemble une pizza à midi dans un Resto près de la piscine. J'les ai rejoins, il étaient encore ensembles et j'en ai tristement conclu que eux deux, ce n'était peut être pas un coup d'un soir.
Mais c'est pas l'pire ... Écoute bien la suite Théo, parce que perdre une amie ou une amoureuse, comme tu le veux, c'est douloureux.

Apprentie à la vie { en pause }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant