Le lendemain
J'arrive en avance et attends, comme tous les jours depuis un mois, qu'AeCha daigne arriver. Nous sommes un vendredi, alors elle m'a promis de venir plus tôt, puis comme elle n'a pas cours demain et que je ne travaille pas ce soir, on pourra rester jusque vraiment tard ensemble. À vrai dire, ça me réjouit, parce que je me sens bien avec elle. Une de mes plan cul m'avait proposé de se voir ce soir, mais j'ai refusé directement, préférant passer ce jour important avec ma gamine attitrée. Je souris en la voyant arriver, encore en uniforme, mais cette fois ci couplé avec des collants résille, ses Dr. Martens, de nouveau son manteau beige et ses cheveux coiffés en deux tresses collées au crâne. Elle semble aussi avoir adopté ses lunettes, je lui demanderais si ce sont des vraies à l'occasion. Je souris en la voyant rester debout devant moi, l'air impatiente.
«- On va acheter un peu de bouffe avant ? je lui demande gentiment.
- Ouais ! En plus cette fois ci je suis moins fauchée que d'habitude, m'annonce-t-elle, l'air très fier.
- Ah bon ? Toi ?
- Je te jure.
- Et moi je te crois pas.
- Tu vas voir, je paierai au konbini.»Cela me fait rire, de la voir aussi déterminée. Nous marchons en silence jusqu'au magasin. Ce que j'aime quand je suis avec AeCha, c'est qu'il n'y a pas de blanc pesant, de blanc gênant ou désagréable. À chaque fois qu'il y a un silence, c'est pour se lancer des regards furtifs et rire sans raison. On ne s'ennuie jamais, il y a toujours quelque chose à faire, quelque chose à dire. C'est en partie pour ça que je l'apprécie autant.
Dans le konbini, je la vois se saisir de plusieurs paquets de snacks et de deux petits pain. J'attrape sa boisson habituelle et un lait au chocolat pour moi, puis elle paie et nous sortons.«- C'est la première fois de ma vie que je te vois payer quelque chose, je lui fais remarquer.
- Arrête de te foutre de moi !
- J'y peux rien, c'est ma nature !» me défendais-je.Je la vois tourner la tête, et ne plus me regarder.
«- Tu vas quand même pas bouder aujourd'hui, si ?
- Si.
- T'es pas drôle !
- En même temps tu me cherches.
- À quel moment j'ai été vraiment méchant ? Je fais que te taquiner, comme chaque jour.»Elle me regarde, esquisse un sourire, puis détourne la tête. AeCha me paraît triste. Ce sont deux mots qui ne vont pas ensemble, elle ne peut juste pas être triste. AeCha est heureuse, pétillante, et fait toujours des blagues pourries mais en rigole. Une fille qui boude pour rien et avec un regard triste n'est pas ma gamine attitrée. Alors je l'arrête en pleine rue, et la serre contre moi.
«- Je ne sais pas pourquoi tu es triste, mais j'imagine que c'est quelque chose de plus grave que mes conneries. Je suis quand même désolé d'avoir dit ça. Si tu veux que je t'aide, de n'importe quelle manière, je le ferais ; dis le moi, simplement. Mais je ne veux pas te voir triste, pas ce soir.»
Elle se blottit contre moi, et accroche sa main ne tenant pas le sac à mon t-shirt. Je caresse lentement son dos. Elle finit par se séparer de moi, et je remet ma main dans la poche de mon manteau. Peu de temps après, une main chaude s'y faufile aussi. Je reconnais celle d'AeCha. Elle ne serre pas la mienne, ne la tient pas, elle est simplement à ses cotés. Au bout d'un petit moment, elle reprend la parole et me raconte sa journée pendant que je l'écoute avec attention.
Je suis heureux que tout se passe bien pour elle en cours. Elle s'est même fait quelques amis dans sa classe, ce que je trouve admirable. Je n'aurais pas été capable d'en faire autant à son âge. Mais en même temps, je ne suis pas du genre à me lier facilement. Nous prenons le métro, puis marchons un peu dans un quartier de Séoul qui m'est inconnu, guidés par le GPS de mon téléphone. Une fois devant la tour, je regarde la queue et soupire.

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Loser [ k.nj ]
FanfictionRécit des jours où AeCha court vers NamJoon, le sourire aux lèvres. « -J'ai pas besoin de toi. - C'est ça ! » Elle, la gamine écervelée pleine de rêves et d'espoir, qui court vers lui, loser presque adulte, assis sur leur banc.