° CHAPITRE 17 °

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Quelque chose me secoue l'épaule. Je suis pourtant tellement bien... pourquoi voudrait-on m'enlever à ce confort ? Cela fait une éternité que je ne me suis pas sentie aussi bien.
J'ouvre un oeil, à moitié. Le soleil est déjà haut dans le ciel. La lumière se reflète sur les murs blancs éclatants de la pièce. Ma tête est posée sur mes bras, coupant presque ma circulation sanguine. Alors je n'imagine pas le bras droit de la fille sur lequel je me suis assoupie. Elle a l'air tellement paisible avec ses yeux clos, ses cheveux bruns, ondulés comme les miens, parfaitement symétriques, sa respiration lente et régulière, son corps si fragile et si vulnérable, qui a pour seule barrière une vulgaire couverture bleue claire, la recouvrant de ses pieds jusqu'en haut de sa poitrine.

Je lève ma tête, qui semble peser une tonne et demi, tout en m'assurant que ma petite soeur ne soit toujours pas réveillée.

"Alycia..."

Aaron vient à mes côtés. Mes cheveux hirsutes font de la peine à voir. Et être allongée dans cette position une nuit de plus me donne un mal de dos insoutenable.

"Il va bientôt falloir qu'on rentre à l'académie."

Je le regarde effrayée et offusquée.

"Tu as dit que je pouvais rester encore quelques jours."

"Alycia. Ça fait déjà huit jours que tu restes enfermée ici sans bouger. C'est ta mère qui va te chercher à manger tous les jours. Moi je sers simplement à te tenir compagnie."

"Non tu es là pour mon père. Si jamais il advenait qu'il me trouve pour une quelconque raison, tu m'aiderais à mettre fin à ses jours."

"Enfin Aly'. On est pas assez fort contre lui. Il nous réduirait en poussière d'un claquement de doigt ! Et puis c'est ton père ! C'est pas n'importe qui."

"Mon père est un connard qui essaye de détruire ma famille parce que monsieur n'est pas d'accord du fait que ma mère ait une relation autre qu'avec lui. Hé bien il va m'entendre, parce que justement il n'y a pas que lui ! C'est un criminel complètement barge !"

"Ok ok ! On se calme."

Il me prend les mains et me souffle de l'air frais sur le visage.

"Merci..."

"Il faut vraiment que tu te contrôle." me dit-il.

Je tourne mon regard sur Sophia.

"Il n'y a que elle pour me calmer en un rien de temps."

Je reste un moment, perdue dans mes pensées, toujours en regardant ce visage familier. Les yeux brillants, je regarde Aaron. Il hausse les sourcils puis son expression change du tout au tout.

"Non. Oh non ! Tu rêves !"

"S'il-te-plaît ! Elle est mon seul espoir."

"Mais non enfin ! Je vais pas volé une patiente ! Et puis on pourrait se faire prendre. On serait bien plus vulnérable."

"Aaron ?"

Mon coeur s'emballe. Nous nous redressons tels de vulgaires pantins tenus par des fils.

"Maman !"

"Ah ! Tu es réveillée."

"Hé bien euh... oui apparemment. Haha !"

Je suis grillée à plus de dix kilomètres. Le stress me fait perdre tous mes moyens.

"Aaron..." dis-je tout bas. "Elle ne doit rien savoir. Elle n'approuverait sûrement pas."

"Je ne vais rien faire du tout !"

DiaboliqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant