Les séquelles du thé glacé

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-Oikawa-san, qu'est-ce qu'on a fait !? s'écria Kindaichi tout paniqué, en contemplant avec horreur Kageyama à terre.

-Tobio ? Tobio ! s'affola Oikawa. Kindaichi, idiot ! Quelle dose tu as mis dans son verre !?

-Mais j'ai tout mis !

-Qu'est ce qui se passe ? intervint un serveur. Qu'est ce qu'il a, j'appelle les secours ?

Oikawa et Kindaichi échangèrent un regard rapide, puis l'aîné se composa un visage plus décontracté et assura avec des gestes rassurants :

-Ça va, ca va, c'est juste qu'il ne tient pas l'alcool.

-C'est du thé glacé dans son verre, fit remarquer le serveur.

-Oui, bah il ne le tient pas non plus. Kindaichi, aide-moi à le porter.

Ils remirent Tobio debout avec peine, qui n'avait pas l'air très conscient. Posant ses bras sur leurs épaules, ils le traînèrent hors du bar.

-Qu'est ce qu'on fait ? Qu'est ce qu'on fait ? pleurnichait Kindaichi.

-Tu habites près d'ici, non ?

-Non, pas du tout ! Je suis venu en bus !

Oikawa réfléchit le plus vite possible. Ils ne pouvaient pas errer dans les rues comme ça, Kindaichi était en état de choc, il fallait trouver quelque part où aller. Mais l'hôpital... Ils l'accuseraient d'avoir mis quelque chose de suspect dans son verre, et à la fois Kindaichi et lui seraient compromis.

-On va chez moi, décida-t-il. Je n'habite pas très loin. Tiens-le bien.

Idiot, idiot que je suis, se désespéra-t-il. Iwa-chan va me tuer. Tobio était complètement achevé, sa tête basculait dans le vide, ses pieds traînaient au sol. Oikawa resserra sa prise sur lui, et la vue de sa maison qui se profilait à l'horizon lui apporta un peu de réconfort.

-Tooru, c'est toi ? appela la voix de sa mère quand il rentra.

-Oui, oui, je suis avec des amis ! On va dans ma chambre !

-Bonjour ! répondit Kindaichi, malgré sa pâleur maladive.

-Vite, elle ne nous a pas vus, souffla Oikawa. Ma chambre est par là.

Après avoir posé Tobio sur le lit, avec une délicatesse toute relative, Oikawa et Kindaichi s'assirent à ses côtés.

-Je suis désolé, Oikawa-san, s'excusa Kindaichi. J'ai profité d'un moment où il ne regardait pas, et du coup je n'ai pas su dosé...

-C'est rien, enfin j'espère, répondit Oikawa. De toute façon, c'est fait. Tu as entendu ? Il a dit qu'il m'admirait !

-Il n'y avait que toi pour ne pas le voir.

-Ah ?

Ils reportèrent leurs regards sur Kageyama, complètement inerte. Oikawa le secoua un peu par l'épaule, mais n'observa aucune réaction.

-Il est mort ? demanda Kindaichi qui semblait avoir atteint le bout de son existence.

-Je ne crois pas.

-Il a l'air mort !

-Kindaichi, déclara Oikawa en le saisissant par les épaules. Ça va aller, il va juste dormir une douzaine d'heures. Tu ferais mieux de rentrer chez toi, mais s'il te plaît, ne dis rien à Kunimi ni Iwa-chan. Ne dis rien à personne, en fait.

-Je rentre ? demanda Kindaichi en reniflant. Tu es sûr, Oikawa-san ? Ça va aller ?

-Mais oui. Ne t'inquiète pas. Merci pour tout.

Kindaichi s'en alla, encore bien secoué, et Oikawa demeura seul avec Tobio, à méditer sur les extrémités qu'il avait atteintes. Pourquoi avait-il été aussi loin, pour une stupide petite histoire à laquelle il n'appartenait même pas ? Oui, il était possessif, et sûrement un peu trop égocentrique pour ne pas se sentir concerné par Kageyama et Ushiwaka.

C'est à ce moment que sa réflexion fut interrompue par un son cristallin. D'une poche du jean de Tobio dépassait son téléphone, autrement dit, l'accès à toute la vérité. La mâchoire d'Oikawa se décrocha. C'était l'occasion parfaite. Il retira doucement le téléphone, se trouva prêt à éclater de joie en voyant qu'il n'y avait pas de code, et se retrouva seul face à toutes les données personnelles de Kageyama.

Hinata venait de lui envoyer un message « Alors, comment s'est passée l'entrevue avec la tête de poireau ??? », mais Oikawa ne répondit pas. A la place, il trouva rapidement le contact d'Ushijima, et sans ressentir une once de culpabilité de fouiller ainsi dans le téléphone de Tobio, ouvrit la discussion.

Elle n'était pas tellement nourrie, tout compte fait, et alternait entre rendez-vous pour prendre le train, conseils et informations de volley, le seul message notable était celui de Kageyama à Ushijima « Je crois qu'Oikawa-san a tout découvert », auquel Ushijima avait juste répondu « Il a pris mon téléphone. Mais il n'a pas vu. »

Mais je vais découvrir, Ushiwaka-chan, chantonna mentalement Oikawa, et, fermant l'application des messages, il s'empressa d'ouvrir celle où il découvrirait la signification de SAO.

-Alors, Tobio-chan, tes groupes...

Karasuno club de volley, vit-il, et il se souvint qu'ils n'en avaient jamais créé pour le club de volley de Kitagawa Daiichi. Et il vit le fameux SAO. Il posa son doigt sur l'écran, presque avec hésitation, et attendit que la page s'affiche. En description, trois mots, qui explicitaient l'acronyme.

Société des Admirateurs d'Oikawa.

Oikawa Tooru n'est pas un g̵̶̶̵é̵̶̶̵n̵̶̶̵i̵̶e Ushikage shipperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant