~Chapitre 8

40 4 6
                                    

Les jambes flageolantes, je m'assois aux côtés d'Amber. Mes lèvres sont figées et mon sourire crispé. Ce que je viens d'entendre n'est pas des plus agréables à accepter.
-Amber, et oh tu vas bien ?! Je balance ma main au dessus de son visage encore faible, de part son récent malaise.
-Elle coûte combien ...?
Elle n'a pas décroché, ce ne doit pas être un délire passager. La robe noire et coûteuse, que ma chère amie veut acheter à une morte, me paraît alors comme la principale suspecte de sa crise dans la friperie.
-Pourquoi veux tu lui offrir ce vêtement ? Il ne lui sera d'aucune utilité ...
Iphi et Sophiane ne me lâche pas du regard, et essayent de décrypter notre dialogue. Notre autre public, lui, est vite revenu à ses occupations.
-Demain, elle ira sous Terre ... Je suis sûre qu'elle adorera cette robe ...! Parvint-elle à articuler.
Je n'y avais pas pensé.
-Tu as l'autorisation des parents de lui acheter ...? Parce que si tu veux, je peux te la payer.
Un sourire s'affiche alors sur le visage de Sophiane, mais je n'y prête pas attention.
-Non. Elle a demandé à Peter de la rendre heureuse, ce n'est pas à moi de la choisir.
-Tu le connais ? S'étonne Iphi, les sourcils froncés.
Je la fait taire du regard, ce n'est pas le moment de faire raviver la jalousie d'Amber. Car même si elle ne l'admet pas, ses sentiments crèvent les yeux. J'imagine que je n'ai pas le contrôle sur ce genre de choses.
Sophiane commence à s'impatienter. Amber va mieux, nous bouchons le chemin et n'avons pas l'air attirées par un seul des articles de la boutique. Sauf peut être la robe, mais le rôle de la choisir ne revient pas à mon amie ... Dur à accepter, mais il faut qu'elle le fasse pour Lou. Et puis, elle lui offre déjà tout son amour, c'est grandement suffisant.
Nous nous bougeons de là et sortons de cet hideux endroit. Amber sèche ses débuts de larmes.

Nous avançons dans la rue.
Des pavés. Ouille les pieds. Tiens celui ci est tordu. Oh et celui là aussi ! Ne pas marcher dans la merde d'oiseau, attention. Je regarde sur mon phone, 19h37. J'ai pas faim. La nuit est tombée, il fais frais. Ma parka est moche. Une crêperie à gauche. J'ai faim. J'écoute le silence qui nous lie avec Amber et Iphi. J'ai plus faim. Je tente un regard curieux et désolé vers les filles, Amber sourit. J'aimerais lui dire d'arrêter, de pleurer toutes les larmes de son corps, d'arrêter d'être une fille parfaite. Mais nan, je n'en n'ai pas la force. Alors mon regard se tourne vers Iphi. Elle semble énervée. Sa première ( je suppose ) virée entre amie s'est avérée être un désastre, et même si elle est inquiète pour Amber, elle n'a fais sa connaissance qu'il y a seulement trois quart d'heure. Elle se demande ce qu'elle fou là. Puis je reregarde les pavés,
Je décide que c'était moins risqué.

À mon retour à la maison, je ne sais que faire. Je cherche à me changer les idées. Trop de chamboulements aujourd'hui, et je n'ai même pas ramené une fringue.
Alors je décide de sauver les mouches qui s'assomment à maintes et maintes reprise dans le verre de la fenêtre, avant que mon chat ne les bouffe.
Cela doit être effroyable de voir sa destination, puis de foncer, et enfin de se rendre compte que quelque chose d'invisible nous retiens. Alors on recommence, mais on se fais bobo. Les pauvres insectes, mais je n'hésite pas à braver ma peur des bestioles si c'est pour faire une bonne action. Si c'était moi à leur place, je serai terrifiée.
-Théo, t'étais où ...? Me chuchote une petite voix, appartenant à une paire d'yeux dans l'entrebâillement de la porte.
-Gwen, chut. Il est l'heure de faire dodo ...
-T'étais où ?
Et crotte.
-Dans ton c... Plaisantais-je
-Où ?
-Tu ne le dira jamais à maman ...? Émettais-je
-Et donc ?
Grosse curieuse. Mais au moins ce n'est pas une rapporteuse.
-Avec des amies, à Orléans.
-T'as des amies ?
Deuxième fois qu'on me fais cette blague dans la journée.
-Et toi t'as du respect ?
-Je vois pas pourquoi j'en aurai à ton égard, m'informe la paire d'yeux, désormais devenue une petite silhouette dans le noir de la chambre.
-Seigneur, tout semble si facile avec toi aujourd'hui ! Ripostais-je.
Elle ferma la porte, et débarrassa le plancher.
Moi, je me me dépêcha de filer dans les bras de Morphée.

(( _ _ ))..zzzZZ

C'est un cri qui me réveille.
Strident, attristé, désespéré.
Je n'ai pas dix milles adjectifs dans ma poche, et je n'en ai tout cas pas assez pour le décrire.
Effroyable.
Effrayant et inquiétant aussi.
Je lutte de toute mes force pour ne pas me laisser emporter par la peur.
La voix de Gwen, mais j'arrive aussi à distinguer la démarche bien peu silencieuse de ma mère à ses côtés.
Je descends l'escalier, marche après marche dans le plus grand des silence, si l'on met de côté mon cœur qui bat à deux cent à l'heure. Je pense à tout, terroristes, voleurs, un meuble basculé sur les jambes de ma soeur, kidnappeurs, ...
Tout, sauf à ça.
Il est à terre. Les dégâts engendrés sautent aux yeux. Allongé sur son flanc, il a arrêté de respirer.
Mon chat, ma raison de vivre, mon Little Neko.
Il ne peut pas me laisser, je l'aime bien trop pour cela. Il m'aimais aussi.
Je me surprends à prier un éventuel Dieu de lui laisser l'accès au paradis.
Mais je divague très vite, devient folle, perd mon sang froid. Puisque je cri. Un cri bien à moi cette fois ci, un cri de désespoir de haine. Je hurle. J'en ai marre. Il n'a pas pu mourir, pas lui !
Gueuler.
Je rugis que ce monde est pourri, je gueule que la Terre n'est qu'une salope.
Crier.
Qu'il y a des personnes qui ne devraient pas mourir, elles ne l'ont pas méritées.
Hurler.
Et à côté de ça il n'y a moi, qui n'a rien foutu de ma vie, qui n'a pas illuminé celle d'autrui, qui n'a aidé personne ; qui ne mérite pas de vivre si des personnes comme Lou et Little Neko décède. Alors je hurle, me déchire le corde vocales, je veux me faire entendre.
Ma mère me saute dessus, me claque, me traite de folle mentale.

J'aimerais bien en être une d'ailleurs,
Comme ça j'aurais une excuse à être une bitch.

Apprentie à la vie { en pause }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant