Chapitre 16 : Ma plus grande bagarre du siècle

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Bon, dans deux semaines, c'est le second tour et ça, face à Le Pen.

Tiens, Valls m'a encore envoyé un message de soutien. Il est vraiment trop gentil. Je lui envoie encore un emoji au hasard.

Aujourd'hui on m'a conseillé d'aller dans une entreprise qui fait des sèche-linges ou un truc dans le genre. J'ai pas trop bien compris mais on m'a dit d'y aller, alors je vais y aller. Enfin, c'est surtout pour que je fasse encore la une des journaux. Les journalistes savent toujours choisir les photos les plus avantageuses de moi.

Comme toujours, on me montre plein de trucs dans l'entreprise. C'est trop chiant ce genre de visite. Des gens m'expliquent des trucs que je ne cherche même pas à comprendre. Heureusement, personne ne me posera de questions dessus, ça devrait aller.

Puis là, un mec qui travaille pour moi (enfin, je viens de découvrir qu'il travaillait pour moi, je ne le connais même pas) s'approche de moi et m'informe de quelque chose de dramatique :

— Marine Le Pen est en train de faire des selfies avec les ouvriers ! Elle est en train de monter dans les tendances Twitter avec le hashtag #YoloSwagMarine !

— Ah non ! Ça, il en est hors de question ! Je suis beaucoup plus cool qu'elle ! m'écriai-je.

Bon, je dois donc faire demi-tour et voir d'autres gens. Je ne comprends absolument rien, mais pas grave. Enfin bon, c'était quand même sympa de voir des gens en costards, même si le mien est plus beau.

J'arrive sur les lieux et Le Pen est en train de faire des selfies avec les gens, tout le monde a le droit de l'adorer. Mais où sont donc mes fans ? Comment ça se fait qu'elle ait des fans elle ?

— Regarde comme je suis aimée et pas toi ! me crie-t-elle.

Mais elle se fout de ma gueule en plus !

— Moi aussi je peux faire des selfies avec des gens !

— Ok ! On va voir qui fait le plus de selfies ! me défie-t-elle.

— TU VAS LE REGRETTER !

— JE VAIS GAGNER ! s'emporte-t-elle.

On fait chacun des selfies avec tout le monde. D'ailleurs, le filtre Snapchat de chien me va plutôt bien. Après des heures d'acharnement et quand tout le monde a fini, on se retrouve.

— Alors nous allons enfin savoir qui a gagné ! lance-t-elle.

— En effet !

On se regarde. Longtemps. Très longtemps.

— Mais on fait comment pour savoir en fait ? demandé-je.

— Aucune idée...

— Ah.

— Bon bah...

— Au revoir ! lâché-je.

— A plus !

Et on se barre.

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