Jour 79

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5 jours plus tard

Je suis debout devant notre banc, en train de faire l'inventaire de mon sac. Argent, la base. Papiers d'identité, on sait jamais. À manger, tout est tellement cher là bas. Une bouteille d'eau, histoire d'éviter de mourir par déshydratation. La peluche qu'AeCha m'a solennellement confiée hier après midi. "Regarde, elle est trop mignonne. Elle ira à Lotte World avec nous !". Quelques stylos et du papier, ça traînait au fond et j'ai eu la flemme de l'enlever. Enfin, les billets d'entrée que j'ai au préalable achetés sur internet, pour éviter la queue, car, malgré les arguments d'AeCha pour défendre les files d'attentes, je ne suis toujours pas convaincu.
Je pense que j'ai tout.
C'est alors que j'entends l'habituelle voix d'AeCha, qui crie mon nom en même temps qu'elle court dans la rue.
Il est à peine midi, j'imagine qu'elle déborde d'énergie.

Elle arrive devant moi, et me saute littéralement dessus, en s'agrippant à ma nuque, et en enroulant ses jambes autour de ma taille. Je passe mes bras dans son dos pour la soutenir. Je l'entends rire, d'un rire clair et cristallin : j'adore tout simplement ce son.

«- Namjoonie, je suis vraiment heureuse !
- Moi aussi, AeCha. Moi aussi.»

Elle me lâche un peu la nuque, et me sourit de toutes ses dents pendant que je la dépose au sol. Je remarque que ses yeux forment un eyes smile, ce qui est tout simplement adorable. Je lui souris à mon tour, et mets mon sac sur mon épaule. Elle commence à sautiller devant moi, pendant que je détaille sa tenue du jour. Mon amie porte évidemment son manteau beige clair, où sont échouées des mèches noires et rouges de ses cheveux lâchés. Encore une fois, son manteau est ouvert. Elle porte un pull d'un blanc laiteux au col haut et relevé, couplé avec une jupe noire et des collants en laine gris clair. Pour couronner le tout, elle est chaussée de bottines en daim foncé, et a enfoncé un bonnet bordeaux sur sa tête. À travers ses grandes lunettes rondes et dorées, ses yeux me regardent, l'air adoucis.

«- On y va ?»

J'acquiesce et la suis. Nous parlons de la pluie et du beau temps jusqu'à l'arrêt de métro, au bout de la rue où se trouve notre banc. Nous marchons côte-à-côte jusque dans le métro, et nous asseyons l'un côté de l'autre.

«- Tu te plais toujours dans ton collège ?»

Elle ne me répond pas. Je me tourne vers elle, et la regarde avec insistance.

«- Tu t'es pas réconciliée avec tes amis, n'est ce pas..?»

Elle se tourne elle aussi vers moi, les yeux quelque peu embués.

«- La semaine dernière, je ne t'avais pas dit pourquoi je pleurais, n'est ce pas ? Et...»

Je comprends que c'est compliqué de le dire pour elle, alors la laisse continuer sans la couper.

«- Ils me détestent, parce que j'ai osé leur dire que tu es plus important qu'eux.»

Je passe mon bras autour de son épaule, et attrape sa main de mon autre bras. Elle pose doucement sa tête sur mon épaule.

«- Je me sens seule, là-bas, NamJoon. Je suis bien mieux avec toi.»

Je souris sans rien lui répondre.
Elle sourit doucement, je le sais, je connais ce sourire.

Nous arrivons enfin à terme de notre long voyage en métro. La bouche de métro donne directement sur l'entrée du parc d'attraction.

Amusé, je la regarde courir en cercle autour de moi, l'air émerveillé. Elle revient vers moi, des étoiles dans les yeux, et un magnifique sourire sur son visage.
Nous passons la grille dorée du parc.
Autour, tout est comme si l'on portait des lunettes accentuant les couleurs. Chaque enfant déborde de rires, et les parents les regardent gentiment, attendris. Tout est grand, monumental presque, et chaque allée est bordée de stands divers et variés. Les attractions sont facilement repérables au loin, grâce à leurs files d'attentes et aux cris s'élevant dans le ciel. Aujourd'hui, le soleil perce à peine permis les nuages, et de la neige est annoncée pour la nuit, ce qui a fait sourire AeCha quand je lui ai dit. Elle a donc décidé de passer la nuit chez moi, à regarder le ciel par la fenêtre.

Les mascottes se succèdent, provoquant chacune un éclat de rire d'AeCha.
Nous essayons beaucoup d'attractions...
Elle n'a pas peur des montagnes russes.
Mais elle se réfugie contre mon torse dans le train fantôme.
Elle insiste pour faire des manèges réservés aux enfants.
Les musiques de Noël retentissent dans nos oreilles.
Elle me tire par la main pour essayer un stand de tir à la carabine, je réussis et lui laisse choisir la peluche qu'elle veut.
Nous marchons main dans la main, elle avec dans les bras le petit chien en poils synthétiques qu'elle m'avait confiée pour venir, moi avec le poulain qu'elle a choisi pour moi au stand de tir.
Il paraît qu'il y aura des feux d'artifices, tout à l'heure. AeCha en a peur, alors nous n'irons pas.
Une mascotte chante, debout sur le perron d'un faux château rose, sûrement une attraction de princesses.
Nous apercevons une grande roue, Et décidons de faire la course jusqu'à elle en prenant deux chemins différents.

Je suis assis devant la grande roue depuis bientôt dix minutes, et j'attends AeCha. Mon souffle s'est régulé depuis notre course, mais mon cœur bat toujours fort, en grande partie parce que je m'inquiète pour elle.
Je finis par la voir arriver, les joues rougies par le froid et l'effort.
Elle ne dit rien, me prend simplement par la main, et m'amène devant un stand de nourriture. Elle demande deux barbapapas, et sort son porte monnaie de sa poche avant que j'aie eu le temps d'esquisser un seul geste. Une fois que nous sommes servis, elle se tourne vers moi, et met sa barbapapa devant son visage. Je ne la vois plus, tellement la mousse rose est épaisse. J'éclate de rire et elle fait de même. Nous partons tous les deux en direction de la grande roue, un sourire aux lèvres et sans courir, cette fois ci. Nous montons dans la grande roue, après quelques minutes de queue, durant lesquelles AeCha m'a encore exposé ses arguments pour la survie des files d'attentes.
Nous montons, seuls dans une cabines, l'un en face de l'autre. C'est toujours dans ces moments, dans les films, qu'il se passe quelque chose. Toujours.

«- Au collège, on me traite de pute.»

Je ne m'attendais pas à ce genre de révélation de sa part. Mais je me doutais qu'elle vivait quelque chose comme ça ; et ses crises de larmes m'ont mis sur la piste. Néanmoins, une question reste dans mon esprit :

«- Pourquoi ?»

Elle secoue simplement la tête, signe qu'elle ne sait pas. Elle tourne la tête vers la vitre. Je la sens triste, alors je prends l'initiative de venir m'asseoir à ses côtés, et passe mon bras autour de ses épaules. Elle accroche mon t-shirt, et pose sa tête contre moi.

«- Je suis heureuse que tu entres au Woonhan Center School l'année prochaine.
- Moi aussi...
- Mais j'ai peur qu'on se perde de vue.»

Je me rapproche d'elle, et lui chuchote :

«- Ne t'inquiète pas.
- Ça veut dire qu'on continuera de se voir, après ? me demande-t-elle d'une fragile.
- Oui, je te le promets.
- Alors moi aussi je te le promets.»

Je souris à l'entente de sa remarque.
Always

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ON EN PARLE DU MÉDIA JE BAVE

Et au cas où vous vous posez la question, il n'y a pas de point apres Always parce qu'il n'y a pas de fin à toujours

Luv ⭐️

Loser [ k.nj ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant