Prologue

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PDV de Jumper

Une force dans ma tête. Non ! Pas encore elle ! Je ne peux pas résister à son ordre. Je m'envole et déploie mes quatre grandes ailes. Les autres dragons m'imitent. Ma vie est un cauchemar. La Reine nous oblige chaque jour à nous rendre sur une île peuplée de Vikings pour les piller. Aucun dragon ne peut lui tenir tête. Elle est l'alpha de notre nid. Qu'est-ce que je donnerais pour que mon œuf n'est pas éclos ici ! Dans ce volcan sombre et à la chaleur étouffante, où la loi du plus fort règne en maître. Ma mère a tout fait pour me protéger de la Reine. C'est grâce à elle que je suis encore vivant aujourd'hui.

Une force encore plus grande me sortit de mes pensées. En tant que Foudroyant, j'étais un des plus gros dragons du nid. La Reine devait exercer une plus grosse pression sur moi que sur les autres. Elle craignait que je puisse la renverser un jour. Mais même si je le voulais, je ne le pourrais pas. Personne ne peut défier l'alpha. C'est tout simplement impossible. Et la Reine en profitait. Chaque attaque sur des villages Vikings avait pour but de lui ramener de la nourriture. Et si par malheur, un dragon ne lui rapportait pas assez à manger, elle le gobait comme un vulgaire moucheron. C'est ce qui était arrivé à ma mère. Elle avait voulu me donner une partie de sa récolte et la Reine l'a puni.

Je me dirigeais vers le large, suivi par une vingtaine d'autres dragons. Aujourd'hui, nous attaquons un village que ses habitants appellent « Beurk ». J'accélérais, plus vite nous serions arrivé, plus vite nous pourrions repartir. Les contours de l'île se dessinaient devant moi. Le village apparu, calme et paisible. Tous les Vikings dormaient à cette heure tardive. Plus pour longtemps. J'ouvris le feu et crachais un jet de flamme sur une maison. Les autres dragons, n'attendant que cela, m'imitèrent et l'enfer commença.

Des maisons en flammes, des cris de dragons blessés, des hurlements de Vikings enragés et au milieu de tout ça, les pleurs d'un bébé. Les pleurs d'un bébé ? Je tournais la tête vers l'origine du bruit. Il venait d'une hutte en hauteur, postée près d'une grande porte s'enfonçant dans la montagne. Je m'envolais dans cette direction, attiré par le bruit. Il me rappelait les gémissements des dragonneaux. Je m'approchais. Le toit de la hutte était ouvert et des planches étaient éparpillées de partout. Certainement l'œuvre d'un Gronk. Et au milieu de la pièce, un berceau. Un petit berceau en bois joliment sculpté dans lequel un petit être qui ne devait pas avoir plus d'un an, pleurait. Pris d'un élan de compassion pour ce petit Viking censé être mon ennemi, je me posais sur le sol de la pièce et m'approchais doucement. Le petit arrêta ces pleurs et joua avec la griffe que je lui tendais pour le calmer.

Soudain, une femme entra dans la pièce, une épée à la main. J'oubliais instantanément le petit et me retournais brusquement. Dans mon mouvement, je griffais le petit Viking et il recommença à pleurer. Je m'approchais de la femme. Je lisais dans ses yeux. Elle n'avait pas l'air agressive, elle avait même l'air de me comprendre. J'essayais de faire passer toute ma souffrance dans cet échange de regard pour qu'elle comprenne que je ne lui voulais aucun mal ni à elle, ni au petit, ni même au village. Je voulais lui faire comprendre que toute cette destruction n'était pas notre volonté, à nous les dragons. Mais avant qu'elle puisse esquisser un geste, un poignard se planta dans le mur à sa droite, manquant ma tête de peu. Je pris peur et mes instincts reprirent le dessus. Je me retournais pour voir un grand et épais Viking à la barbe rousse, une double hache à la main. Je lui crachais mon dernier tir de feu au visage mais il esquiva d'une roulade.

-Valka ! cria-t-il. Prends Harold et va-t'en !

Du coin de l'œil, je vis la dénommé Valka prendre son fils dans ses bras avant de se diriger vers la porte en courant. Mais avant qu'elle ne l'atteigne, le plafond s'effondra, bloquant la sortie. Elle cria de peur et les pleurs du bébé redoublèrent. Soudain, quelque chose dans ma tête me poussa à m'envoler. La Reine nous rappelait au nid. Et je n'avais pas de proie à ramener. Dans la panique, je me saisis de la première chose me tombant entre les serres avant de perdre complétement le contrôle de mes actes et de m'envoler.

-Stoïk !!!!! cria la femme dans ma direction.

Je continuais mon vol sans comprendre, répondant à l'appel de la Reine.

A peine j'eus parcourus quelques mètres au-dessus de l'océan que je compris pourquoi la femme avait crié. Dans la panique, j'avais attrapé le Viking à la hache. Celui-ci se débattait comme un Terreur Terrible. J'avais du mal à le maintenir dans mes serres. Je ne voulais pas le laisser tomber. Ce Viking avait l'air important pour cette femme et je ne voulais pas lui faire de mal. Mais le Viking n'avait pas l'air d'accord. Il continua à se débattre et j'étais arrivé à la moitié du chemin vers le nid quand il se souvint qu'il avait une hache à la main. Dès qu'il s'en aperçut, il l'empoigna plus fermement et l'enfonça dans le haut de ma patte. Je rugis de douleur et le lâchais brusquement. Il tomba dans l'océan et je le perdis de vue. La douleur était insoutenable. Le sang coulait le long de ma patte et gouttait dans l'eau salée.

Les autres dragons autour de moi me regardaient comme une proie à présent. Ils espéraient pouvoir me rapporter à la Reine. Et plus la proie est grosse, plus la Reine nous apprécie moins on a de chance de se faire manger par la suite. « La loi du plus fort » pensais-je tristement. Je savais que si la Reine n'existait pas, les dragons autour de moi viendraient m'aider. Nous ne sommes pas des créatures insensibles. Mais la Reine existe. Et elle a fait de nous des créatures insensibles. Malgré l'ordre de la Reine de rentrer au nid, je fis demi-tour. Ce fut difficile mais je puisais ma force dans ma douleur. J'agitais désespérément mes quatre grandes ailes pour échapper à sa volonté. Je devais trouver un endroit loin du nid et où je pourrais me soigner. Je réfléchis à toute vitesse avant de me souvenir de la femme, la fameuse Valka. Son regard avait été bienveillant envers moi. Sans hésiter une seule seconde de plus, je repris la direction de l'île de Beurk où tant de mes semblables avaient péris.

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