Chapitre 18

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La prépa 1m du vendredi est relativement tôt. En fait, elle est juste après les épreuves des jeunes chevaux.


Je passe dans les dernières, heureusement, je n'aurais pas à faire tenir Nino l'insupportable. Depuis ce matin, il fait n'importe quoi. Quand on est arrivés pour le nourrir, il était en lançades dans son box. Je l'ai nourri, puis le temps que j'aille nourrir les autres, il a essayé d'attaquer tous ceux qui passaient devant son box, de près ou de loin. Je ne l'ai jamais vu aussi peu aimable.

Mais il a réussi à m'amadouer quand il a hennit en me voyant arriver devant son box. 

Ce n'est pas ma faute si je suis sensible à son charme, mon gros Nino.

Mais il est parvenu à m'énerver à nouveau quand je me suis occupé de lui. J'ai dû l'attacher pour lui faire les pieds tant il n'en faisait qu'à sa tête. Il ne cessait de bouger. Il s'est mis debout aussi. Bon, là, il s'est sacrément fait engueuler. Qu'il tourne en rond, ça passe. Mais qu'il devienne dangereux, ça ne passe pas du tout .

Et maintenant, j'ai dû laisser un cavalier en faction devant son box pour être sûre qu'il n'essaie pas de se barrer de son box. Il donne l'impression qu'il va réussir à l'enfoncer dès qu'on tourne le dos, en se jetant de toute ses forces contre la paroi. J'ai essayé de l'emmener marcher, impossible de le garder au pas.

Quand je vous dit qu'il est insupportable.

Je fais ma reconnaissance, et je retourne vite me mettre à cheval. Je lui met son filet et je ne perds pas de temps pour grimper sur son dos. Je le marche longtemps, très longtemps, jusqu'à ce qu'il accepte de marcher sans piétiner. Je le fais trotter dans la décontraction. Nino a de grandes foulées, il donne une impression de vitesse alors qu'il est au trot de travail.

Je sens tous les regards sur lui. Il attire l'attention. La plupart le reconnaissent, nous venions souvent ici à l'époque où je sortais sur les grosses, et au moment où je commençais à me faire un nom avec mon Nino. Alors le voir dans les petites épreuves, ça attire le regard.

Julien me met les barres pour que je commence à sauter. Doucement au début, mais Nino n'est pas de cet avis. Même s'il s'est montré plutôt calme jusqu'à maintenant, il n'a pas l'air d'avoir envie de continuer. Dès qu'il aperçoit la barre, il me prend la main, et il charge. Il me le fait une fois, deux fois. Au bout de la troisième fois, je me fâche et je l'arrête net devant l'obstacle. Quand je reviens, il charge deux fois plus.

Je prends sur moi pour ne pas m'énerver, et croyez-moi, ça m'en demande beaucoup. Je vais voir Julien au pas.

"Monte franchement. Tant pis s'il se la prend dans les genoux, il faut qu'il se calme."

Je prend le galop pendant que Julien remonte la barre. Je fais quelques tours dans un rythme soutenu pour qu'il évacue un peu l'énergie en trop qu'il a.

Puis je vais sauter. A vue d'œil, le vertical qu'il m'a installé doit être à 1m10/1m20. Rien de bien impressionnant, mais suffisant pour que Nino se fie à moi.

"Il était temps, grognais-je."

Je le grandis en fermant mes jambes, la foulée vient correctement, je n'ai pas besoin d'intervenir. Il charge un peu, mais dans la limite du contrôlable. Et il saute en laissant une bonne marge.

Je le caresse et on reprend notre détente tranquillement. On saute quelques oxers à 1m, mais pas plus. Nino n'a pas besoin d'une grosse détente, il sait sauter, ça ne fait aucun doute.

On m'appelle en piste. Quand je rentre, Nino me lance un grand coup de tête avant de se mettre très légèrement debout.

"Nino !"

Cheval, emmène moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant