Chapitre 2: This is my love

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(Ceci est mon amour)

J'étais en chemin vers le théâtre lorsque j'aperçus​ mon père au loin accompagné par certains de ses collègues. Ils ne devaient pas me voir. Je me cachais au coin d'une rue derrière un mur." Je ne suis pas suspecte du tout " me dis-je... Par contre je devais très vite faire un choix, rentrer ou continuer mon chemin en prenant le risque que l'on me reconnaisse. Je décidais finalement de rentrer et advienne ce qu'il pourra. De tout manière j'avais été folle de vouloir rejoindre Jhin. Je fis donc marche arrière le cœur serré, apeuré par le fait que l'on m'ait vu et par le fait que l'homme masqué pourrait venir me chercher d'un moment a l'autre. En arrivant dans ma chambre je jetais un coup d'oeil au mot qu'il m'avait laissé, il n'y avait aucune date d'inscrite. Je me résolu a le brûler en le jetant dans la cheminé afin de ne laisser aucune trace. Je vérifiais chaque recoins de la pièce, bien qu'elle ne soit pas immense, pour m'assurer qu'il n'était pas présent. Minutieusement j'inspectais la fenêtre en faisant attention qu'on ne puisse pas l'ouvrir et je tirais mes rideaux afin que l'on ne remarque pas ma présence. Après toutes les vérifications nécessaires je décidais de m'enfermer chez moi. Je descendais au rez-de-chaussé pour m'assurer d'avoir bien fermer la porte puis je la fermais a double tour. Chose que j'aurais du faire dès le départ car elle était mal fermée. Je remontais dans ma chambre et m'y enfermais également. Je devenais paranoïaque, pas étonnant avec un tueur a ses trousses. Je me posais dans mon lit et fermais les yeux pour ce qu'il me parut être un court instant.

~

Un pas après l'autre je me dirigeais vers le théâtre "quelle idée de donner rendez-vous sur le lieu du crime que l'on a commis" me dis-je. Je rentrai dans la salle en me rappelant de chaque détails du meurtre et de l'expression des victimes. Une nausée me prit mais je m'empêchais de vomir une main posée sur ma bouche et l'autre sur mon ventre. Je detournais mon regard vers Jhin qui répétait ce qu'il me semblait être Cyrano de Bergerac seul, debout au milieu de la scène:

"Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le coeur,
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!"

Il semblait si seul et pourtant si amoureux, il était comme une créature, un monstre, qui n'avait point le droit de connaître l'amour, comme Cyrano, un être laid qui ne le connaîtrait jamais. Soudain Jhin remarqua ma présence, il s'avança d'un pas décidé vers moi et lorsqu'il fut a ma hauteur il me contempla. Il avança sa main vers ma joue qu'il caressa délicatement avant de m'asséner un coup fatal dans la tempe.

~

Je me réveillais en sursaut entendant des bruits de pas montant les escaliers. En sueur, je m'armais de mon chandelier prête à frapper quiconque passerait cette porte.

-Amara? Tu es a la maison?

Soulagée je reposais le chandelier en acquiesçant. Ce n'étais que mon père qui venait de rentrer. J'étais vraiment à cran. Trop à cran. Et je ne pensais plus qu'à lui. En dirigeant mon regard vers la fenêtre je vis le jour décroître. J'avais énormément dormi. Une autre chose attira mon attention, un papier posé sur ma table de chevet. Je le fixais avec insistance et d'une main tremblante je le saisis:

"Chère Amara,

Ne veux-tu pas venir? Ne veux-tu pas te débarrasser de toutes culpabilités? Veux-tu que la police te trouve et te condamne? Anyway little darling (bref petite chérie), je te l'ai dis si tu ne viens pas a moi je viendrais te chercher de force. Tu vois bien que je peux facilement m'introduire chez toi et crois me je ne le ferais pas gentillement. Je t'attends toujours. Tonight it is your last chance. (Ce soir est ta dernière chance)

~Jhin"

Mes jambes se mirent a trembler elles aussi. Bientôt l'équilibre me lâcha et je dus m'asseoir sur mon lit. Qu'allais-je faire désormais? L'attendre ? Faire en sorte que cela ressemble a un enlèvement? "Je ne le ferais pas gentillement". La boule au ventre que j'avais devenait de plus en plus oppressante. J'étais apeurée et j'étais presque certaine qu'il le savait et qu'il en prenait du plaisir actuellement. Je ne pouvais pas en parler a mon père. Il me poserait tout un tas de questions, me ferait passer des interrogatoires, la garde me suspecterait sûrement et l'on me torturerait jusqu'à ce que j'avoue quelque chose que je n'avais pas commis. Je connaissais leurs méthodes barbares mais jusqu'à présent je n'y avait jamais prêté attention. Avec un peu de chance si je n'allais pas à sa rencontre il se ferait attraper par la garde. Je décidais donc d'ouvrir ma porte mais également d'ouvrir ma fenêtre. Ainsi si il venait je pourrais crier et l'on m'entendrait. Je me mettais au lit une nouvelle fois mais je n'allais pas dormir juste faire semblant, j'allais jouer a son jeu en espérant le piéger.

Je restais éveillée de bonnes heures. Jusqu'à ce qu'un bruit de grincement se fasse entendre. Je me relevais et reconnu sa silhouette. Il semblait me fixer avec incompréhension. Il avait compris que j'étais sur le point de crier et c'est ce que je fis. Je criais de toutes mes forces pour réveiller mon père. Jhin tenta de se jetter sur la porte mais mon père était arrivé a rentrer dans la pièce a temps. Il tenait son arme de garde à la main. Quant à l'homme masqué, il pointait son arme vers lui. Tout doucement il avançait vers moi chose que ni mon père ni moi n'avions remarqué jusqu'à ce que son arme se dépose contre ma tête. Je remarquais que mon père tremblait a n'en plus pouvoir, j'étais plus inquiète pour lui que pour moi. Jhin vit la peur a travers ses yeux.

-Un pas et je la tue.

Mon père déposa l'arme en espérant négocier avec le tueur. Mais ce fut trop tard. Un coup retentit. Puis deux. Puis trois. Puis quatre. Je m'ecroulais au sol tétanisée par ce qu'il venait de se passer. Il venait de tuer mon père. Sans aucune hésitation, sans pitié, sans remords. Je pleurai. Versant des torrents de larmes. Jhin me souleva dans ses bras et quitta la maison sans se soucier de ce qu'il venait d'arriver.

-J'avais prévenu que je ne serais point gentil.

Je continuais de me morfondre a l'idée d'avoir perdu le seul être qui m'étais cher, la seule famille qu'il me restait. Cela ne touchait point le meurtrier. Tout semblait rationnel pour lui, mais tout en marchant il reprit:

-Tu croyais me piéger mais tuer ton père était mon but depuis le départ. Je devais tuer le chef de garde.

Une once de remords se fit entendre dans sa voix rauque. Elle ne m'apaisa point je me demandais pourquoi il a fallut qu'il fasse un métier si dangereux. Certes il a sauvé énormément de vies mais au final il a perdu la sienne. Mes larmes reprirent de plus belle après cette réflexion. De plus je ne savais pas où Jhin m'emmenait mais je savais qu'il ne devait pas me tuer. Il avait besoin de moi. Mais pourquoi?

~

Nous passions calmement à travers la ville. "La garde n'était-elle pas censé être là?" Nous arrivions a la frontière avec les montagnes. Là où se trouvait la duchesse Karma. Une garde que je ne connaissais pas était disposée tout autour de la villa. La garde nous laissa passer sans problème. Un homme a l'apparence repoussante se trouvais a l'entrée:

-Le coup d'État a fonctionné, nous contrôlons enfin ce pays. Merci de nous avoir servi et de nous avoir ramener la fille, Jhin. Mais pour que le pays nous accepte et nous aimes, un acte héroïque doit être accompli n'est-ce pas? C'est pourquoi j'ordonne votre mort.

Toute la garde pénétra dans le hall bloquant ainsi chaque sorties possibles. Jhin ne me lâchait pas. Je continuais de pleurer ne comprenant pas ce qui allait arriver. Toutes les armes se dirigèrent vers Jhin qui venait de comprendre qu'il s'était fait piéger par l'homme qu'il servait. Je voulais sa mort, oui, mais pas de cette façon, pas maintenant. Les détonations se firent entendre. Jhin s'écroula sur le sol et moi avec.

The Masked KillerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant