° CHAPITRE 18 °

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Il est tard. La nuit est déjà tombée. Pendant cette journée où j'ai passé la plupart de mon temps aux côtés de Sophia, Plaz  reussit à se procurer un peu plus de sable des marécages pour notre «voyage» à Hawaï. J'ai oublié que, désormais, nous pouvons nous passés de tout le processus de l'aéroport. Et c'est beaucoup plus simple ainsi. Grâce à lui, oublié les bagages enregistrés qui n'en finissent pas, l'attente interminable avant de monter à bord, les bébés qui pleurent tout le long du voyage ou encore la peur que l'avion n'arrive pas à destination. Là, au moins, c'est simple et ça ne dure que deux secondes.
Pendant notre absence, maman et Hank, mon beau-père, vont prendre soin de Sophia. J'ai pris un téléphone au cas où elle se réveillerai pour qu'ils m'en informent.

Plaz commence le rituel mais je l'arrête quelques secondes et sors du cercle. Je vais vers ma petite soeur et lui donne un baiser plein d'amour sur son front. Peut-être que je souhaite qu'elle se réveille par miracle grâce à lui. Peut-être que je souhaite juste qu'elle sache que je parts quelque temps mais que je reviendrais. Peut-être que je souhaite tout simplement qu'elle sache que je l'aime. Mais j'avais besoin de lui transmettre cet amour.

"C'est bon. Je suis prête." dis-je en rentrant de nouveau dans le cercle.

Aaron me regarde avec un petit sourire. J'ai presque l'impression qu'il me regarde avec envie. Je ne pose pas de questions. Pas maintenant. Je n'ai vraiment pas le tête à ça.

"Selizuz !" crie Plaz.

Il ouvre sa main et souffle dans le reste de poudre. La Terre tourne sous nos pieds. Ma tête semble peser plus d'une tonne. Un courant d'air puis plus rien. Je sens une chaleur forte me taper les épaules. J'ouvre un oeil, puis l'autre. Le soleil est au zénith. Ça me fait bizarre de passer d'un pays sombre à un autre éclairé comme jamais. Il fait chaud. On est bien.

"On redescend sur Terre !"

La voix d'Aaron me fait sursauter. Je le regarde un peu contrarié de son manque de douceur. Mais ce sentiment s'estompe lorsque mon regard balaye les environs. Nous sommes actuellement au sommet du volcan Mauna Loa. Je suis prise d'un vertige et manque de tomber à l'arrière. Aaron me retient et je retrouve peu à peu mes esprits.

"Bah alors ? On a peur du vide ?"

Je le regarde, faisant semblant d'être blessée. Il me sourit puis Plaz nous ramène à la réalité.

"Il faudrait peut-être qu'on aille sauvé ton père, Aaron. Enfin je dis ça..."

"Oui oui ! On arrive." lui répond celui-ci.

"Comment on va faire pour descendre dans ce gouffre ?" demandé-je.

Le magicien me regarde, amusé. Il se tourne, face au paysage et dos au trou du majestueux volcan. J'ai à peine le temps de lui demander ce qu'il compte faire que son corps bascule en arrière.

"Plaz !!! Aaron ! Fais quelque chose ! On peut pas le..."

Il me fait signe de me taire. Je suis obligée d'admettre que Plaz n'est pas un suicidaire et de me résoudre à écouter Aaron. Mais c'est tellement absurde.
Mon ami regarde toujours dans le gouffre, à la recherche de vie. Il plisse les yeux et un sourire vient fendre son visage. À mon tour, je me penche pour observer et, à peine ai-je vu une petite lumière bleue qu'il me pousse dans le vide. Je ne peux retenir un cri strident sortir de tout mon corps, à m'en briser la voix. Un frisson me parcours et un vent me transperce. Le souffle est frais. L'humidité est présente également. J'ouvre un œil et vois Plaz en-dessous de moi. Je suis en train de voler ou je rêve ? Le magicien a les bras au ciel, les jambes écartées et murmure quelques paroles que je ne comprends pas.
Lorsque je tourne la tête, la silhouette d'Aaron contraste avec le ciel bleu.

Plaz me repose sur le sol. Des gouttelettes lui tombent de son front. Il est rouge écarlate.

"Tu devrais enlever ta tunique." lui conseillé-je. "Tu vas mourir de chaud."

"J'aimerais bien. Mais sans elle, je ne suis pas magicien. C'est un symbole et une protection."

Je hausse les épaules puis il fait descendre Aaron.
Nous avançons sur le pont de pierre chaudes qui nous fait traverser une lave bouillonnante. Elle est très basse par rapport à nous, mais ça suffit pour nous flanquer une peur bleue. En tout cas à moi. C'est paradoxal étant donné mes pouvoirs...

"Qu'est-ce qu'il fait chaud !" se plaint Aaron.

"Moi je suis bien." le nargué-je.

Il me lance un regard noir et je lui souris, bêtement.
Le pont nous dirige vers une antre. Pas de porte. Seulement un trou obscure où erre un vent humide et chaud. Le silence est rythmé par nos pas craquants sur la roche volcanique et par notre respiration irrégulière. Nous sommes les plus vigilants possibles : moi devant, éclairant avec ma main qui s'est de nouveau éclairé sans que je lui demande ; Aaron, au milieu, qui fait de son mieux pour rafraîchir Plaz et ce dernier qui regarde autour de lui, se retournant toute les cinq minutes.

"Aaah..."

Nous nous figeons. La plainte vient du font de la petite grotte. Je me retourne pour chercher le regard du magicien et celui-ci se place devant moi. Aaron reste en retrait, surveillant nos arrière.

"Il y a quelqu'un ?" demande doucement Plaz.

"Papa ?"

"Aaron ? C'est... toi ?"

Ce moment est alors intense. Aaron court dans les bras de son père. Ils s'enlacent, pleurent, se tapotent le dos, se disent des «je t'aime», des «tu vas bien» et d'autres phrases que l'on dit à son père lorsqu'on l'a perdu depuis plus d'un mois.
Le fils aide le père à se mettre debout et à marcher, tels deux guerriers revenants victorieux d'une grande bataille.
Nous nous dirigeons vers la sortie et Plaz nous aide à rejoindre le sommet du volcan.

Nous avons retrouvé Gladius. Nous avons gagné. Alors pourquoi le magicien a l'air douteux et stressé ? Je m'approche de lui et avec un petit sourire, lui demande :

"Plaz, on a gagné. Alors pourquoi tu te mets dans cet état ?"

Il me regarde et mon sourire s'en va aussitôt oscillo.

"C'était trop simple. Il nous l'on donné sur un plateau. Déjà que, réussir à le retrouver en un rien de temps la nuit dernière me paraissait étrange, mais là, c'est imminent. Quelque chose ne va pas."

"À quoi tu penses ?"

"Je ne sais pas trop... Un piège ? Une escapade ? Une diversion ?"

Je regarde dans le vide, cherchant une explication quand soudain, tout devient clair. La voix de Leah me revient :

"Il y a une taupe dans l'institut qui travaille pour lui. Il attend le bon moment pour frapper et il va pas tarder. Il veut que tu t'en ailles d'ici..."

La suite reste confus car la l'angoisse et la colère ont pris le dessus.

"Quoi ?" demande Plaz.

Sans hésitation et sans explication, je prends mon téléphone. La liste des contacts est maigre et j'appuie sur "Mélanie", ma mère.

Bip... Bip...

"Allo ? "

"Maman ? C'est Alycia. Vous allez bien ?"

"Oui ça va. Et vous ?"

"Bien, il faut que je te laisse."

Sans qu'elle n'ait le temps de répliquer, je raccroche et regarde Plaz.

"Il faut tout de suite aller à l'institut."

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Et voilà pour ce chapitre ! Comment l'avez vous trouvé ? Suspens pour la fin 😊
Dites moi dans les commentaires les scénarios que vous vous faites lorsqu'ils arriveront à l'institut. Gros bisous et à bientôt ! 💋

DiaboliqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant