Titan va beaucoup mieux, mais il est encore au repos. Il ne sortira donc pas le week-end prochain. Nous sommes lundi, et nous avons déjà eu un appel pour l'essai de Calamity. J'attends de voir le verdict de l'essai pour savoir si je m'engages avec dans les Cycles Libres 2ème année de samedi et dimanche prochain, qui sont à à peine 30 min des écuries.
Le coach et le cavalier, qui se trouvent être père et fils, nous serrent la main en arrivant. J'ai préparé moi-même le jeune cheval, et le fils est prêt à se mettre à cheval. Je vais lui chercher, et sans un mot, il monte.
Je n'aime pas particulièrement ces gens-là. Ils sont très hautain. Surtout le fils.
"Nous cherchons un jeune cheval pour que Simon évolue rapidement.
- Si on vous le vend, vous l'engagerez quand, et dans quelle épreuve ? Demande Julien en me lançant un coup d'œil.
- Si l'on repart avec aujourd'hui, il sera engagé dans une Amateur 2 dès ce week-end, annonce fièrement le père."
Je me renferme. Si il y a bien une chose dont ce cheval a besoin, c'est de temps. Il n'est pas prêt à tourner sur le circuit amateur. Je m'apprêtais à le faire remarquer quand Julien me jette un regard qui suffit à me faire taire.
Calamity a encore un peu de mal à se mettre ensemble, alors il commence le début de la séance en étant décontracté, mais relativement haut. Le père prend la séance en main, et fait détendre son fils. Calamity est de moins en moins bien, à mesure que le fils lui demande de se mettre en place. L'hongre commence à se braquer, et il n'y a rien de bon.
Ils prennent la décision de commencer à sauter, et le fils lui tire tellement dessus que j'ai l'impression qu'il va lui arracher des dents. Heureusement qu'il a un mors tout doux dans la bouche.
Evidemment, Calamity s'arrête devant le croisillon.
"Vas-y doucement Simon, c'est un jeune cheval il ne connaît pas encore bien son métier, le sermonne le père."
Première parole sensée qui sort de leur bouche.
"Mais fout-lui en une quand même, il doit apprendre à ne pas s'arrêter."
Je retire ce que j'ai dit. Ils sont cons. Je suis prête à intervenir, mais Julien m'en empêche quand même. Je me penche vers lui pour lui faire comprendre ce que j'en pense.
"Ils sont en train de me le bousiller, si ça continue, ils vont le planter.
- Laisse-moi faire."
Calamity s'arrête à nouveau, je me tends. Comme je m'y attendais, coups de talons et coups de cravaches pleuvent, et l'hongre se braque. Quand le fils revient, il lui en met une deux foulées avant l'obstacle, ce qui oblige l'alezan à sauter.
"C'en est trop, grognais-je, prête à intervenir."
Julien s'avance dans la carrière et met fin au carnage.
"Stop, on arrête tout, on ne vous vendra jamais ce cheval, soyez-en sûrs. Rentrez chez vous, ce cheval reste ici."
Le père commence à râler, le fils en fait de même, avant de me jeter les rennes dans les mains, dans un mouvement brusque, ce qui fait peur à Calamity.
"Laaa, ça va, le rassurais-je.
- Il serait moins con votre cheval, il ne serait pas dans cet état-là !"
Je me retourne brusquement vers le fils, la colère montant en moi.
"Pardon ? Mais apprenez à monter avant de venir bousiller des chevaux prometteurs, répliquais-je sèchement."