Chapitre 12 : Recherche

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PDV d'Harold

Trois jours que je naviguais et toujours pas une île en vue. J'avais épuisé toute mes provisions et il ne me restait que peu d'eau potable. J'avais faim, froid et soif. Mais surtout, je m'inquiétais. Qui allait s'occuper de Krokmou maintenant ? Il ne pouvait pas voler seul et par conséquent, il ne pouvait pas chasser. Il allait mourir de faim. Une larme coula sur ma joue comme tant d'autres avant elle. Je levais les yeux vers l'horizon et une minuscule lueur d'espoir apparu. Au loin, se dessinait les contours d'une île.

Quelques heures plus tard, j'accostais. Malheureusement pour moi, c'était une île rocailleuse. Pas un arbre ne poussait. Je marchais longtemps pour trouver une source d'eau douce. Je tombais beaucoup. A la tombée de la nuit, j'avais trouvé une grotte où coulait un petit ruisseau souterrain. Je m'effondrais sur le sol et m'endormis comme une pierre, épuisé.

PDV d'Astrid

Trois jours que je le cherchais sans relâche. Mais trois jours à revenir bredouille. J'avais volé une chemise dans la chambre d'Harold pour que Tempête puisse suivre son odeur. Elle trouvait une piste à chaque fois mais la perdait systématiquement. J'avais ordonné aux Terreurs de surveiller Mildiou discrètement. Mais apparemment, il ne faisait rien de suspect. Rien que cultiver ses choux et parler à son mouton. Je décidais de prolonger mes expéditions et préparais les sacoches de Tempête. J'emportais des couvertures, une trousse de premier secours et assez de vivres pour nourrir deux personnes et un dragon pendant trois jours. La nuit était tombée et je me couchais contre Tempête comme j'en avais pris l'habitude. Je rêvais d'Harold.

Le lendemain, je me réveillais avant l'aube pour partir avec Tempête.

Quelques minutes plus tard, elle volait à toute vitesse au nord dans la direction qu'Harold avait pris. Nous croisâmes plusieurs minuscules îles mais Tempête ne s'arrêtait pas. J'en conclu que cette fois, elle tenait une meilleure piste que les fois précédentes.

Quelques heures plus tard, elle commençait à fatiguer et je la fis se poser sur une île verte, près d'un cours d'eau. Elle dormit toute l'après-midi et nous reprîmes les recherches en début de soirée.

PDV d'Harold

Une semaine que j'étais parti. L'île où j'avais accosté n'était peuplé que de Gronks. J'étais épuisé et j'avais froid. Ma combinaison en cuir avait pris un coup et était déchiré à plusieurs endroits. Le ruisseau souterrain me permettait de ne pas mourir déshydrater mais j'avais faim. De temps en temps, un Gronk sauvage, ancien lieutenant de la Mort Rouge, qui m'avait pris en pitié m'apportait un petit poisson mais ce n'était jamais plus d'une fois par jour et il y avait des jours où je ne le voyais pas du tout. Mon corps criait grâce mais je refusais de me laisser mourir. Krokmou avait besoin de moi et s'il y avait une seule petite chance de le sauver, je voulais la saisir. Je ne vivais plus pour moi mais pour mon dragon.

PDV d'Astrid

Quatre jours que j'étais parti de Beurk et toujours rien. Il ne nous restait plus beaucoup de provisions et j'espérais trouver une île avec des arbres fruitiers pour refaire le plein. Mon vœu fut exaucé dans l'après-midi et je remplis mes sacoches de pomme et de poires. Tempête allait devoir s'en contenter. Cette dernière suivait une piste et semblait de plus en plus sûr de la direction. Elle volait toujours plus au moins vers le nord et nous ne nous arrêtions que pour dormir. Nous avions faits beaucoup de détour soit parce que l'odeur en faisait un soit à cause d'un dragon. Je désespérais de retrouver un jour Harold.

Le lendemain, nous arrivâmes en vue d'une île rocailleuse peuplée de Gronks. Tempête hésita un instant avant de se poser sur le sol caillouteux. Je restais sur son dos tandis qu'elle reniflait l'air. Soudain, elle poussa un cri de joie et courut vers une grotte non loin de là. Elle stoppa devant l'entrée. Je mis pied à terre.

-Harold ? appelais-je.

J'avais l'impression d'avoir déjà vécu cette situation. Les rôles s'étaient tout simplement inversés.

-Astrid ?

C'était lui. Sa voix était faible mais je la reconnaîtrais entre mille.

-Astrid, c'est toi ?

J'entrais dans la grotte en courant. Je le découvris, adossé à la paroi, dans un sale état. Sa combinaison était déchirée par endroit, il avait le visage, les mains et les cheveux sales et ses lèvres étaient gercées. Je me précipitais à ses côtés. Il me sourit.

-Tu en as mis du temps, dit-il avant de s'évanouir.

Comment arrivait-il à rester sarcastique dans une situation pareille ?! Je passais son bras autour de mes épaules et le portais vers Tempête. Celle-ci m'aida à le hisser sur son dos et s'envola. Je serrais les genoux pour ne pas tomber et m'agrippais à Harold. Il pesait lourd sur moi mais je ne m'en préoccupais pas. Son état était alarmant. Je vis un hématome sur son flanc, à travers une déchirure. Je l'effleurais du bout des doigts. Harold gémit dans son sommeil. Il devait avoir une ou plusieurs côtes cassées. Tempête se posa sur une île constituée principalement de forêt, dans une clairière. J'allongeais Harold dans l'herbe. Il se réveilla en gémissant.

-Chhhuut, calme-toi, dis-je. Tu es en sécurité maintenant.

-Astrid ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tu vas avoir des ennuis..., dit-il d'une voix faible.

Je plongeais mon regard dans ses yeux émeraude fatigués.

-Ne t'occupe pas de ça maintenant, répondis-je.

-Merci, souffla-t-il en fermant les yeux.

Je crus qu'il s'était de nouveau évanoui mais il rouvrit les paupières.

-Comment m'as-tu trouvé ?

-Je n'ai rien fait, dis-je. C'est Tempête qui a suivi ton odeur. Maintenant arrête de poser des questions. Il faut te soigner, ajoutais-je en sortant la trousse de premier secours des sacoches de Tempête.

Je commençais par retirer à Harold son haut. Combien de fois l'avais-je imaginé torse nu ? Je savais juste que la réponse était beaucoup. Mais pas dans ces circonstances. Je n'eus pas le loisir de l'admirer. Il avait un énorme hématome sur l'abdomen et deux de ses côtes devaient être cassées. Je sortis un bandage et l'entourais dedans. Je nettoyais les coupures qui parsemaient son torse et son visage avec de l'eau clair. Elles devraient guérir rapidement sans laisser de cicatrice.

-C'est assez gênant, dit-il au bout d'un moment.

-Je préfère ça à ta mort, rétorquais-je.

Il se tut. Je continuais ses soins puis hésitais à lui enlever son pantalon pour soigner le bas de son corps. Je me contentais de vérifier que le moignon de sa jambe gauche n'était pas infecté. Tout allait bien.

-Ok, j'ai fini, dis-je en levant les yeux vers le ciel. Il fait bientôt nuit. On va dormir ici et on repartira pour Beurk demain matin.

-Je ne peux pas retourner à Beurk, répliqua Harold. J'ai été banni.

-Oui c'est vrai et si on me voit te ramener alors je serais bannie aussi. C'est pourquoi tu logeras dans la grange de Tempête. Mes parents n'y vont jamais et leurs dragons dorment au Hangar. Tu y seras bien caché.

-Et toi ? Comment vas-tu justifier ton absence ?

-Ça fait quatre jours que je te cherche. Ils ont dû penser que j'étais parti camper avec Tempête comme la dernière fois. J'avais dit à mes parents que j'avais repoussé le projet mais qu'il tenait encore.

Harold hocha la tête, ne trouvant plus d'autres arguments pour me convaincre de ne pas le ramener. Il essaya de s'assoir pour se rhabiller mais grimaça et retomba sur le sol. Je l'aidais à remettre son haut en faisant bien attention à ses côtés brisées. Après avoir mangé, je sortis une couverture pour venir l'étendre sur Harold qui n'arrivait toujours pas à se lever. Je m'éloignais pour en prendre une autre pour moi mais Harold m'interrompit :

-Attend. Astrid. J'ai froid. Tu dors avec moi ?

Un rien peut tout changer...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant