Chapitre 7 : Sauvage

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PDV d'Harold

J'étais content de me réveiller ce matin. Ce qui ne m'était presque jamais arrivé. La discussion que j'avais eu avec Astrid la veille m'avait fait énormément de bien. Je savais maintenant qu'elle voulait devenir mon amie. Même si mon cœur ratait encore des battements quand je la voyais, je me disais que c'était toujours mieux que rien. Je l'avais ramené hier dans un sale état. Heureusement, elle et Tempête avaient été rapidement prises en charge par Gothi et elle assurait que les deux s'en sortiraient sans séquelle. Ma mère m'avait d'abord reproché d'avoir pris Jumper mais quand elle avait appris la raison, elle m'avait ensuite félicité. La famille d'Astrid m'était reconnaissante de l'avoir ramené saine et sauve et Rustik avait beaucoup râlé comme quoi Astrid aurait dû lui envoyer la lettre à lui plutôt qu'à moi ce qui m'avait fait beaucoup rire.

Si j'avais écouté mon cœur, je serais allé chez Gothi pour rendre visite à Astrid mais, il y aurait certainement ses parents et un autre être avait besoin de mon aide à cette heure. Je pris mon sac dans lequel j'avais disposé du poisson frais et de l'herbe à dragons. Je sortis après m'être habillé et ne fus pas étonné quand cinq Terreurs Terribles fondirent sur moi. Je ris en les caressant. Je ne savais pas ce que j'aurais fait sans eux. Je leur en étais très reconnaissant d'être partis chercher Astrid. Sans eux, elle serait peut-être morte. Ils avaient d'ailleurs eu droit à une double ration de poisson qu'ils ne s'étaient pas fait prier d'engloutir. Mais aujourd'hui, ils devraient rester au village. Gueulfor m'avait donné un autre jour de repos et cette fois, je comptais bien revoir le dragon noir. Ce dernier avait l'air assez farouche et je ne voulais pas mettre en danger les vies des Terreurs. Ils avaient l'air déçu mais je leur promis une course dans la forêt et ils retrouvèrent leur bonne humeur.

Je marchais depuis quelques temps quand j'arrivais au Gouffre des Corbeaux. Le dragon noir était toujours là, allongé près de l'eau. Il avait beaucoup maigri. Je voyais ses côtes sous ses écailles noires. Je m'approchais doucement. Il était encore couvert de sang. Soudain, il ouvrit brusquement les yeux et se releva. Il avait des yeux verts et des pupilles fines. Il s'approcha de moi en cherchant à me faire peur. Ce qu'il réussissait d'ailleurs très bien. Je n'avais pas l'habitude de voir des dragons aussi stressés et sauvages. Je me forçais à bouger pour sortir un poisson de mon sac. Les pupilles du dragon se dilatèrent quelque peu et s'affinèrent de plus belle quand je fis un pas en sa direction. Je lui parlais doucement pour l'apaiser. Mais le dragon ne semblait nullement se calmer et continuait à avancer lentement. Chaque mouvement semblait le faire souffrir. Il fixait le poisson dans ma main et sentait certainement le deuxième dans mon sac. Je le sortis pour me retrouver avec un poisson dans chaque main. Puis, sans prévenir, le dragon noir se jeta sur moi. Je tombais à la renverse et le dragon appuya sa patte sur mon torse. Ma combinaison de cuir amortit un peu le choc mais le dragon avait beaucoup de force et j'eus soudain du mal à respirer. Je le regardais dans les yeux, essayant de lui faire comprendre que je voulais l'aider mais les pupilles du dragon restèrent très fines. Il me regarda quelques secondes avant de rugir, de prendre les deux poissons et de s'enfuir à l'autre bout du Gouffre. J'inspirais d'un coup tout l'air possible quand il enleva sa patte. Mes oreilles sifflaient. Le rugissement avait des airs d'avertissement. Je décidais de ne pas provoquer plus le dragon et partis en courant. Je me frottais le torse. Il m'avait fait mal, j'allais avoir un bleu. Et je n'allais sans doute plus rien entendre jusqu'à la semaine prochaine. Après quelques minutes de course, je m'effondrais contre un arbre, à bout de souffle. Cette Furie Nocturne m'avait fait vraiment très peur. Je n'avais jamais vu un dragon aussi sauvage. Mais ce qui m'intriguais le plus était le fait qu'il soit resté dans le Gouffre après avoir pris les poissons. Il aurait pu s'envoler avec la nourriture mais s'était contenté de sauter loin de moi. Je levais les yeux et une vision d'horreur apporta la réponse à ma question. Là, empalé sur une branche, se trouvait un morceau de queue de dragon. C'était un aileron noir couvert de sang séché. Il appartenait à la Furie, aucun doute. Elle avait dû le perdre durant une violente chute et s'était trainé jusqu'au point d'eau le plus proche, par conséquent, le Gouffre des Corbeaux. C'était ce qui l'empêchait de voler. Mes yeux n'arrivaient pas à se détacher du morceau de peau, autrefois gouvernail. Puis toutes les pièces du puzzle s'assemblèrent dans ma tête. La Furie s'était écrasée durant l'orage. Elle avait dû être touchée par un éclair et était tombée dans la forêt, perdant un morceau de son gouvernail au passage. Elle ne pouvait plus voler, ce qui expliquait qu'elle soit encore dans le Gouffre et sa maigreur. Elle ne pouvait pas chasser non plus. Elle était trop faible. Si je ne faisais rien, la Furie allait mourir. Et je m'en voudrais toute ma vie. Ma décision était prise. J'allais m'occuper de cette Furie Nocturne, qu'elle soit d'accord ou non.

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