Samedi, je me réveille avec d'affreuses courbatures. Cela fait depuis 2007 que je n'ai pas fait de sport -j'exagère peut être de quelques années- alors je me dis que j'ai vraiment dû mal dormir pour être dans cet état là. Je regardai mon téléphone : aucun message. Je sais pas pourquoi je suis déçue, car j'ai jamais eu de message, sauf quand c'était pour des trucs de merde, ou des messages attendus, du genre "je t'envoie un message pour te dire quoi". J'allais dans ma piètre cuisine en désordre et sortis une bouteille de lait dont je versai le contenu dans un bol. J'ouvris le placard et vis qu'il n'y avait plus de céréales. Ah, oui, c'est vrai. Ça fait deux semaines que j'ai pas été faire les courses.
Je bus alors mon lait comme ça, de toute façon j'aime bien ça. J'allumai le vieil ordi de bureau qu'une ex m'a donné comme j'en avais pas -à la base, c'était carrément un Windows Vista mais je l'ai upgrade illégalement à Windows 7, puis Windows 10. D'ailleurs, c'est un peu nul Windows 10- et parcourrai inutilement internet. Ce soir, y'a forcément une soirée où je peux aller, mais bizarrement, j'ai vraiment pas envie d'y aller. Mais j'ai pas envie de rester chez moi non plus.
Ma vie est un peu merdique, quand on y pense.
Dimanche. Je n'ai été nulle part finalement hier soir. J'ai joué à la PS2 à la place, don généreux d'une autre ex. À croire que tout me vient d'autres personnes. C'est plutôt vrai.
Je décide, à 13h, d'aller parler à Karen. J'en ai besoin, et j'en ai surtout marre de rester dans ma tanière. J'arrivais dans le bar, et vis qu'il n'y avait que deux habitués au bar.
- Tu viens plus souvent que d'habitude, dis donc !
Je lui fis un petit sourire.
- Alors toi. Tu vas te décider à me dire ce qui va pas ?
- Ouais. C'est pour ça que je suis venue.Elle semble choquée.
- Oh, je pensais pas que tu dirais ça. Alors vas-y, je t'écoute.
Je réfléchis quelques secondes. Quel est mon problème, en fait ? Je ne sais même pas. Mais je vais essayer de juste parler, et ça viendra sûrement tout seul.
- Tu vois, la fille là...
Elle s'accoude au bar l'air intéressé.
- Ana ?
Je hoche la tête.
- Évidemment que je m'en souviens ! Comme si c'était hier.
- Bah... par où commencer.
- Hâte que tu me dises que j'avais raison.
- Non ! je grogne, sur la défensive.Je m'assois sur le tabouret.
- T'avais tort.
- Bah explique, alors. Je pourrais pas t'aider, sinon.Je sors mes clefs de ma poche et les tripote tout en parlant, ne sachant quoi faire de mes mains. Je les fixe sans croiser Karen des yeux, comme si j'avais peur du jugement de la personne la plus ouverte d'esprit que je connaisse.
- Ça fait des semaines que je me questionne sur les activités. Sur le sexe, tout ça... mes trucs sans lendemain, et tout. Je croyais que ça me plaisait mais en fait, je sais pas. Mais pourtant, je peux pas m'en empêcher.
Je baisse un peu plus la tête et continue de fixer les détails creusés dans la clef.
- Et je me suis engueulée avec Ana. Mais ça a rien à voir avec mon questionnement sur le sexe et tout, hein ! dis-je comme pour me défendre.
Son regard semble désapprouver mes paroles.
- Peu importe, dis-je en réponse à son regard. Mais c'est bizarre, elle me fait un peu chier à me dire qu'elle est hétéro, qu'elle est pas jalouse, faire sa sainte quand je lui tombe dessus et chialer, et me saouler parce que je dis qu'elle "chiale".
Karen se relève un peu.
- Je t'arrête tout de suite, dit-elle. Je pense que tu te trompes.
Je relève la tête.
- Je crois que tu te cherches des excuses.
- Comment ça ?Elle soupire et frotte un verre avec un torchon.
- Tu veux te prouver que tu l'aimes pas, et que tu tomberas jamais amoureuse de personne. Maintenant que tu me dis que vous vous êtes déjà engueulées en peu de temps, je suis d'autant plus sûre de ce que je t'ai dit y'a quelques semaines. Je me trompe pas sur ces trucs là. Et de son côté, si c'est comme la dernière fois, elle te kiffe.
- Mais c'est pas comme la dernière fois !
- Parce qu'elle te kiffe.Je réfléchis quelques secondes.
- De toute façon, je m'en tape qu'elle m'aime. Et je ne l'aime pas, tu te trompes encore.
- On verra ça. Un verre ? dit-elle pour changer de sujet.
- Ça ira, dis-je.
- Mais en tout cas, rajouta-t-elle, s'engueuler, c'est normal. C'est même bon signe.Elle me fit un clin d'œil et je lui souris avant de partir.

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What Life is Made Of
RomanceJusqu'à la rencontre de cette personne, je pensais qu'il était normal de ne pas s'amuser et de se laisser faire. Qu'il était normal de ne penser qu'aux études et de ne pas oser regarder quelqu'un dans les yeux. Mais maintenant, je vous le dis, comme...