° CHAPITRE 14 °

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"Alycia, tu es venue me sauver ?"

Je tourne la tête en direction de la petite voix. Je reconnais cette fillette.

"Tu es la fille sur la photo ? Tu es aveugle ?"

"Pourtant, je peux te voir. Viens ! Je vais te montrer ce que je sais faire."

Elle me prend la main et m'entraîne dans sa chambre. Là, des dizaines de peluches, de poupées et d'autres jouets sont dispersés sur son lit et par terre.
Elle prend un ours en peluche et, avec un sourire, elle le serre dans ses bras avant qu'une lueur apparaissent au cœur de la peluche.
Pendant un instant, je crois voir une de ses pattes bouger. Je ne crois plus maintenant, je suis sûre.
L'animal se tourne vers moi et affiche une expression colérique. La petite blonde regarde la scène sans bouger mais je perçois un écho revenant en boucle dans ma tête :

"Ne me tue pas ! Je t'en supplie non !"

L'ours devient plus petit jusqu'à se transformer en enfant. Elisa. Elle me crie de l'épargner mais c'est déjà trop tard. Je m'avance menaçante en tendant mes bras. De là jaissent d'imposantes flammes et une voix me dis de choisir mon camp. Un rire... un cri...

"Aaah !"

Ma respiration est au plus haut et mon coeur tonne dans ma cage thoracique. J'essaie de me calmer en soufflant doucement. Des gouttelettes perlent sur mon front. Je regarde autour de moi pour essayer de distinguer un objet ou un espace singulier. Mais il fait sombre. Je ne perçois que la couverture blanche qui me recouvre et un filet de lumière traversant le dessous de la porte, au fond de la pièce.
Je ressasse la journée qui précède mon évanouissement. La dernière chose dont je me souviens est une source de chaleur très grande et une haine profonde... contre les oursons qui...

"Elisa !"

Je me lève, trop vite, car la porte face à moi penche de tous les côtés. Je tombe à la renverse et reste allongée en mode étoile de mer pendant quelques secondes, culpabilisant. Si il arrivait quoi que ce soit à Elisa, je ne sais pas ce que je ferais. Surtout si c'est de ma faute.

Une fois que ma tête cesse de tourner, je me remets sur pieds. J'avance de nouveau vers la porte et en l'ouvrant, seul une petite lampe au fond du couloir éclair le lieu. Je m'avance vers cette source, regardant derrière moi à des intervalles réguliers. Une porte face à moi est entrouverte. Je la pousse et retiens ma respiration voyant une très grande salle remplie de lit avec quelques veilleuses parsemées de ci de là. De nombreuses personnes dorment, enfants, adultes... Une odeur de javel flotte dans l'air. Des gémissements se font entendre au fond de la salle. C'est une sorte de salle hospitalière.
Sur la pointe des pieds je m'avance, essayant de faire le moins de bruit possible. Je scrute chaque visage pour essayer de reconnaître celui que je cherche, s'il est parmi eux.

"Qui es-tu ?"

Je sursaute et me retourne prestement pour faire fasse à un jeune garçon d'une quinzaine d'années. Ses cheveux bouclés en bataille sont surmontés d'une bande de tissu blanc. Même de l'endroit où je suis, je peux distinguer une imposante tache rouge sang qui traverse le bandage.

"Alycia, une nouvelle, et toi ?"

"Lucas. Tu cherches quelque chose ?" chuchote-t-il.

"Plutôt quelqu'un. Tu sais si Elisa est ici ?"

"Oui elle doit être dans un des derniers lits."

Il commence à se lever mais je l'empêche de faire un geste de plus.

"Toi, tu restes là. Tu te dois de te reposer... comment tu t'es fais ça ?" je lui demande, montrant sa blessure.

"Une mauvaise rencontre." dit-il vaguement.

DiaboliqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant