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Le paysage défilait sous nos yeux et passa de la ville à la campagne en un instant. Les charmes de l'un et de l'autre ne sont pas comparables, mais cela fait du bien d'être en dehors de toute cette foule oppressante. La vue qui nous est offerte est magnifique : un énorme lac se dessine au loin et on y voit déjà le reflet du seul nuage visible dans le ciel.
Amber ralentit et tourna sur un petit chemin allant du côté du lac, puis s'arrêta à côté d'une table de picnic. Je la vis éteindre le moteur après avoir mis la béquille, puis enlever son casque et descendre de la moto. Elle déposa son casque sur la table et m'aida à descendre en me prenant par la taille. En touchant le sol, j'avais l'impression de revenir de Mars et de ne plus pouvoir tenir debout. Voyant que j'étais désorientée, Amber enleva mon casque et le posa à côté de celui qu'elle a utilisé.

- C'était comment alors ? me demanda-t-elle tout sourire.

Je lâcha un grand soupir, mêlant soulagement et évacuation de stress.

- C'était cool, vraiment. Mais j'ai eu la peur de ma vie !
- Tu vois, c'était pas si terrible !

En tout cas, j'appréhende déjà le fait que je devrais refaire la même chose pour le chemin du retour. Bon, d'accord, c'était une super expérience, mais quand même. À chaque virage, je fermais les yeux et je me crispais, avant de revenir à la normale.

- Non, c'est vrai, dis-je.
- Bon, j'ai rapporté un peu de bouffe... t'as faim ?
- Je sais pas quelle heure il est, mais j'ai terriblement faim.

Elle sourit et partit vers le coffre de sa moto. Elle en sortit un sachet avec des boîtes en plastique à l'intérieur.

- Bon, je suis un peu nulle en cuisine... mais j'ai pris le temps de le faire ce matin.

Je fus touchée par cette attention.

- Oh, merci... mais tu t'es levée à quelle heure ?
- Ben... pas si tôt que ça... puis je me suis couchée tôt hier.
- Ah... mais tu n'allais pas voir quelqu'un ?
- Si, mais finalement j'ai décliné. Donc je t'ai laissée pour rien. Et puis, on pourrait pas parler d'autre chose que de ce genre de chose aujourd'hui ?
- Oui, désolée.

Elle mit toutes les boites sur la table et les ouvrit une par une. C'est simple, mais ça a l'air vraiment bon. On dirait qu'elle s'est vraiment appliquée.

- Désolée si c'est immangeable... je ne fais pas beaucoup de plats différents quand je suis toute seule chez moi.
- Mais non, et puis moi non plus... je suis vraiment nulle en cuisine.
- Tant mieux alors ! dit elle.

Pendant que nous mangions, il y avait une sorte de tension indéfinissable entre nous. Je n'en connais pas la source mais cela commence à être réellement malaisant. Après avoir mangé, nous nous remettions à parler.

- Ta coloc est vraiment spéciale. C'est cool.
- Cool ? Attends, elle me fait comprendre au quotidien que je fais pitié et elle lance des portables du dernier étage !

Elle éclata de rire.

- Ouais ! Enfin, pas pour comment elle te parle, mais regarde, elle a bien réagi pour la salle de bain. Peut être que tu la juges un peu vite.
- Puis j'ai encore l'image d'elle en train de se faire prendre par derriere.
- Et bien, tant qu'elle s'amusait... c'est le principal !

Je riais. Pourquoi des que je suis avec elle j'ai l'impression de tout le temps rire. J'en ai mal à la mâchoire et ça devient insupportable. Mais ça me fait sourire, et du coup, ça me fait encore plus mal à la mâchoire.

- Le coup du téléphone, dit Amber, j'aurais pas fait mieux. Après, je peux pas dire grand chose puisque c'est moi qui me casse en douce le matin d'habitude, je fais jamais rien de tout ça chez moi.
- Tu avais dit de ne plus en parler !
- Ah merde ! Je voulais pas. Désolée, ça rentrait juste dans la conversation.

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