La liberté

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Disclaimers : le pirate à M. Matsumoto. L'amiral aussi, probablement, ainsi que le fauteuil et le vaisseau. En revanche et pour la première fois, le design plutôt à M. Aramaki.

Notes chronologiques : préquelle au film CGI, à la louche cinq à dix ans plus tôt. Avant que l'amiral ne soit amiral, justement.

Digressions philosophiques : le capitaine n'existe pas.

À Yume, pour le prompt.
À Kumfu, pour l'accroche.

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La première fois qu'il s'était retrouvé face à lui, il avait compris qu'il avait eu tort de le sous-estimer. Il faisait partie de ces hommes qui dégageaient un charisme incontesté et que l'on devinait, dès le premier abord, prédestinés à commander. Un chef que l'on suivait sans hésiter, un meneur qui poussait ses troupes à la victoire... ou à la mort, mais qui jamais ne s'abaissait à reculer.

— Ainsi, tu es donc réel.

Il ne prit pas la peine de répondre. L'eût-il voulu, il aurait d'ailleurs été bien en peine de savoir comment se défendre. Cela faisait, tous comptes faits, presque cent ans. Une éternité. Une aberration.
Il eut un sourire amer.
Une aberration.

Il bougea machinalement les épaules à la recherche d'une position plus confortable et reçut en retour un coup de matraque dans les côtes. Il ne broncha pas. Jamais il n'aurait imaginé se retrouver ainsi, à genoux, les mains liées, mais au lieu de se sentir vulnérable il était calme et serein.
Si seulement ils savaient...
Son impassibilité ne plaisait pas à son interlocuteur. Un commandant, au vu de ses galons. Jeune. Sûrement tout juste sorti de l'Académie militaire. Fier de sa prise. Et très énervé de ne pas obtenir la réaction escomptée de son prisonnier.

— Ton temps est terminé, pirate ! cracha l'officier. Désormais, Gaïa ne craindra plus le nom d'Harlock !

Si seulement ils savaient. Harlock ne put retenir un deuxième sourire désabusé. La Coalition pensait-elle vraiment que tout s'arrêterait avec sa capture ?

— Vous n'êtes rien, rétorqua-t-il d'un ton méprisant. Et vous n'avez aucune conscience de ce que vous affrontez.

L'autre serra le poing. Fier et très énervé, en effet.
Harlock redressa la tête, haussa un sourcil amusé. On attendait de lui qu'il se débatte, qu'il insulte, qu'il rende coup pour coup. On s'était préparé à maîtriser un dangereux criminel, combatif, entraîné, indomptable. Sa docilité les mettait mal à l'aise.
Ils l'avaient frappé, il était resté indifférent, et dans les rangs des soldats la peur remplaçait peu à peu l'autosatisfaction virile qui avait suivi sa capture.
Il avait déjà entendu le mot « fantôme » murmuré deux fois.

Harlock sourit à nouveau. Ces crétins ignoraient à quel point ils étaient proches de la vérité.
Seul leur commandant semblait ne faire aucun cas de la légende.

— Tu seras jugé pour tes crimes, reprenait celui-ci. Tu auras un procès équitable, puis tu payeras ta dette à la société comme n'importe qui !

L'officier attendit un instant qu'il réagisse, ce qu'il ne fit pas. À quoi bon ? Tant de naïveté sur « l'équité » de Gaïa en devenait presque risible.
Ce brillant militaire avait-il été mis au courant de tous les méandres politiques de la Coalition ? se demanda Harlock. Avait-il connaissance des intrigues, des pots-de-vin, de la gangrène qui s'était installée au sein du Conseil ?

— Je serai celui qui restaurera la paix dans la galaxie ! poursuivait le commandant, mâchoires crispées. Vous, les pirates, malgré ce que vous prétendez, vous n'êtes qu'une entrave à notre liberté !

2013Où les histoires vivent. Découvrez maintenant