Le Nouvel An

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Point de vue de Tala :

Recroquevillée sur moi-même, respirant faiblement, je tentai de réfléchir à un moyen de sortir du coffre dans lequel j'étais coincée. Enfin, j'en avais déduit que c'était un coffre, puisque de temps à autres j'étais ballottée dans tous les sens, sûrement à cause des trous dans la route. De plus, le moteur du véhicule qui était sûrement un 4x4 grondait bruyamment, me donnant un mal de crâne abominable.
Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais là-dedans, mais dès le moment où je m'étais réveillée, je m'étais dépêchée de trouver un plan pour me sortir de là. Seulement, jusqu'à présent, je n'en avais pas trouvé. J'étais couchée dans un coffre, les chevilles et les poings liés. Seules ma rage et ma peur me permettaient de résister à cette envie d'abandonner la partie. Ainsi que la voix d'Iskander que j'entendais dès que je me concentrais.
J'avais réussi à établir une connexion avec lui la troisième nuit de mon voyage, alors que je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je m'étais demandé comment il allait, j'avais essayé de l'imaginer dormant paisiblement dans son lit. Soudain, j'avais entendu sa voix, les bruits autour de lui, puis j'avais fini par le voir. Pas de façon nette, néanmoins. Plus comme une silhouette argentée, en fait. Ensuite, des objets autour de lui étaient apparus. Akis l'avait rejoint et ils avaient discuté d'un carnet rouge dans lequel figurait peut-être l'adresse exacte du clan de Patamon. Lorsque Husna était entrée dans la pièce quelques minutes plus tard, la connexion s'était perdue. Depuis, je n'étais pas parvenue à le recontacter. C'est d'ailleurs ce qui m'avait fait repérer. Deux jours après, trop occupée à essayer de le retrouver, de lui reparler, j'avais été moins sur mes gardes, je n'avais pas fait attention à ce qu'il se passait autour de moi et des suppôts de Satan m'avaient kidnappée. Je veux dire, des hommes de la meute de Patamon.
Alors que je dormais près d'un grand rocher sous ma forme animale, j'avais senti quelque chose de lourd et froid se glisser autour de mon cou. Lorsque j'avais ouvert l'œil, je faisais face à trois hommes robustes qui souriaient. L'un d'eux avait ordonné qu'on serre plus fort, et je m'étais soudain mise à suffoquer, étranglée par une chaîne longue de plusieurs mètres. Je m'étais débattue pendant plus de dix minutes, envoyant valser la plupart de mes ennemis, mais un loup apparemment plus fort que les autres m'avait frappée et j'étais tombée à terre. Manquant d'air et ensanglantée, j'avais perdu connaissance. 

Voilà donc où j'en étais. Le point positif, c'est qu'au moins j'arriverais plus vite chez Patamon. Mais ma blessure m'affaiblissait terriblement, et étrangement, elle ne cicatrisait pas. Alors que je réfléchissais à ce que je pouvais faire, je sentis la voiture ralentir. J'entendis l'enclenchement du frein à main, puis des portières claquèrent. Des voix se rapprochèrent et se firent de plus en plus distinctes. 

"Oui, de toute façon on est bientôt arrivés. Non, il n'y a que Lee et moi. Les autres sont partis acheter de quoi manger. Je pense qu'on arrivera au petit matin maximum. Oh, la fille ? Elle va bien. J'allais justement m'en occuper. OK super, à plus."

"Attends, t'es sérieux ?"

"Ecoute Lee, j'obéis à l'Alpha, d'accord ? Il la veut en vie." répondit le premier. 

J'entendis un cliquetis, puis le coffre s'ouvrit. Il faisait nuit, dehors. J'aperçus deux hommes vêtus de noir, avec des plumes dans leurs cheveux longs grisonnants. Si je n'avais pas eu la gorge serrée, je leur aurais sûrement demandé s'ils étaient des figurants dans un western. Il ne leur manquait plus que les chevaux. 
Avant que j'aie pu dire quoi que ce soit, l'un des deux m'attrapa sous les aisselles et me sortit de la voiture. Il m'aida à m'asseoir sur le rebord du coffre et s'accroupit pour défaire la corde qui me liait les chevilles. 

"Laisse ses mains attachées, on ne sait jamais." dit le deuxième, qui restait en retrait. "Je vais aux toilettes, à tout de suite."

Vu son air bougon et sa méfiance envers moi, cet homme devait être Lee. Il s'éloigna en traînant les pieds et disparut dans la station essence qui était toute proche. 

Tala AnabaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant