Chapitre 15

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QUELQUES HEURES PLUS TÔT...


LIAM

Le jeune homme venait de sortir de son cours collectif. Les mains agrippées à un crayon rouge, une chanson plein la tête. Il sifflotait joyeusement, arpentant les allées. Ses cheveux étaient légèrement ébouriffé par la brise automnale, et ses lèvres formaient un sourire si charismatique qu'il avait eu droit à quelques sourires aguicheurs. Il n'en avait que faire, évidemment. Aujourd'hui, Malia avait réussi à jouer, et Liam s'en réjouissait. Il adorait la voir en face d'un piano, les sourcils froncés. Elle lui livrait une partie de son âme, de sa personnalité dès qu'elle posait les doigts sur les touches nacrées d'un piano. Elle avait tellement de talent, et ne semblait pas s'en rendre compte. Elle avait comme une sorte de sensibilité qui ébranlait Liam dans tout son être. Quand elle jouait, il était comme déconnecté du monde, dans une bulle. Son cœur battait si vite... Il réprima ses sentiments, et se mit à penser à son examen de Noel. Il avait envie d'interpréter "Waldstein Sonata" de Beethoven, mais il devait encore demander à cette andouille de Julian Muller, son professeur. Celui-ci passait son temps à faire jouer Liam, et puis de s'extasier sur son style. De temps en temps, il le corrigeait, mais sinon, il interprétait les erreurs du jeune homme comme des "erreurs de stress", comme il disait si souvent. Après un mois de ce régime, Liam n'en pouvait plus et pensait sérieusement à demander à l'administration de l'école de changer de prof. Mais il bossait toujours autant. Il avait réussi à obtenir par Muller une clé pour une pièce personnelle, dans le même couloir que celle que McThorn avait mis à la disposition de Malia. Malheureusement, elle n'y venait jamais. Liam traversa la pelouse, et il entendit soudain des cris de rage.

-Mais hier tu as dit que...

-J'AI CHANGE D'AVIS! LAISSE MOI TRANQUILLE, PETITE IDIOTE!

-S'il te plait, Adrian!

Liam réprima un frisson d'horreur. Il avait reconnu la voix de Louisa.

-DÉGAGE, SALE TRAÎNÉE! JE VEUX PLUS TE VOIR!

Un homme assez jeune entra dans le champ de vision de Liam. Il devait avoir 25 ans, et ses cheveux noirs étaient ébouriffés. Ses yeux brun sombre lançaient des éclairs, et son bras était couvert d'un tatouage.

-Qu'est ce que tu veux, toi ?

Sa voix grave et menaçante n'impressionna pas Liam, il en avait vu d'autres. Il l'ignora, et se dirigea vers Louisa. L'autre disparut en un clin d'œil.

-Louisa? Tu pourrais m'expliquer ce qui vient de ce passer?

-Non. Laisse moi, Liam.

La rousse avait les yeux rougis, et ses joues striées de larmes perturbèrent Liam. Louisa était une fille si pétillante et joyeuse en temps normal!

-Explique moi en deux mots? proposa Liam en posant une main sur son épaule.

Elle concéda.

-Il joue avec moi, c'est tout.

Liam sentait qu'elle ne disait pas tout, mais il n'était pas assez indiscret pour enfoncer le couteau dans la plaie, surtout qu'il n'était pas vraiment son "ami" à proprement parler.

-Mais... Ne dit rien à Malia, d'accord? Elle s'inquiéterait pour rien...

Liam hésita. Malia était plus importante à ses yeux, mais il acquiesça cependant, pour ne pas créer de nouvelles disputes entre les deux filles. Les deux pianistes se quittèrent sans un mot, chacun reprenant le cours de sa vie.

Liam décida d'aller se préparer un dîner, et de rester dans sa salle pour s'entraîner. Il voulait réussir cet examen. Il voulait aussi gagner le concours pour l'école de danse, avec Malia. D'après ce qu'il avait entendu dire, une fille et un garçon seraient sélectionnés pour un morceau à quatre mains. Il y'avait pensé hier dans son lit. Il voulait gagner avec cette fille. Elle le méritait. Quand à lui... Il devait réussir ce concours, pour des raisons parentales. Juilliard, c'était son rêve à lui, pas celui de ses parents. Non.Eux, ils le voyaient plus en avocat. Ils avaient toujours respecté ses choix, mais il sentait qu'au moindre faux pas dans cette carrière pianistique le conduirait tout droit dans une école plus que barbante, ou il resterait coincé dans l'ennui jusqu'à la fin de ses jours. Liam réprima un frisson d'horreur et se prépara des sandwiches à la hâte. Il fila de son appartement, et traversa la pelouse, son classeur vert pomme dans la main. Quand il poussa la porte de la petite salle, il poussa un soupir de contentement. Enfin seul! se dit-il.

My life in musicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant