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- Ah bon ? demandais-je, déconcertée. Pourquoi ?
- Je t'ai dit, je sais pas. Bon, on rentre ?

Je hochai la tête. Je me demande à quelle station elle s'arrête.

- Tu es sur cette ligne ? lui demandais-je.
- Oui, enfin d'habitude je prends ma moto.
- Tu as une moto ? demandais-je.
- Oui. Tu voudras en faire, une fois ?

Je souris bêtement, je n'en ai jamais fait et c'est vrai que ça a l'air cool.

- D'accord. Mais je veux pas mourir.

Elle éclata de rire.

- Tu mourras pas, promis. Je ferai encore plus attention puisque tu seras là.

Pourquoi est ce que j'ai l'impression que ces mots me sont destinés à moi, alors qu'elle dit ça puisqu'elle l'aurait fait pour n'importe quelle autre fille ayant peur ?

Une fois chez moi, je ne vis personne dans l'appartement. À croire que mes colocataires sont toujours de sortie. Ou peut être qu'elles ont simplement cours l'après midi. Je rentrai dans ma chambre et déposai mon sac sur mon lit. J'allumais mon ordinateur portable et mis le mot de passe avant de chercher Youtube sur internet. Je rangeai un peu ma chambre avec de la musique en fond, dansant de temps à autre. Vers 18h, je reçus un message d'un numéro inconnu.

INCONNU
Prends le métro de 07:35, demain.
Ou alors, tu mourras.

Pardon ? Je pris peur et supprimai le message, affolée. Je partis dans la cuisine, regardant autour de moi toutes les 10 secondes. Serais-je surveillée ? Il n'empêche que demain, je prendrai le métro de 07:35.

J'arrivais à la station à 07:25 pour être sûre de ne pas rater celui de 07:35. Toutes les trois minutes, les gens me dévisageaient puisque je ne rentrais pas dans elle métro presque vide. Est-ce un canular ? Serais-je folle, ou débile ?
À 07:35, le métro arriva. J'entrai et restai debout puisqu'il n'y avait plus de place assise. Celui là est bondé, ce qui ne faisait qu'accentuer ma peur.

- Alors comme ça, on est là à l'heure ?

Je me retournai brusquement et vis Amber. Sa main passait devant moi pour tenir la barre.

- C'était toi ? dis-je.
- Oui !

Elle souriait, mais pas moi. Je suis tellement
honteuse et ridicule...

- T'as eu peur ? me demanda-t-elle, inquiète.
- Mais oui ! dis-je en la frappant gentiment.

La journée de cours passa assez vite jusqu'à 15h où nous avons pu quitter l'université.

- J'aurais bien voulu passer du temps avec toi, mais j'ai un rencard tout à l'heure. Et demain aussi !
- Ah, d'accord. C'est pas grave !

Elle me fit un bisous dans le vent et s'en alla vers un bar. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que ça sera ça toute l'année. Je marchai jusqu'à l'opéra et m'assis sur les marches site en face. Je regardai autour de moi, comme si je n'avais rien à faire. Je n'ai rien à faire. Après une dizaine de minutes, je me décidai à me relever et à aller dans un magasin de vêtements. Dans les cabines d'essayage, j'ai essayé une dizaine d'articles. J'ai essayé des sous vêtements, des robes, des jupes, des jeans. Finalement, je suis seulement repartie avec un short et un soutien-gorge. Je marchai dans les rues en balançant mon sac en plastique quand je vis un sans abri dormir avec son chien. Je m'arrêtais alors au plein milieu de la rue et m'accroupis pour chercher mon porte monnaie de mon sac. Il avait toujours les yeux fermés. Je mis dans sa main quelques pièces, puisqu'il n'avait pas de gobelet. Il ouvrit les yeux et je lui donnai la bouteille d'eau qu'il y avait dans mon sac depuis hier, mais que je n'ai même pas ouvert. Il ne parla pas mais je vis dans son regard de la reconnaissance. Je me relevai et vis que personne ne regardait. D'un côté, tant mieux, car je n'aime pas me donner en spectacle. Mais d'un autre côté, j'étais déçue : pour une fois qu'une chose aurait pu être regardée, on ne la regarde pas. Par contre, me regarder me casser la gueule et coincer ma valise dans la porte du train, ça va !

What Life is Made OfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant