Chapitre 19

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Et me voilà à cheval sur Vialto des Rosier. Je n'ai jamais sauté avec lui, et je l'emmène sur une 110. Quelle intelligence !

Je commence presque à regretter ma décision. J'aurais l'air de quoi si on fait encore pire que la veille ?

A la détente, je répète les mêmes exercices qu'hier. Quand je peux galoper rênes fluides sans qu'il s'appuie dessus, je demande à Amélie, sa cavalière, de me mettre les barres. Je vais sauter un petit vertical, sans avoir plus de contact que ce que j'avais tout le long. Quelques foulées avant, Vialto se jette sur sa barre, sans prendre le temps de s'articuler.

Je l'arrête net derrière l'obstacle. Je ne veux pas qu'il me prenne la main comme ça. Si encore il se tenait et qu'il sautait correctement quand il charge, mais ce n'est pas le cas.

Je reprends mon galop, en le forçant à prendre un galop soutenu mais équilibré, pour qu'il ne charge pas plus. Quand il voit la barre, je remets la main pour qu'il se tienne. Mon action de main l'aide à se tenir plus qu'elle ne le freine, et il fait un saut correct. Je demande à Amélie de monter la barre, et je reviens dans les mêmes conditions.

A la fin de ma détente, je peux aller sauter en posant mes mains de loin sans qu'il ne charge et mette tout son poids sur ses épaules.

"Le numéro 12, Vialto des Rosiers à la porte !"

Je m'avance sur le cheval-bœuf d'Amélie. Dès que j'entre en piste, il s'appuie sur le mors avant que je lui demande quoi que ce soit. Heureusement, ils viennent de sonner la cloche du cavalier précédent, j'ai un peu de temps pour le remettre en équilibre.

Devoir constamment gérer l'équilibre d'un cheval, c'est épuisant. J'ai bien de la chance que Nino ait un super équilibre. Il se tient comme n'importe quel cheval, et ce, peu importe les circonstances. Qu'est-ce que ça me manque de monter sur des grosses épreuves avec lui.

Je prends le galop quand le cavalier d'avant arrive sur le numéro 10, comme ça j'ai le temps de travailler mon galop. Je suis obligée d'intervenir toutes les deux foulées pour qu'il se tienne, mais c'est supportable. Peut-être qu'on pourrait sortir sans-faute en fait.

La cloche sonne, on me présente, et je vais sauter le 1. Vialto essaie de charger quand il voit l'obstacle, mais je le reprends. Il prend soin de poser ses pieds et de s'articuler au-dessus du vertical. J'agis pareil sur les trois quart du parcours. Je suis encore sans-faute quand j'arrive au 10.

Je le sens légèrement m'échapper dans la courbe pour aller au 11. La fatigue de fin de parcours doit y jouer, sachant que j'ai fait une longue détente, car il recommence à s'appuyer sur le mors, et même si j'essaie de l'en empêcher, à part le mettre dans le vide, je ne peux rien faire.

J'essaie de ne pas le mettre dans le vide tout de suite. J'essaie tout de même de l'équilibrer. La barre du vertical n°11 est emmenée par ses antérieurs, je sens que je suis en train de le perdre.

Dans la ligne pour aller au 12, je me décide à le mettre dans le vide et à le reprendre plusieurs fois. Il se rééquilibre brièvement, mais quelques foulées avant la barre, il charge. Et il se prend la barre dans les genoux.

Je repasse au pas dans le calme, et je le caresse, parce qu'il a été meilleur qu'hier malgré tout. Je rejoins Amélie en sortie de piste pour débriefer.

"Bon, demain tu le reprends, et tu le montes comme je l'ai monté aujourd'hui. Tu dois toujours gérer son équilibre, puisqu'il ne veut pas le faire lui-même. Tu en es capable, et si tu arrives à le tenir jusqu'au bout, tu pourrais même être sans-faute. Je te le laisse ?"

Elle hoche la tête et je mets pied à terre, la laissant s'occuper de son cheval. Je me rends aux box pour aller monter Nino, pour faire une bonne détente pour éliminer ses courbatures. Je le selle rapidement, et je l'emmène vers la détente libre.

Cheval, emmène moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant