Chapitre 3

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Je crois que j'ai officiellement passé la pire nuit de ma vie. Lily a passé son temps à pleurer, et Chris accourait toujours à son berceau pour être sûr qu'elle ne manque de rien. Un vrai papa poule. Je ne sais pas comment il fait pour l'aimer autant, alors qu'elle nous en fait baver.

Mon père n'était pas comme ça avec moi, ma mère non plus d'ailleurs. Ça explique peut-être pourquoi j'ai autant de mal à être une bonne mère.

Je me penche au-dessus du berceau de ma fille. Elle me regarde avec les grands yeux de Chris. C'est son portrait craché. Je ne me retourne pas quand j'entends des pas derrière moi.

"Elle ne va pas tarder à avoir faim, me dit Chris. Je te laisse lui donner le biberon."

Je ne réponds pas, hésitante. Et je finis par prendre la fuite.

"Non, fais-le, j'ai plein de travail, je vais aller m'y mettre."

Je l'entends soupirer, et je passe devant lui sans un regard. Mais il me rappelle.

"Ne lui fais pas subir ce que tes parents t'ont fait subir. S'il te plaît."

Je me tourne vers lui, soudainement en colère.

"Qu'est-ce que t'en sais ce que mes parents m'ont fait subir ? Crachais-je. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas lui faire du mal à te petite chérie d'amour.

- Elsa, ce n'est pas ce que je voulais dire."

Je pars en claquant la porte, réveillant la petite au passage. Je l'entends pleurer, et je m'en veux aussitôt. Je ne veux pas me prendre la tête avec Chris, il ne mérite pas cela. Il a déjà supporté ma mauvaise humeur depuis la fin des championnats de France, avec l'accident de Nino. J'étais encore plus désagréable pendant la grossesse. J'ai commencé à aller mieux quand j'ai accouché, et quand j'ai vu Nino commencer à se rétablir. Mais la mort de Delca et la tonne de responsabilités qui vont avec ont réduit à néant toute trace de bonne humeur.

Lorsque j'arrive dans l'écurie, tous les chevaux ont déjà fini de manger, et les palefreniers s'activent pour faire les box. Je leur file un coup de main pour lâcher les chevaux présents dans les box à curer. Je ne sais plus quoi faire. Peut-être que m'occuper de Nino me redonnera le sourire ?

Mais c'est tout le contraire, surtout quand je le sors de son box et qu'il se met à boiter.

Delca m'avait dit que s'il se remettait à boiter, il fallait que je continue la rééducation, mais en forçant moins. Est-ce que ça vaut le coup de le mettre au marcheur ? Je ne pense pas, on verra ça demain.

Après être sorti de l'écurie, Nino boite moins. Je prend garde à éviter les sols mous, pour ne pas fatiguer ses tendons. Je le laisse brouter sur les bords des allées, mais je ne le laisse jamais aller complètement dans l'herbe. Nino retrouve de jour en jour sa joie de vivre, et ça me redonne du courage.

Je passe plus d'une demi-heure à faire le tour du domaine avec mon grand cheval avant de revenir à la réalité. Quand je retourne aux écuries, elles grouillent de monde. J'aimais ça quand je n'étais que cavalière, mais aujourd'hui, j'ai l'impression que le nombre de cavaliers a triplé. Et je n'aime pas ça, je me sens oppressée.

Je reçois un message d'Alexis qui me demande de le rejoindre aux écuries des jeunes chevaux immédiatement. Je fais rapidement les soins de Nino et je le rentre dans son box. Je n'aime pas le voir enfermé entre quatre mur. Il est tellement mieux quand il peut sortir en extérieur. Mais si je le lâchais, il se referait mal, à ça foirerait tout. Alors il est consigné au box.

Alexis m'attend en compagnie d'Antoine et me fais signe de les rejoindre. Ils sont devant le box d'un cheval alezan, relativement petit, pas très attrayant. Il n'a rien pour lui, il n'est pas spécialement beau, il n'est pas particulièrement musclé. Il n'attire pas l'œil quoi.

Cheval, emmène moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant