Sur la falaise

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                                                  Considérez l'immortalité

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Disclaimers : au commencement était Leiji. Puis vint le mythe.

Avertissement : raccordement chronologique impossible. Considérez l'immortalité.

Note de l'auteur : oubliez ce texte. Les fantômes n'existent pas.

                                                  —————

En contrebas, les vagues éclataient sur les rochers avec fracas. La grève, noyée de gerbes d'écume, disparaissait dans une mousse blanchâtre. À l'horizon, l'océan s'étendait à l'infini pour rejoindre le ciel. La falaise se dressait face à une uniformité bleue. Derrière elle, un désert de rocaille se fondait dans le néant.

Maetel s'avança sur un surplomb, silhouette minuscule dans cette immensité minérale. Le vent s'accrochait aux fourrures ébènes de son manteau, jouait dans ses longues mèches blondes et lui apportait un air froid et chargé d'embruns. Elle frissonna.

— Les lignes du temps ont bougé, murmura-t-elle à l'azur. Tu pars ?

Dans son dos, quelques cailloux roulèrent. Un pan de tissu claqua sous l'effet des bourrasques irrégulières.

— Oui, lui répondit-on. Toi aussi, il me semble.

Maetel baissa les yeux. Bien sûr.

— Aucun de nous deux ne peut se satisfaire de l'immobilité, soupira-t-elle. C'est ainsi.
— Si cela t'attriste à ce point, qu'attends-tu pour prendre en main ton destin ?
— Tu penses que c'est aussi simple, Harlock ?

Avec peine, elle s'arracha à la contemplation de l'océan vide. Le pirate vêtu de noir lui faisait face. Son regard la transperçait, mais son expression restait de marbre, comme d'habitude. Il y avait longtemps qu'Harlock ne lui avait pas présenté autre chose qu'un masque figé. Son propre visage ne devait pas être bien différent, se rappela-t-elle. En toute occasion désormais, elle affichait inconsciemment une neutralité rigoureuse. Insondable. Dépourvue de toute émotion parasite.

Ses traits se tordirent en une grimace fugace.

— D'autres écrivent notre destin pour nous, jeta-t-elle.

Le pirate haussa les épaules.

— Surtout pour moi, en réalité.
— Oui. Tu es cruel.
— Je préfère dire « lucide ».

Silence.

Maetel se rapprocha du bord de la falaise. Le ressac avait un je ne sais quoi d'hypnotique.

— Ne fais pas de bêtises, lâcha Harlock d'un ton égal.

Il n'avait pas bougé. Un pas, songea-t-elle. Rien qu'un pas. Il était trop loin pour réussir à la rattraper.

— Ça ne t'a jamais traversé l'esprit ? demanda-t-elle.
— Quoi donc ?
— Ne fais pas comme si tu ne comprenais pas.

Elle se força à soutenir le regard d'Harlock.

— Pas une seule fois ? insista-t-elle.

Il se détourna.

— La mort est une défaite, marmonna-t-il.
— Peut-être. Mais dans ce cas, elle ne devrait pas être aussi difficile à atteindre.

Maetel se pencha en avant. Elle se sentit comme aspirée par le vide vertigineux de l'a-pic.

— Que crois-tu qu'il se passera, si je saute ?

2013Où les histoires vivent. Découvrez maintenant