Chapitre X - Combattants

458 43 0
                                    

« La lutte est sévère, entre les ténèbres et la lumière. » – Martine Le Coz

« Alors il faut qu'on y aille ! Qu'est-ce que vous attendez ? » s'écrie Bunny et il tape du pied, décidé à créer un Terrier jusqu'à Beurk – mais aucun creux ne se forme à l'intérieur du sol, ses Terriers ne savent pas situer le village viking.

« T'as raison, fait Jack. C'est par où, ton village ? »

Harold tente de chasser le flux d'émotions qui traverse son cœur, mélange de regrets et de frustration.

« On ne peut pas partir maintenant. »

Le jeune homme ne voit que Jack, mais tous les Gardiens qui s'affairaient, commençaient déjà à prévoir un plan d'attaque, se sont arrêtés d'un seul coup.

« Attends attends attends j'ai pas bien entendu je crois, qu'est-ce qu'il a dit ? » Bunny s'adresse à Jack et il est tellement sur les nerfs que le Gardien de l'Amusement se sent obligé de tendre la main vers lui, comme pour l'arrêter, lui dire de se calmer.

« On n'est que sept contre deux entités qui ont enlevé des milliards d'enfants, poursuit Harold quand il voit que Jack l'écoute – et suppose que les autres aussi. On peut pas combattre Pitch et la Fille du Roi des Aulnes en les protégeant à côté.

Un instant, Harold songe que son père serait fier de lui. Lui qui est toujours impulsif d'habitude s'est retrouvé à incarner la voix de la Sagesse auprès des Gardiens, peut-être parce qu'Astrid n'est pas ici pour endosser ce rôle.

– Et tu as une idée ? lui demande Jack – c'est en fait une question de Fée.

– Non. »

Ils soupirent tous ensemble, s'asseyent. Des tics nerveux plus ou moins visibles les prennent. La patte de Bunny frappe le sol à toute vitesse.

Ils réfléchissent. C'est difficile. Les enfants sont en danger, les minutes s'écoulent et ils n'agissent pas. Ne font rien. Restent immobile. Parce que le problème auquel ils sont confrontés les dépasse toujours ; moins qu'avant, mais toujours. Ils ne comprennent toujours pas pourquoi l'Homme de la Lune n'a appelé aucun renfort.

Des formes sablées se forment au-dessus de la tête de Sab au bout de vingt minutes de silence pesant. On voit une famille évoluer. L'enfant se dirige vers la Fille du Roi des Aulnes en laissant ses parents derrière lui. Son père court vers lui, prend sa main – l'enfant s'extirpe de sa poigne. La mère arrive et la Fille du Roi des Aulnes disparaît. L'enfant reste auprès de sa mère.

Ils se lèvent soudain, à l'unisson. Le viking en sursaute. Jack lui explique l'idée de Sab. Ils ont besoin des mères du monde entier.

« Je veux bien, commence Harold, mais comment on les prévient ? »

Ils s'arrêtent encore et Bunny voit rouge, il se retient de ne pas se battre avec le chef de Beurk – probablement l'aurait-il déjà fait si celui-ci pouvait le frapper, pour le moment il ne peut que le traverser. Le Gardien de l'Espoir est furieux contre lui qui garde beaucoup trop les pieds sur Terre à son goût, qui leur fait perdre espoir à chaque fois qu'une piste leur vient, et qui, surtout, a raison à chaque fois.

Parce que c'est vrai. Les adultes, les mères ne voient pas les Gardiens. Elles ne croient plus au Lapin de Pâques, à la Fée des dents, au Père Noël, au Marchand de Sable, n'ont pour la plupart jamais cru en Jack Frost et feraient une syncope si un viking chevauchant un dragon venait frapper chez elles, d'autant plus que faire du porte-à-porte sur la Terre entière prendrait de ce temps qu'ils n'ont plus.

Nord fait les cent pas, comme à chaque fois qu'ils doivent trouver une solution peu évidente. Tapote le manche de son sabre.

« Il y a une solution, rappelle-t-il, le front creusé par la réflexion. Je le sens. Dans ma bedaine », et puisque son ventre a souvent de l'esprit, les autres lui font confiance – ils n'ont pas d'autre choix.

Cauchemars d'enfants - HIJACKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant