Disclaimers : je ne remercie pas M. Aramaki pour la concrétisation de l'évolution inéluctable de l'univers de M. Matsumoto.
Notes de l'auteur : one-shot dans la lignée de « La liberté ». Le film, donc.
Ou pourquoi le 3D restera toujours pour moi complètement inexploitable en fanfic.Chronologie : avant, pendant et jusqu'à la fin.
Philosophie : le capitaine n'existe pas.
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Il était mort au moment même où le générateur de matière noire libéra toute sa puissance.
Il ne pouvait en être autrement, songea-t-il. Cela ne pouvait que se terminer ainsi. Il cria sa rage tandis qu'il dirigeait son vaisseau en perdition vers la surface de la Terre, tandis qu'il plongeait dans les volutes tourbillonnantes, tandis que le nuage sombre l'entourait.
Il cria alors que les vapeurs irisées s'insinuaient dans la passerelle, contre toute logique, se jouant des parois blindées et des cloisons étanches.
Il cria lorsque de longs serpents immatériels s'enroulèrent autour de lui, le frôlèrent en une interminable caresse, poursuivirent par des morsures. Le corps transpercé de milliers d'aiguilles glacées, il plongea dans un abîme de souffrance.
Puis sa réalité s'estompa.— Harlock...
Seule demeura l'obscurité, mouvante et menaçante.
Irréelle.— Mimay ? Où sommes-nous ? Où est le reste de l'équipage ?
La dernière question était bien vaine, il en était conscient. Il avait lui-même scellé le sort de l'Arcadia lorsqu'il s'était retourné contre le reste de la flotte, et si le vaisseau avait tant bien que mal résisté aux canons, l'abordage qui s'était ensuivi avait eu raison de ses hommes.
Restait la première question.— Où sommes-nous ?
Mais Mimay avait disparu.
— Mimay ? Mimay !
Il était mort lorsqu'il erra dans cet univers étrange, sans contours, sans haut ni bas, sans sol ni ciel. Il flotta une éternité dans une mélasse visqueuse, rampa pour échapper à des tentacules dépourvus d'origine, il marcha sur des nuages toxiques, le long de précipices insondables, au sommet des plus hautes montagnes et au fond des gouffres les plus profonds. Il affronta des tempêtes de poussières abrasives et des pluies incandescentes, il croisa le feu, la glace, les souvenirs du passé et les visages disparus.
Il ne cessa jamais d'entendre les chuchotements.— Que choisis-tu ?
Le vent soufflait et soufflait encore, sifflait à ses oreilles et répétait toujours les mêmes mots.
— Que choisis-tu ? Renonce, renonce, l'Arcadia n'est plus.
Il s'entêta.
— L'Arcadia m'appartient ! Et je ne renoncerai jamais !
Il était mort lorsque l'ex-fleuron de la flotte de Gaïa émergea de la Terre dévastée, détruit et recomposé. Il avait changé. L'Arcadia avait changé. Façonné par la matière noire, le vaisseau se révéla étonnamment... autonome. Organique. Vivant.
Il prit la barre et il effectua le premier vol du reste de sa vie en complète symbiose avec son vaisseau.
Il comprit plus tard à quel point le terme de « symbiose » était juste, à quel point il était lié à l'Arcadia. Le vaisseau était devenu une part de lui. Ou était-ce plutôt lui qui était devenu une part du vaisseau ?
Il se souvint de Tochiro, de ses rêves et de son travail acharné pour construire un vaisseau parfait.
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