Loser [ k.nj ]

Jour 37

5 jours plus tard

Une nouvelle fois, j'attends AeCha, assis sur notre banc, cette fois ci officiellement notre. Je l'attends pendant longtemps. J'ai regardé et détaillé les passants, fait état de la perte des feuilles dans les arbres, et regardé l'heure sur mon téléphone une demi-douzaine de fois. Je me décide enfin à aller au konbini acheter nos boissons. Quand je reviens, après quelques minutes, j'aperçois AeCha, assise sur notre banc, étrangement silencieuse. La seule fois où elle était là avant moi, elle m'avait cherché dans tout le quartier, à grand renfort de cris. Je m'inquiète soudainement pour elle, et me rapproche du banc rapidement. J'arrive derrière elle, et pose doucement ma main sur son épaule.
Elle sursaute et se retourne vers moi, les yeux rougis.

«- AeCha ? Tu as pleuré ?»

Elle nie d'un signe de tête, et rit, mais tout sonne faux. Je m'assieds à côté d'elle, et l'observe.

«- Dis moi si quelque chose te rend triste.
- NamJoon ? On peut aller chez toi ?»

J'ouvre grand les yeux à sa demande, et fronce doucement les sourcils.

«- Tu me diras ce qu'il se passe ?»

Elle hoche la tête.

«- Allons-y. Mais je te préviens, c'est crade.
- C'est pas grave.»

Je marche vers la station de métro, et elle m'emboite le pas. Je m'inquiète vraiment pour AeCha, ce comportement ne lui ressemble pas du tout. Le silence entre nous est un silence pesant, elle est triste et cela m'inquiète beaucoup. Je ne parle plus, car elle me répondait par monosyllabes. Devant ma porte, je passe ma main dans mes cheveux, et lui demande :

«- Ça te dérange si tu attends ici 5 minutes ? Je dois au moins cacher le bordel.
- Pas de problème.», me répond-t-elle en souriant.

Je m'éclipse dans mon appartement, laissant la porte d'entrée entrouverte. Je me saisit de tous les vêtements sales traînant par terre, cache une boîte de capotes, et balance dans des placards de la cuisine mes quelques paquets de clopes et un sachet de beue. J'ouvre en grand mes velux, et range la vaisselle de mon dernier repas dans le lave-vaisselle, puis retourne ouvrir à AeCha.

«- Bienvenue dans mon magnifique deux pièces. Il s'appelle Bobby, il est sympa mais y'a des dégâts des eaux dans la cuisine. Et puis sous les combles c'est pas top, mais comme c'est le seul à la hauteur de mes moyens, je m'adapte.
- Je m'attendais à pire.
- Heureusement que j'ai rangé.», m'autocongratulais-je.

Elle dépose son manteau au porte manteau, je fais de même, et elle va dans ma chambre s'asseoir sur mon lit, puis je me pose sur le sol, en face d'elle.

«- Alors ? Tu veux bien me dire maintenant pourquoi tu es triste ?
- Oui. Mais, je te dis, c'est quelque chose de stupide...
- Je m'en fiche, dis moi, je lui ordonne presque.
- Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Je sais que mes parents ne m'aiment pas vraiment, je sais tout, aussi que je n'étais pas désirée. C'est con, mais ce matin j'espérais que mes parents soient gentils avec moi. Qu'ils me souhaitent mon anniversaire, rien de plus... Mais raté, ils ont même été encore plus odieux que d'habitude. Et je suis simplement déçue, je sais que ce n'est rien par rapport à ce que vivent certaines personnes mais...»

Elle ne finit pas, et descend juste du lit pour venir se blottir dans mes bras. Je relève mes jambes, comme j'étais assis en tailleur, et caresse sa nuque. Je sens sa tête dans le creux formé par mon cou et mon épaule. Je sens ses larmes couler le long de ma peau. Je comprends qu'elle fait tout pour cacher quand elle est triste, qu'elle ne montre jamais ce qu'elle ressent vraiment. Ce doit être la première fois qu'AeCha pleure pour ça, dans sa vie.