Captive

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"Conduisez-la directement à la tente de l'alpha." aboya quelqu'un.

La voiture venait de s'arrêter, et le froid venant de l'extérieur me picota la peau. Je ne voyais plus rien, on venait de me mettre un sac en lin sur la tête. J'étouffais petit à petit et je n'arrivais pas à parler.

Quelqu'un me poussa violemment et je tombai à quatre pattes sur du goudron. Je lâchai un cri de douleur, ma blessure venant de s'aggraver. La douleur me fit tourner la tête, et je faillis bien m'évanouir. Une personne m'attrapa les bras et me souleva.

"Allez, avance. On n'a pas le temps pour tes pleurnicheries."

Je sentis la rage prendre le dessus sur la douleur. Je tentai de me détacher de ces mains qui me faisaient penser à des menottes. Elles étaient froides et paraissaient incassables.

"Lâche-moi !" hurlai-je en donnant des coups de coudes.

Les menottes humaines se desserrèrent un court instant. J'avais réussi à le déstabiliser. Malheureusement, sa poigne était tout de même ferme, ce qui m'empêcha de m'enfuir. Des hommes autour de moi ricanèrent, déclenchant en moi une nouvelle vague de fureur. On me poussa plus doucement cette fois, et je dus me mettre à marcher, me mordant l'intérieur de la joue pour ne pas hurler de douleur. Au loin, j'entendis des cris de joie et de la musique des années 70. J'aurais donné n'importe quoi pour aller les rejoindre.

"Carl ! L'alpha tient à ce qu'elle participe à la fête !" cria un homme au loin.

Celui qui me tenait un peu trop fermement jura et me poussa vers la gauche. Même si j'étais morte de trouille, je ne pus m'empêcher de dire sur un ton haineux :

"On irait plus vite si je voyais où je marchais."

"Ferme-la !" répondit-il.

Super.

Peu à peu, le son des festivités augmenta. Plus je m'en rapprochais, plus je ressentais une joie qui semblait... restreinte. Comme si les gens tentaient de s'amuser mais s'inquiétaient intérieurement d'un je ne sais quoi. Soudain, le silence tomba brutalement. A travers le sac en lin, je discernai une lumière vive et un crépitement. Sûrement un feu de camp. Des murmures circulèrent autour de moi. Cette fois, je ressentis de l'inquiétude. Comment se faisait-il que je ressente la même chose que les gens ici ?

"Lâchez-la." ordonna une voix grave et profonde, comme si elle provenait d'une grotte non loin d'ici.

Les mains autour de mes avant-bras disparurent comme par enchantement et je tombai en avant, m'écrasant la figure contre le sol. Je lâchai un gémissement et sentis un liquide chaud couler sur mon menton. Je me mis à genoux et arrachai le sac de ma tête. Je le balançai au loin et jetai un regard autour de moi. J'étais au centre de l'attention, en plein milieu d'un cercle d'inconnus qui m'observaient avec appréhension. À ma droite, je vis la foule remuer, puis s'écarter d'un seul coup. Ne sachant pas à quoi m'attendre, je me mis debout et plantai mes pieds dans le sol, le poings serrés. Une silhouette sombre et imposante marcha lentement vers moi. C'était un homme à l'allure menaçante. Plus il se rapprochait, plus ses traits se dévoilaient, durs et méprisants. Ses yeux bleus reflétaient une lueur dangereuse. Il était grand, environ un mètre quatre-vingt et était normalement musclé. Son sourire me fit penser à un couteau de cuisine bien aiguisé. Ses joues étaient creuses et sa mâchoire carrée. Ses cheveux étaient longs et ondulés, d'un brun ténébreux. Quand il planta son regard dans le mien, je sentis mes jambes trembler. Je fis de mon mieux pour ne faire paraître aucune émotion, mais j'étais terrorisée. J'avais du mal à respirer et je serrai les mâchoires de toutes mes forces pour ne pas que mes dents s'entrechoquent bruyamment. L'homme s'approcha jusqu'à s'arrêter à moins d'un mètre de moi. Il sourit à nouveau et je remarquai une cicatrice dans le coin droit de sa bouche.

Tala AnabaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant