Hyperexponentielle facteur neuf

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Disclaimers : James M. Cain pour la trame de base. Leiji Matsumoto pour la fin. Star Trek pour le titre.

Notes de l'auteur : résultat d'un défi (un de plus), hommage à la Série Noire et consistant à garder le fil directeur du roman « Le facteur sonne toujours deux fois ». Son scénario et ses protagonistes contraints ont par conséquent impliqué de reléguer le pirate en arrière-plan.

Précision : dark!Harlock marqué (même s'il n'intervient finalement que très peu), dans la lignée de « Sa définition du bonheur ».

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Blanc.
Un flash.
La lumière crue, éblouissante, l'empêchait de distinguer grand-chose de la pièce dans laquelle il avait été traîné. Tout au plus pouvait-il deviner, aux ombres qui se déplaçaient, qu'ils étaient plusieurs autour de lui. Quatre, peut-être cinq. Six au maximum.
Tout était arrivé si vite. On le frappait à coups de poings, à coup de pieds, on lui avait brisé les côtes avec une barre en métal, on s'était acharné jusqu'à ce qu'il n'ait même plus la force de lever les bras pour se protéger.

— Tu vas parler, connard ? hurlait quelqu'un dans son oreille.

Il ne demandait que ça.

                                                  —————

« Au départ, je voulais juste me poser dans un coin tranquille. Je venais de terminer un convoyage dans la Bordure Extérieure.Une mission merdique, dangereuse, et qui avait bien foiré comme il faut. Je n'avais pas eu mon fric, le camion avait morflé, j'avais dû abandonner la cargaison pour sauver ma peau et les types qui m'avaient embauché n'avaient pas apprécié que je revienne leur dire leurs quatre vérités. Bref, 'fallait que je me fasse oublier. »

L'enseigne indiquait « Happy Dragoon ». Au-dessus de la porte, on avait apparemment tenté de représenter une bestiole en rapport avec le nom de l'établissement, mais le résultat tenait davantage du rat mutant psychotique que du lézard souriant. La peinture était défraîchie, la façade taguée, la plupart des vitres avaient été brisées et rafistolées avec des feuilles de flexiverre de récupération. Ce n'était rien de plus qu'un de ces bouis-bouis miteux qui pullulaient dans les bidonvilles jouxtant les astroports, servant de l'alcool frelaté et de la nourriture synthétique noyée dans la graisse.

Rien de particulier ne l'avait attiré ici (et s'il s'était attardé sur le rat aux yeux hallucinés qui accueillait les clients potentiels, il serait même plutôt entré ailleurs), mais ce taudis était le plus proche des docks et il voulait pouvoir retourner à son appareil en moins de deux en cas de problème. On ne savait jamais.

Il s'était assis dans un recoin mal éclairé, face à la porte, et il avait commandé un triple whisky et le plat du jour.
Lorsque la fille lui avait apporté son repas, elle l'avait agrémenté d'un clin d'œil aguicheur.
Il s'était dit que la chance tournait en sa faveur.

« Elle était mignonne, la petite. Je lui ai servi mon baratin habituel, comme quoi j'allais rester quelques jours, que je devais me faire un peu de blé et acheter des pièces pour mon camion, je n'ai pas parlé de mes problèmes parce que ce n'était pas ses oignons, puis je lui ai demandé si elle pouvait me louer une piaule. C'est alors qu'elle m'a parlé du job. »

— Tu veux dire : une sorte de livreur ?
— Plutôt un homme à tout faire, en fait.

Elle haussa les épaules.

— Parfois il y a des clients à livrer, parfois il faut aller charger chez nos fournisseurs, parfois c'est officiel et parfois... moins, lâcha-t-elle d'un ton désinvolte. Le vieux Tom nous a laissé tomber et Nick n'a pas encore trouvé de remplaçant. Tu penses que tu pourrais faire l'affaire ?

2013Où les histoires vivent. Découvrez maintenant