~Chapitre 5

39 4 3
                                    



Partir de cette prison ne fu pas trop ardu pour moi, ni pour ma nouvelle amie d'ailleurs, vu que celle ci a fini les cours. Cette petite cachotière parlait de moi quand elle utilisait le verbe "sécher", mais sa grand mère qui était là à l'attendre ( au lycée, sa grand mère vient quand même la chercher en voiture ...! ), a bien insisté au surveillant : "Si, si elle est dans la classe de ma fille, si c'est moi qui viens la chercher, ses parents n'ont pas appelé ? Ah bon ? Mais si pourtant je leur avait dit que si ! Si c'est pas bizarre ça mais si c'est l'amie de ma fille que j'ai invité, si si si... ". Drôle de technique d'intimidation, mais la grand mère, elle a géré ! Ou pas, parce que laisser partir sa fille avec une inconnue, c'est pas au top du top. La vieille arabe, origines d'Iphi, a un visage drôlement beau, et respectable. On lis dans ses yeux la dureté de la vie, le courage, et l'amour de sa petite fille.

Mais le résultat est, qu'elle a autorisé sa choupette à aller au parc avec moi. Sur le chemin, le blanc et la génance de la conversation ne manquent pas de me rappeler que nous sommes amies depuis seulement une heure. Nous nous dirigeons vers le parc. La route est remplie de défections animales (soyons scientifiques) et de mégots de cigarettes. Je marche dans un chewing-gum baveux, qui reste ancré à ma chaussure pendant tout le trajet. Des voitures aux conducteurs inexpressifs défilent encore et encore, pendant que nous marchons lentement, semblables à des tortues.

Lorsque nous arrivons enfin au parc, le « spectacle » est assez décevant. Les arbres sont mal taillés et perdent leurs feuilles, les fleurs sont fanées ou piétinées,  et l'aire de jeu ressemble à une mauvaise reproduction d'un tableau de Picasso. Si j'étais mère (pitié faites que cela n'arrive jamais), je ne laisserais pas mes enfants monter dans un truc pareil. Quoique... Il ne renvoie pas l'image que j'en avait il y a quelques jours, mais la situation a changé, comme mon regard sur le monde.
Il n'y a un qu'un seul banc pour nous poser, et quand je m'assoie, des échardes me piquent les fesses. Malgré tout, je lance un grand sourire à Iphigénie, espérant lui remonter le moral.

"Qu'est-ce que je fous ici, avec elle d'abord !?" "Ce que tu fou, c'est une bonne action ma belle, me chuchote l'autre voix dans ma tête, tu l'a réconforte" "'Ce n'est pas par devoir que je fais ça, non ...? C'est parce que je l'apprécie, non ...?"

Après ce débat interminable et philosophique, j'adresse un regard à mon amie. Cette dernière semble toute aussi perdue dans ses pensées que moi, mais je tente un petit ...:
-C'est quoi ton lien avec Peter ?
Elle s'assoit avant de plonger son regard dans le mien, perplexe.
-Bah, on est pote.
-Oui bon ... Et ?
-Bah je sais pas moi, et au pire on s'en fiche non ? Il est en train de se passer des choses graves, on a pas le temps pour ça.

Je sais que je ne suis pas vraiment émotionnelle, mais là il me semble qu'elle abuse un peu dans ses propos.

-Tu peux préciser ...? Suggérais-je de ma petite voix curieuse.
-Une personne, de notre âge, qui aurait pu être nous, repris t-elle, vient de quitter ce monde. La vie en général. Elle n'a sans doute pas eu le temps de dire au revoir à ses proches, elle est morte, "par surprise" un petit peu ... Je ne sais pas comment expliquer, et la majorité des gens meurent "par surprise" mais c'est tellement horrible... Imagine une seconde, que là, à l'instant, je te flinguait, est-ce que tu pourrais partir sereinement et sans regrets ?

Moi qui n'avait vu dans la mort qu'un simple mot, Iphi me prends de court. Si je devait crever, là maintenant ... Non j'ai encore une vie à vivre, des années devant moi, peut être une histoire d'amour, et, il y a des gens qui m'aiment. Maman, Amber, Peter, Iphi, et puis pourquoi pas mon chat, Little Neko, je ne pourrai partir sans leur dire un au revoir. Cette question est déroutante. Comme le fais de découvrir à quel point je veux continuer à vivre.

Devant nous s'écoule un canal, le parc en est scindé en deux, et contient toute sortes de passerelles, des romantiques, des style plus anciens, des en pierres, et des de différentes tailles. L'idée de venir ici est venue de moi, c'est endroit a bercé mon enfance, et le clapotis de l'eau à pour don de vite me réconforter. J'ai donc vite émis l'idée, dans ma tête, que l'effet magique fonctionnerait aussi sur mon amie.  Mais aujourd'hui, face à la mort, l'effet ne semble pas se présenter à moi. Tandis qu'Iphie a gagné en assurance, je culpabilise de toutes ces âneries, dites ou pensées, envers Lou. Repose en paix mon amie.

-Tu sais, murmures t-elle, Lou, cette inconnue pour moi aussi, j'ai rêvé d'elle.
Je la dévisage, inquiète de cette révélation, cela n'arrive t'il pas que dans les livres ?
-Elle me fixai, et j'ai eu l'impression, cette nuit, qu'elle me demandait de prendre soin de Peter. Mais j'ai peur, peur d'en être incapable.

Je me suis alors mise à faire de grands gestes, et je me suis allongée sur le gazon. Mais mains montraient le ciel, puis le soleil, puis nous. Ma bouche se taisait, mes yeux pleuraient, et Iphi aussi. J'ai alors pensé à Peter, ce gamin badboy, victime de la mort de Lou. Amber aussi est une victime. Puis moi et Iphi, victimes de la réalité.

20h

-8 appels manqués-
Affiche mon portable, oublié à la maison ce matin.

Amber,
Amber,
Amber,
Amber,
Amber,
Amber,
Amber,
Amber.

De la culpabilité, encore et encore, s'est rajoutée, en plus de celle de ce moment fort en émotion, qui nous a lié Iphi et moi. Je ne manque pas une seconde pour la rappeler, et elle pour décrocher.
-Salut, balbutie t-elle.
-Salut.
-T'arrives à survivre au lycée sans moi ? Elle tente un petit rire, mais je ne suis pas aveugle, le coeur n'y ai pas.
-J'me demerdes, tu m'connais. Et toi ?
-Moi ...? Articule t-elle.
-T'arrives à survivre sans Lou ?
-Toujours debout.

Ma question, que je redoutait maladroite au début, semble être passée. Mais mon amie change vite de sujet, et ne manque pas de me faire quelque peu sursauter, puisqu'elle me propose une petite virée au centre ville de la Ferté Saint Aubin demain après les cours. C'est vrai que ce ne serai peut être pas la première idée qui se serai fait une place dans ma petite tête. Mais, c'est tentant, je lui réponds positivement.

Devant le miroir, le maquillage éparpillé sur la table, j'observe avec subtilité le désastre.   Moi qui avait prévu ce matin de me maquiller pour aller au lycée, en entraînement pour ce soir, c'est désolant. Encore une fois, je vais faire une comparaison à la grande littérature. Mais la situation m'y oblige. Dans la littérature on opte dans des moments comme celui la, pour des descriptions de type "éclat de jais ou de soleil, éblouissement d'un jour". Dans la real life, il n'y a que deux types de différents maquillages : pute ou raté. Vous me direz de ne pas voir la vie en blanc ou en noir, de me concentrer sur les nuances ... Mais je ne suis pas poétesse moi, je suis une ado qui ne croit que ce que je voit. Et je vois des putes, et là dans le miroir, une raté. Une raté à la purée.

Apprentie à la vie { en pause }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant