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Nous sommes lundi. Cela fait deux semaines que les jours s'enchaînent et se ressemblent comme deux gouttes d'eau. J'ai l'impression que l'amitié entre Amber et moi stagne. Il n'y a rien qui bouge : ça me semble mauvais signe. Normalement, tu apprends de nouvelles choses chaque jour et parfois même te dispute. Là, y'a rien. On a fait aucune sortie, rien. J'imagine que ce n'est pas sa manière de s'amuser. Peut être que je me suis trompée, et que sa manière de s'amuser, c'est... les filles. J'ai la sensation de quelque chose n'ayant même pas commencé.

Comme chaque jour, je vais en cours. Comme -presque- chaque jour, Amber est dans le métro et je vais la retrouver. Comme chaque jour, on s'échange trois phrases, on va en cours, puis on se quitte puisqu'elle fait autre chose. J'ai l'impression d'être en fait juste son "amie de la fac". Quand j'y réfléchis, c'est aussi ce qu'elle est pour moi, mais pas très volontairement. Aujourd'hui, comme les autres jours, il n'y a aucune différence.

Nous sommes maintenant mardi. Je m'apprête à vivre la même journée que depuis bientôt un mois. Le métro de 7:35 arriva et j'y vis comme d'habitude Amber à la même place. Alors que j'allais vers elle, elle se leva.

- Ça va ? me demanda-t-elle.

Je fus surprise par cette demande inattendue.

- Ou...i ?
- Non, mais sérieux, dit-elle avec son entrain habituel.
- Oui, je vois pas pourquoi ça irait pas, d'un seul coup, lui répondis-je.

Elle se rassit à sa place et je me mis à côté d'elle. Sans nous regarder, nous continuions à parler.

- C'est bien ce que je dis. J'ai remarqué depuis un petit moment que ça avait pas l'air d'aller. C'était progressif. Du coup, depuis un moment, ça va ?

Je fus d'autant plus surprise d'apprendre que sa question n'était pas anodine, et d'une certaine manière, j'étais touchée. Malgré qu'elle agissait tous les jours de la même manière, elle a remarqué que quelque chose m'affectait... sans même que je cherche à le montrer.

- Ah... non, ça va, je te jure !

Sa gentillesse et son attention envers moi me faisant tellement de bien après tant de temps croyant qu'elle m'oubliait me poussa à lui dire que tout allait bien. Je l'ai mal jugée pendant deux semaines, et maintenant que je vois que je me suis trompée, je ne veux pas l'accuser de quelque chose. Ça serait injuste de ma part.

- On ne me ment pas à moi, tu sais ? dit-elle.

Je gardai ma tête baissée. Une fois le métro arrivé à notre arrêt, nous sortons. Alors que nous marchions vers l'université, Amber me tira par le bras.

- Dis-moi ce qu'il y a. Ça fait au moins une semaine que je me retiens, mais là, c'est clair !
- Je t'ai dit qu'il n'y a rien, dis-je en baissant la tête.
- C'est à cause de moi ? Tu as l'impression que je t'oublie quand je pars l'après-midi ?

Mes yeux s'ouvrirent grand quand elle prononça ces mots. J'espère que mes cheveux cachent mon visage à ce moment puisque l'envie de pleurer monte petit à petit, mais je me retiens.

- C'est bien ce que je me disais... dit-elle en s'écartant légèrement.

Il y eu un blanc et elle soupira.

- Tu sais que c'est égoïste ?

Je relevai la tête, voulant en écouter plus, et voir si elle était sérieuse. Elle poursuivit :

- Ça fait deux semaines que je vais déposer des CV un peu partout et que je passe des entretiens d'embauche. Personne veut de moi. Ils le disent pas, mais j'imagine qu'entre collèges après, ils doivent se dire "trop lesbienne", dit-elle sur un ton ironique.

What Life is Made OfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant