Jour 15

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Le lendemain

Je sors de mon petit appartement, et en dévale les marches, le plus rapidement possible. Je crois que je suis déjà en retard pour rejoindre AeCha. Je claque la porte de mon immeuble, et saute dans le premier bus que je vois, et qui, me semble-t-il, passe souvent dans la grande rue d'où part celle, plus petite, où il y a notre banc. Je fais quelques arrêts, m'impatientant près de la porte automatique, mes écouteurs dans mes oreilles, diffusant un rap américain. Je sors lorsque je crois reconnaître l'endroit où je veux aller, et marche d'un pas pressé sur l'asphalte. Je finis par trouver notre banc, vide. Je soupire et ralentis mon allure, avant d'avancer jusque celui ci, et de m'y asseoir. Le cri désormais habituel de l'adolescente dévalant la rue ne se fait pas attendre. Je me lève alors rapidement, un sourire aux lèvres, et la salue.

Je pars vers la station de métro au bout de la rue, AeCha sur mes talons. Une fois dans le métro, je crois qu'elle me parle et me raconte pas mal de trucs, mais je l'ignore. Je finis par recevoir un petit poing dans la cage thoracique. Je me retourne et vois une gamine à l'air boudeur.

«- Tu vas m'écouter, un jour ?
- Peut être, mais pas aujourd'hui.
- C'est franchement pas sympa, ça. Pour la peine, tu me paieras à manger ce soir.
- Je roule pas sur l'or, tu sais.
- Figure toi que moi, j'ai jamais vu d'or de ma vie.»

Je la regarde, et sourit, puis passe ma main dans ses longs cheveux, dévoilant sa teinture rouge vif en soulevant quelques mèches.

«- C'est une expression, baka.
- Depuis quand tu parles japonais toi ? me questionne-t-elle.
- Environ depuis que j'ai commencé à regarder Naruto.
- T'aimes vraiment les trucs pour gosse.
- Ça te pose un problème ? je lui demande, un air mi amusé mi féroce sur le visage.
- Pas vraiment, vu que moi aussi. Du coup on peut être meilleurs amis !»

AeCha se précipite vers moi et m'entoure de ses bras. Je soupire. Elle finit par me lâcher, au vu de ma non-réaction, et tourne sur elle même, en plein milieu du métro bondé. Je la laisse faire, sans même la regarder. Elle me donne le tournis. Au moment de sortir, j'attrape son poignet et la traîne jusqu'à l'air libre. Elle ne marche pas droit, et tourne encore, de temps à autres. Je la tire en face de moi, et l'engueule :

«- Mais pourquoi tu fais ça ? T'es bourrée ?»

Elle me rit au nez. Qu'est ce qu'elle peut être chiante.

«- T'es pas crédible quand tu t'énerves, Namjoonie.
- D'où tu sors ce surnom toi ?»

Elle se tapote le crâne avec l'index. C'est vraiment étrange, je n'arrive pas du tout à la cerner. Un coup elle est adorable, puis une vraie chieuse, et enfin bizarre. Totalement imprévisible.

«- Viens. Tu veux qu'on aille où ?
- On peut juste se balader et parler ?
- D'accord.»

C'est bien la première personne à se contenter de ça. Nous marchons, l'un à côté de l'autre, dans les rues encombrées du quartier de la Jeunesse, sous les néons fluorescents des boutiques.

«- Namjoon, pourquoi tu vas pas en cours ?
- Je pourrais te retourner la question.
- Moi ça m'ennuie. Je déteste passer des heures assise à une table.
- Pareil. Je préfère dormir.
- Paresseux. J'aime me balader dans la rue, rencontrer des gens et m'amuser.»

Elle est vraiment différente des personnes que j'ai connu. AeCha est tellement plus... Libre ?

«- T'es parents s'en fichent ? m'inquiétais-je.
- Je crois.
- Tu n'es même pas sûre ?
- Et toi, tes parents ?»

Loser [ k.nj ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant