Chapitre 11 : Bannissement et déclic

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PDV d'Astrid

Deux Vikings le saisirent et l'emmenèrent. Je ne pouvais pas bouger. Je n'y croyais pas. Harold n'avait pas tué Pik. Je le savais. Tout simplement parce que je l'avais espionné toute la journée. Je voulais savoir ce qu'il fabriquait dans la forêt. Bon, et aussi un peu parce que j'aimais le regarder. Mais la mort de Pik m'avait laissé sans voix. Harold pense certainement que je suis de l'avis des villageois. Que je pense qu'il a tué Pik. Valka me sortit de mes pensées en posant sa main sur mon épaule.

-Je suis désolée Astrid, dit-elle. Je sais que vous vous êtes rapprochés depuis quelques temps.

Elle se dirigea vers les Terreurs Terribles mais ceux-ci grognèrent. Elle recula.

-Laissez-moi faire, dis-je, les yeux pleins de larmes.

Je m'approchais doucement et au lieu de me grogner dessus comme avec Valka, ils grimpèrent doucement sur mes épaules. Je sentis My blottir sa tête dans mon cou et je sentis ses larmes couler sur ma peau. Je me mis à pleurer aussi. Je m'étais beaucoup attachée à ces Terreurs depuis qu'ils m'avaient retrouvé et qu'ils aient perdu un membre de leur bande m'anéantissait. Les Terreurs resserrèrent leurs étreintes. Je les caressais. Nous nous réconfortions mutuellement. Valka observait la scène.

-Comment as-tu fait ça ? demanda-t-elle.

-Ça quoi ?

-Comment as-tu fait pour t'approcher.

-Premièrement, je pense qu'ils me considèrent comme leur grande-sœur. Et deuxièmement, vous venez de bannir leur grand-frère, la personne qui a le plus d'importance à leurs yeux. La seule qui se soit jamais occupé d'eux.

My me mordilla l'oreille comme pour me dire : « Toi aussi tu t'occupes de nous ».

-Ce sont peut-être des dragons mais ils ne sont pas bêtes, repris-je. Ils ont bien compris que c'était votre faute s'ils n'allaient plus jamais voir Harold.

-Mais... Harold vient de tuer leur frère...

-Avec tout le respect que je vous dois Valka, je ne pense pas que vous soyez en mesure de juger de la réaction de quatre Terreurs Terribles orphelins par votre faute.

Valka ne sembla pas se vexer.

-Tu as raison, dit-elle doucement.

Elle partit. J'aurai juré l'entendre pleurer. Pour la mort de Pik ou pour le bannissement de son fils ? Thor seul le savait.

Le lendemain, Harold était partit. On l'avait abandonné à l'océan avec seulement des vivres pour deux jours. J'avais enterré Pik à l'endroit où Harold le dessinait souvent. Au pied d'un arbre, dans une petite clairière où coulait un ruisseau. J'avais planté un bâton au-dessus de la tombe et y avait cloué un dessin de Pik que m'avait donné les autres Terreurs. Sur le dessin, Pik semblait heureux et plein de vie. Tout le contraire de maintenant. Je savais que la tradition était de brûler les morts mais je ne pouvais m'y résoudre.

J'avais dû retenir les quatre Terreurs quand Harold était parti. Elles criaient à son intention, elles l'appelaient. Harold s'était retourné et m'avait souri. De son petit bateau, il avait fait un geste de la main et les Terreurs avaient arrêté de lutter. Une larme avait perlé sur sa joue. Puis, il avait disparu. A jamais.

•••

Je serrais les Terreurs dans mes bras. Harold était parti ce matin et la nuit commençait à tomber. J'étais assise dans la clairière de Pik. Mon haut était trempé. De mes larmes et de celles des Terreurs. Tempête était couchée près de moi. Elle savait ce que je ressentais. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Je lui avais parlé. Toute la journée. Je lui avais parlé d'Harold et elle m'avait écouté. Je ne pouvais rêver meilleure amie. Elle me poussa le bras. Il fallait rentrer. Je m'envolais donc avec elle et les Terreurs qui me suivaient maintenant partout. Je survolais la hutte des Haddock et les derniers mots de Valka me revinrent en mémoire : « Quiconque partira à sa recherche sera banni à son tour ». Elle s'était ensuite enfermée dans sa hutte. Même Gueulfor n'avait pu entrer. Les larmes recommencèrent à couler. Tempête se posa devant ma hutte et je descendis de son dos. Mais, je ne fis rien de plus. Elle me poussa pour me faire avancer mais je n'en étais pas capable. Elle était trop grosse pour entrer dans la hutte donc, elle me prit par la capuche et m'emmena avec elle dans sa grange, à côté de la maison. Elle se coucha et je me blottis contre elle. Les Terreurs firent de même.

-Merci ma belle, murmurais-je.

Elle grogna doucement. Soudain, je sentis quelque chose dans ma botte. Je sortis l'objet. C'était le poignard d'Harold. Il était encore plein de sang. Je l'observais de plus près. Le bout de la lame était cassé, comme si on avait eu du mal à le retirer d'un support. Je savais que ce support était le mur de la chambre d'Harold. C'était moi qui l'y avais mis. Je m'entrainais à le lancer pendant qu'Harold m'expliquait le fonctionnement d'une invention destinée à éteindre les feux, la raison de ma venue. Mais je savais qu'Harold n'aurait eu aucun mal à le retirer du bois. Encore un argument prouvant son innocence. Je repensais à ce qui s'était passé. Si Mildiou n'avait pas été là, Harold serait encore ici. Soudain, je me rendis compte d'une chose. Mildiou n'avait rien à faire là. Quand j'avais entendu Harold crier, je l'avais vu dans le village. Or, il avait dit qu'il essayait de dormir dans la forêt.

Les pièces du puzzle s'assemblèrent. Mildiou savait qu'Harold sera là à ce moment précis et il était revenu. Il savait que Pik avait été poignardé. C'était lui qui l'avait fait. Tout était cohérent. Mildiou avait pris le poignard d'Harold pour commettre son meurtre. Mais il était vieux et avait eu du mal à le retirer du mur, ce qui expliquait le bout de la lame cassée. Il était ensuite allé dans la forêt et avait poignardé Pik qui avait hurlé. Il était retourné au village avant qu'Harold ne trouve Pik et quand il m'avait vu courir vers la forêt, il m'avait suivi pour ensuite crier au meurtre. Et avait ainsi fait bannir Harold. Je me levais d'un coup, réveillant les dragons.

-Les p'tits gars, dis-je. On va retrouver votre grand-frère.

Un rien peut tout changer...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant