Chapitre 3 : Orage

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5 ans plus tard

PDV d'Harold

J'avais chaud et mes mains étaient couvertes de suie. J'essuyais la sueur de mon front avec mon poignet et me remis au travail. Astrid avait amené sa hache à la forge pour que je l'aiguise. Pendant mon travail, je me perdis dans mes pensées. Mes mains connaissaient les gestes et je n'avais pas besoin de rester concentré. Astrid... Depuis le jour de la recherche des dragons, elle était plus souriante. Depuis la fois où elle m'avait adressé la parole dans l'Académie, elle faisait attention à moi. Elle relevait la tête quand j'entrais dans une pièce où elle était déjà présente, elle accompagnait toujours ses demandes à la forge d'un sourire. Elle était plus chaleureuse. Même si elle n'était pas devenue mon ami, cela me faisait du bien de savoir qu'elle avait conscience de mon existence. Elle restait la plupart du temps avec Tempête ou les autres dragonniers. Rustik me victimisait toujours autant. Moi, Harold Horrib' Haddock III, fils de la chef, 20 ans, je n'arrivais toujours pas à m'intégrer au village. Et n'avais toujours pas de dragon. Je continuais à en dresser mais aucun ne me correspondait vraiment. Ma mère me répétait souvent que j'allais trouver un dragon mais je ne faisais pas beaucoup de films. Elle répétait qu'en attendant, j'avais mes cinq petites Terreurs (qui avaient d'ailleurs pris l'habitude de me suivre partout) mais ces cinq petites Terreurs n'étaient pas mes dragons. Ils n'appartenaient à personne. Ils étaient certes dressés et ils aidaient le village mais restaient des dragons sans dragonniers. Ils ne semblaient pas l'avoir compris d'ailleurs car ils me prenaient pour leur maître. Ou, après réflexion, certainement pour leur mère.

Un éclair vert attira mon regard. Quand on parle du loup... Je posais la hache d'Astrid dans un coin et m'assis sur la table, attendant le piège. Ces cinq frères et sœurs adoraient me jouer des tours. Soudain, Pik se glissa sous ma main pour que je le caresse. Il était entièrement vert. Je lui caressais la tête et Isis, la rouge, imita son frère et se glissa sous mon autre main. Slalom, le bleu, Kouja, la violette et My, la jaune, s'assirent en face de moi sur une autre table. Je posais les deux autres avec eux et suspendis mon tablier à un crochet au mur. Pas de piège pour aujourd'hui.

-Alors le club des cinq, m'exclamais-je. Comment ça va aujourd'hui ?

Ils ronronnèrent.

-Harold ? m'appela une voix à l'extérieur.

Je n'avais pas besoin de regarder pour connaître l'identité de la personne. Il suffisait d'écouter mon cœur s'emballer. Je pris la hache et vint à la rencontre d'Astrid qui m'attendait derrière le comptoir. Je lui tendis sa hache avec un sourire qu'elle me rendit. Qu'est-ce qu'elle pouvait être belle. Sa tresse blonde lui retombait sur l'épaule gauche et ses yeux bleus océans étaient si beaux que je pourrais m'y noyer. Mes cinq petites Terreurs me sortirent de mes pensées. Ils s'étaient tous précipités sur moi, me faisant dangereusement pencher en avant. Astrid éclata de rire. Son rire résonna comme une chanson à mes oreilles. Je souris.

-Toujours aussi pot de colle, remarqua Astrid en souriant.

-Toujours.

-Heureusement que Tempête n'est pas comme ça parce que sinon je me ferais écraser.

Derrière Astrid, la Vipère bleu et jaune releva la tête en entendant son nom. Puis sans prévenir, les cinq Terreurs se précipitèrent sur Astrid qui tomba à la renverse pour atterrir sur les fesses.

-Harold ! appela-t-elle.

J'avais du mal à contenir mon fou rire. D'un geste, je rappelais les dragons qui revinrent se percher sur mes épaules et ma tête. Ils ne faisaient de telles démonstrations d'affection seulement à moi et à Astrid. Aller savoir pourquoi...

-Ouf, dit Astrid en s'appuyant sur Tempête qui l'aidait à se relever. Merci. Je ne m'y habituerais jamais.

Elle grimpa sur Tempête et saisit les poignées de la selle, la hache rangée dans son dos.

-Merci pour la hache Harold ! dit-elle en s'envolant.

Je la suivis du regard. Elle allait finir par me rendre fou avec ses sourires. Mon travail étant terminé, je sortis de la forge avec l'intention d'aller dans la forêt. J'y passais beaucoup de temps. Tout mon temps libre en fait. J'aimais y aller car j'y étais tranquille et je pouvais dessiner autant que je le voulais. Les cinq Terreurs encore sur mes épaules, je pris la direction de la forêt mais un Cauchemar Monstrueux rouge se posa en travers de mon chemin.

-Eh la nounou des Terreurs ! s'écria Rustik du haut de Krochefer.

Depuis qu'il avait son dragon, il n'avait plus peur de ces cinq petits dragons. Je soupirais. La demi-heure suivante allait être looonngue.

PDV d'Astrid

Qu'est-ce qu'il pouvait être séduisant dans sa combinaison en cuir... « Ouh là Astrid tu t'égares » pensais-je. Mais c'était tellement vrai... Depuis que je m'étais promis de ne plus lui être aussi indifférente qu'auparavant, j'avais découvert un Harold beaucoup moins renfermé. Il avait beaucoup grandi depuis le jour de la recherche des dragons, comme nous tous d'ailleurs. Mais lui, c'était flagrant. Il était passé du petit garçon fétiche au jeune homme grand et fort. La forge avait forgé les muscles de son torse et ses épaules s'étaient élargies. Il avait une mâchoire carré et ses cheveux bruns étaient toujours désordonnés sur sa tête. J'avais envie d'y faire des petites tresses à chaque fois que je les voyais. Mais ce n'était rien comparé à ses yeux. Ses yeux verts émeraude dans lesquels je me perdais à chaque fois que je regardais Harold. J'étais amoureuse de lui, même si je ne me l'avouerais jamais. Un petit grognement me sortis de mes pensées. Tempête volait en cercle depuis quelques minutes, ne sachant pas où aller.

-Ah oui désolé ma belle. L'Académie, on va s'entraîner.

Tempête poussa un petit cri de joie et fonça sur l'Académie. Elle adorait ces séances d'entraînement.

Nous travaillâmes le lancée d'épines quelques heures quand soudain, un bruit éclata comme un roulement de tambour. Je levais les yeux au ciel pour voir qu'un orage se préparait. A peine, j'eus constaté cela qu'un éclair fondit sur l'Académie. Tempête réagit très vite et se précipita sur moi pour me protéger de ses ailes. L'éclair frappa la pierre à quelques mètres de nous.

-Ouh la merci ma belle. Viens on reste pas ici.

Je grimpais sur son dos et elle s'envola vers ma hutte. A la base, j'avais prévu qu'on passe, Tempête et moi, quelques jours dans la forêt loin du village pour perfectionner nos compétences. J'avais prévenu mes parents et ils étaient au courant. Tant que je ne m'approchais pas du gouffre du corbeau, tout allait bien. Tempête se réjouissait de cette sortie et moi aussi mais vu les circonstances, nos plans tombaient à l'eau. Je sentis une goutte de pluie sur mon bras, puis une autre et encore une autre. En moins de deux secondes, une violente averse nous tombait sur la tête. Les ailes de Tempête étaient lourdes et elle avait du mal à résister au vent violent qui s'était levé.

-Courage ma belle, on est bientôt arrivés, la réconfortais-je.

Mais à peine j'eus finis ma phrase qu'une bourrasque de vent nous emporta loin du village. Puis une autre, et encore une autre jusqu'à ce qu'on s'écrase sur une petite île. Je ne voyais plus Beurk. Un éclair frappa une branche derrière moi et puis plus rien, le néant.

Un rien peut tout changer...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant