Le train commence à m'ennuyer, ça sent mauvais, la peinture date d'il y a vingt-cinq ans, les gens me regardent mal et j'ai mal aux fesses à force d'être assise. J'ai vraiment hâte d'arriver à cause de ça, mais tout autant envie que cela dure une éternité puisque j'ai beaucoup trop peur de ce qu'il va se passer ensuite.
Je sortis de mes gonds quand un homme toucha vivement ma cuisse nue. Il s'excusa rapidement et s'en alla, comme s'il ne voulait plus me voir après avoir été rejeté.- Mademoiselle, c'est le terminus.
Je levai les yeux et vis un contrôleur me regarder durement. Je réalisai à ce moment que je venais probablement de m'énerver contre un innocent homme qui voulait simplement que je me pousse, ou qui voulait m'avertir de cette information. Après quelques secondes de béatitude, je me levai en prenant ma valise et, une fois les pieds sur terre -comme si je n'en avais pas déjà eu assez- une roue de ma valise se coinça entre les deux portes du train. Je tirai sur ma valise jusqu'à la débloquer et par la même occasion me propulser à trois mètres du quai. Je jetai un coup d'œil furtif autour de moi, espérant n'avoir attiré aucun regard.
- Mademoiselle !
Je reconnus la voix du contrôleur et me retournai donc. Il avait rouvert les portes et me tendait quelque chose.
- Vous avez oublié votre téléphone portable.
Je regardai autour de moi, constatant que les regards ne me lâchaient pas. Je m'avançais vers lui, l'air d'une innocente, me montrant moi-même du doigt l'air interrogateur pour faire mine de ne pas me sentir concernée. Je pris -d'une manière qui me semblait discrète- mon portable et le remerciai rapidement.
Après une heure de "je me perds, quelqu'un me montre la mauvaise direction, je dois aller chercher ma carte d'identité à la station d'avant puisque je l'y ai oubliée", j'arrive enfin à "mon" terminus -auquel j'aurais dû arriver en 15 minutes. Je souffle de soulagement mais ma manie naturelle à douter revient : suis-je vraiment au bon endroit ? Je passe mon regard de l'écran de mon téléphone affichant la photo de la façade du bâtiment en question au bâtiment me faisant face. Ils sont identiques, mais je décide de reculer pour avoir une vue d'ensemble. Maintenant que je suis sûre d'être au bon endroit, je me décide enfin à rentrer. Je suis au 6ème étage -le dernier- et heureusement, il y a un ascenseur. L'épisode de l'ascenseur se passe sans encombre, et j'arrive devant la porte numéro 12. Après avoir pris une grande respiration et m'être dit que les personnes y seraient forcément sympas, je frappe à la porte.
- Ouais j'arrive ! dit une voix à travers la porte.
Après quelques secondes, la porte s'ouvre sur une brune souriante en salopette. Néanmoins, en me voyant, son sourire s'éteint.
- Ah merde, je croyais que c'était Krys. Tu serais la colocataire ? Entre alors.
Je n'eus même pas le temps de répondre. J'entre donc et mets ma valise sur le côté. Elle referme la porte et me demande mon nom.
- Ah, euh, Ana.
- Tu sais, Ana, je vais pas te bouffer. Bon, avec Krys on t'a laissé la plus petite chambre, tu nous en voudras pas ? On est même pas rentrées dedans, mais ça avait l'air propre en tout cas. Et avant que tu te plaignes, les meubles étaient les mêmes peu importe la chambre.
- C'est pas grave, merci...Elle me laissa alors seule dans l'entrée. Je ne sais pas où est ma chambre, je suis perdue, j'ai envie de pleurer, pourquoi rien ne se passe comme prévu ? Je ne sais même pas comment elle s'appelle. J'avance avec ma valise dans la pièce principale. Tout est neutre, rien n'est spécial. Je vois que de toutes les pièces, une est fermée : je décide d'y entrer. Rien n'y est installé et j'en conclue que c'est ma chambre. Elles auraient quand même pu me demander, mais je ne vais pas me plaindre au risque de passer pour la meuf chiante pour le reste de mon année avec elles -si ce n'est plus.
Après avoir installé presque toutes mes affaires dans les meubles, j'entends une nouvelle voix dans le salon. Je préfère rester ici et aller dire bonjour après. Il y a une porte dans le fond de la pièce, cela ressemble à une porte normale mais j'imagine qu'il s'agit d'un placard, quelque chose comme ça, mais en l'ouvrant, je découvre une salle de bain. Aurions nous toutes une salle de bain personnelle ? Vu le prix de l'appartement, j'ai de gros doutes. J'entends les voix s'approcher de ma chambre et ferme précipitamment la salle de bain quand ma porte s'ouvre.- Salut, j'ai été faire les courses pour la semaine, Gab m'a dit que tu t'appelais Ana !
- Oui, c'est ça, dis-je timidement.
- Si tu as besoin d'aide, tu peux nous le demander !À ce moment, celle qui semble donc s'appeler Gabrielle lui tire le bras comme pour l'empêcher d'en dire plus. La porte se referme brusquement et me revoilà seule... avec une salle de bain. S'il s'avère qu'elles n'ont en effet pas de salle de bain à elles, ma chambre deviendrait donc un bien précieux et je risque d'être en danger. Selon cette théorie, il vaudrait mieux garder cela secret.
Je remarque au sol une clé qui rentre dans la serrure de la salle de bain. Je ferme immédiatement la porte et mets la clé dans ma poche arrière de jean. Le plus simple serait de feindre l'ignorance concernant cette porte pour ne pas m'attirer trop d'ennuis. Ces filles, et surtout Gabrielle, ne semblent pas de confiance.
Je sors de ma chambre vers 18:30 pour faire à manger. Je vois que personne n'est là, et ça me soulage. J'ai un peu peur de ce à quoi cette année en colocation va ressembler, mais je préfère ne pas y penser en cuisinant. En fait, je ne sais pas cuisiner. Mon catalogue de choix ne doit être composé que de plusieurs recettes de pâtes, je sais cuir du riz et faire des gâteaux. Disons que c'est assez pour rester en vie. Je décide de faire une simple salade de pâtes pour nous trois et de mettre le tout dans le frigo après m'être pris une part. Une fois mon assiette terminée, je laisse un bout de papier sur le plan de travail, leur informant de cette salade. J'ai également déposé à côté du ticket de caisse des billets pour payer un tiers du prix des courses de la semaine, ce qui me semble normal. Alors que j'allais rentrer dans ma chambre, j'entends la porte s'ouvrir et leurs voix retentir dans la pièce. Gabrielle et Krys...tal -je suppose- jettent un coup d'œil rapide vers moi mais ne relèvent pas vraiment ma présence puisqu'elles semblent amusées par une autre source d'excitation. Gabrielle regarde le papier sur le plan de travail et dit d'un air faussement désolé :- Oh, je suis désolée, mais on repart déjà. On va en boite ! Krystal, va vite mettre tes talons, moi je me change pas !
Krystal passe à côté de moi pour aller dans sa chambre mais s'arrête à mon niveau.
- Tu fais quoi ce soir ?
- Rien de spécial, je vais sûrement regarder un film.
- T'as qu'à venir avec nous !Je la regarde, bouche bée. Je ne sais pas si cette demande est sérieuse, mais même si elle l'est, elle ne me tente pas vraiment.
- Allez. Au fond de toi tu en as envie.
- On a pas le temps ! dit Gabrielle.
- Ça lui prendra cinq minutes de se changer, allez, dit Krystal.Krystal me poussa dans ma chambre et referma la porte après avoir crié un "ça sera rapide !". Elle se dirigea vers ma commode et chercha quelque chose à l'intérieur. C'est vrai que même si ce n'est pas le genre de demande auquel j'aurai répondu positif en temps normal, mais je me dis que peut être, on n'est pas en temps normal. Une fois avant la rentrée ne me tuera pas.
- Tu as des beaux habits en plus ! Wouah !
- Merci, dis-je.
- Excuse moi de te dire ça, je sais que ca n'a aucun rapport mais tu es assez timide et tu as pleins de super beaux habits et... aujourd'hui tu t'es habillée simplement.Je rougis légèrement face à cette remarque. Elle sortit quelques trucs de ma commode et les posa sur moi.
- J'imagine que tu ne sais pas trop quel type d'habits mettre en boîte. Avec ça, tu passeras bien.
- Merci, Krystal.
- Krys, je préfère. Quand Gab m'appelle Krystal, c'est soit car elle est énervée, stressée, ou qu'on s'engueule.Sur ce, elle sortit. Après m'être habillée grâce à ses conseils, je me regarde dans le miroir et me trouve pas trop mal, malgré mon manque de confiance en moi.
C'est dans cette tenue et dans cet esprit que nous sommes parties toutes les trois en boite de nuit sans savoir ce qui nous y attendrait.J'ESPÈRE QUE ÇA VOUS A PLU.
Chapitre 2 : On entre dans le vif du sujet.

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What Life is Made Of
عاطفيةJusqu'à la rencontre de cette personne, je pensais qu'il était normal de ne pas s'amuser et de se laisser faire. Qu'il était normal de ne penser qu'aux études et de ne pas oser regarder quelqu'un dans les yeux. Mais maintenant, je vous le dis, comme...