Conseil de guerre

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-Iwa-chan, ça fait mal...

-Je n'entends rien.

Iwaizumi traînait littéralement Oikawa dans les couloirs du lycée, en direction de la salle de club. Ses mains empoignaient fermement ses épaules, de sorte que le capitaine ne puisse s'en échapper –mais Oikawa, à part geindre, ne semblait pas très combatif.

Iwaizumi ouvrit d'un coup de pied la porte de la salle de club du volley, jeta littéralement Oikawa à terre et verrouilla la porte. Toute l'équipe était réunie dans la salle confinée, et la chaleur y était étouffante.

-Bon. Oikawa, déclara Iwaizumi en croisant les bras. On a décidé, avec l'équipe, qu'il fallait te dire deux mots.

Oikawa se redressa, jeta un regard perdu à son équipe –Hanamaki et Mattsukawa qui parlaient à voix basse en lui lançant un regard moqueur, Kindaichi et Kunimi assis côte à côte, Chien Fou recroquevillé dans un coin qui le regardait avec hostilité.

-Allez-y, votre magnifique et généreux capitaine vous écoute.

Il fit un sourire éclatant, mais l'expression d'Iwaizumi ne s'adoucit pas pour autant.

-Voilà, ça fait quelques semaines maintenant que ça dure, et que ça empire. Ton vocabulaire s'est réduit autour de deux mots, qui sont « Tobio » et « Ushiwaka ». Tu ne parles que d'eux, tout le temps, sans arrêt, et voilà, on trouve que ce n'est plus possible. C'est super malsain.

-Mais..., répondit piteusement Oikawa, tu ne comprends pas ! C'est notre cadet ! C'est notre ennemi !

-Ce n'est plus ton cadet, fit remarquer Hanamaki. Et Ushiwaka, ça ne nous concerne pas. Nous, celui qu'on n'aime pas, c'est le type aux cheveux rouges de Shiratorizawa.

-Certes, Ushiwaka est aussi quelque peu... énervant, tempéra Iwaizumi. Mais tu fais une vraie fixette sur lui.

-C'est lui qui est obsédé par moi ! piailla Oikawa. Combien ne m'a-t-il pas dit « viens à Shiratorizawa, tu aurais dû venir » ?

-Tu plaisantes ? Ce n'est pas toi qui es allé le chercher à Shiratorizawa l'autre jour ?

-J'avais besoin de renseignements. D'ailleurs ! s'écria-t-il, saisissant l'occasion de déléguer le blâme et désignant d'un doigt Kindaichi. Tu parles aussi souvent de Tobio que moi ! Goshiki m'a tout dit !

Kindaichi sursauta, Kunimi pouffa de rire dans sa main.

-Il est juste perturbé par Kageyama, répondit Kunimi avec un petit sourire narquois.

-Est-ce quelqu'un dans cette pièce n'est pas perturbé/intéressé par Kageyama Tobio ? demanda Hanamaki.

Le libéro et Chien Fou levèrent la main. Mattsun leva un doigt. Ce fut tout.

-Je suggère de le capturer, grogna Chien Fou. Et vous réglez vos comptes avec lui ici.

-J'adoooore ! s'exclama Oikawa.

-NON, trancha Iwaizumi. Kindaichi, tu n'as encore pu parler. Qu'est ce que c'est que cette histoire ?

-Je... Je ne sais pas ! J'ai juste parlé un peu de Kageyama !

-Tu en parles tout le temps, soupira Kunimi. « Est-ce qu'il nous pardonnerait ? Est-ce que je devrais lui reparler ? Est-ce qu'il est plus heureux avec Karasuno ? Est-ce qu'il a oublié l'époque où on était amis ? »

-C'est pas vrai ! s'écria Kindaichi en devenant rouge comme une cerise. Enfin... un peu seulement...

-J'ai une idée ! déclara subitement Oikawa, et il écarta les bras pour faire silence autour de lui. Kindaichi, tu vas envoyer un message à Tobio, et lui donner rendez-vous.

-J'suis pas amoureux de lui ! paniqua Kindaichi.

-Attends que j'aie fini de parler. Tu lui donnes rendez-vous quelque part, pour essayer de vous reparler, devenir amis ou tout ce que vous voulez. Tobio sera sûrement très heureux de cette réconciliation, et se confiera à toi sans limites. Et là, tu pourras faire la lumière sur cette affaire avec Ushijima ! Il faut juste y aller avec tact.

-Tact ? répéta Mattsun en lorgnant Kindaichi avec perplexité.

-Tact ? répéta Kunimi qu'on n'avait jamais vu aussi amusé.

-Tu pourrais faire ça, Kindaichi ? interrogea Iwaizumi avec suspicion.

Comme Iwaizumi, senpai suprême, s'adressait à lui, Kindaichi devint si possible encore plus rouge et plaqua ses mains le long du corps en articulant, fou d'enthousiasme :

-Oui ! Je pourrais !

Une vue qui rappelait quelque peu Goshiki, songea Oikawa.

-Très bien, déclara-t-il. Kindaichi, donne-moi ton téléphone. Je vais moi-même envoyer ce message. Pendant votre entrevue, je serai juste à côté.

-Tu vas te faire griller en deux secondes, soupira Iwaizumi.

-Moi ? Le roi du camouflage ? Laisse-moi rire ! Je passerai inaperçu et j'aurai toutes les infos que je veux. Kindaichi, tu feras semblant de ne pas me voir. Il n'y a pas de raisons que Tobio se retourne.

Iwaizumi poussa un profond soupir et jeta un regard consterné à Mattsukawa et Hanamaki.

-Fais ce que tu veux, dit-il en sortant de la salle de club.

Ce qu'il n'aurait jamais dû dire, au vu du grand sourire d'Oikawa. Aussi, quand il ne resta plus que Kindaichi et lui dans la salle, Oikawa annonça :

-Changement de programme, Kindaichi. J'ai une meilleure idée.

Oikawa, en effet, avait davantage apprécié les projets de Chien Fou.

Oikawa Tooru n'est pas un g̵̶̶̵é̵̶̶̵n̵̶̶̵i̵̶e Ushikage shipperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant