Assise dans la fourgonnette, je regarde par la fenêtre du coffre. La ruelle défile sous mes yeux. Les voitures s'arrêtent à notre passage. Les familles nous regardent passer. Les enfants se touchent les oreilles lorsque la sirène retentit. Les gyrophares continuent leur course folle.
Aaron est en fasse de moi, sur le petit banc en mousse. Allongé sur un brancard, Jordan gémit à chaque fois que la camionnette bouge un peu trop.
Un ambulancier reste à l'affût du moindre geste que pourrait faire le blessé. Celui-ci a une assistance respiratoire. Ils ont branché quelques électrodes sur sa poitrine et un flux sanguin passe par un fil.Nous arrivons devant un grand bâtiment blanc et beige. Une inscription surmonte la porte d'entrée : «Hôpital Jones».
De multiples docteurs en sortent et s'avancent au pas de course. Ils déplient les pieds du brancard et le font rouler jusqu'à l'entrée. Je les regarde s'activer de loin. Puis ils rentrent dans le bâtiment et je les perds de vue.Bien que je n'aime pas vraiment Jordan — il m'agace plus qu'autre chose —, je me fais du soucis. C'est un des quatre éléments donc il est important, j'en suis consciente. Mais au-delà de ça. Au-delà du faite que ce soit un connard sans cervelle qui ne pense qu'à sa gueule, et qui est pourtant une des raisons de notre vie sur cette planète, je m'inquiète. Je n'irai pas jusqu'à dire que s'il meurt, je ne m'en remettrais pas. Et je ne le déteste pas non plus. Disons que, par moments, s'il se fait écraser pas un bus, ce serait moi le conducteur.
"Il paraît qu'il va s'en tirer." me dit Aaron, ce qui me fait sortir de ma rêverie.
Je le regarde et lui souris légèrement. Bien sûr qu'il va s'en sortir. Du moins, on l'espère.
"Tu ne dis rien ?"
Je regarde mon ami. Il a un regard interrogateur. Je me reprends alors et secoue la tête pour me remettre les idées au clair.
"Qu'est-ce que tu veux que je dise ?"
Il plisse ses yeux noisettes.
"Je ne sais pas. Tu es soulagée qu'il aille bien ?"
Je ne réponds pas. Pas parce que je n'ai pas envie. Seulement parce que je ne peux pas. Je ne sais pas. C'est une bonne question. «Suis-je soulagée ?» En bonne élève, je répondrais que oui. Mais là, je me demande même si j'ai bien fait de le sauver. Je ne l'apprécie pas. Et pourtant je n'ai pas envie qu'il parte. Est-ce que c'est seulement parce qu'on a besoin de lui ? Est-ce que c'est pour qu'il ait une dette envers moi ?
Pour simple réponse, je hausse les épaules.
"Alycia ! Nom de dieu t'es vivante !"
Je me retourne brièvement suite à cette voix familière.
"Barry !"
Je me jette sur lui et lui fais une accolade digne du retour d'entre les morts de Jack, dans titanic. Il sourit de toutes ses dents et me regarde de haut en bas.
"Tu n'as rien dis-moi ? Tu n'es pas blessée ?"
"T'inquiète pas pour moi va."
Je remonte mon regard et aperçoit Brian. Je me sens soudainement mal à l'aise. Lui s'approche de moi, un sourire timide. Barry s'en va faire la connaissance de Aaron.
Je ne sais plus comment m'y prendre avec Brian. Je l'aime bien, vraiment. Il est beau, très gentil et un peu réservé mais je ne peux pas. Je ne ressens pas la même chose qu'il ressent pour moi. Et la dernière fois que je l'ai vu... je ne préfère pas y penser.
Je m'approche de lui, comme si de rien était, comme si le baiser n'avait jamais existé. Il me sourit toujours autant et lorsque j'arrive à sa hauteur, je me fige. Je ne sais plus quoi faire. Mon regard se baisse et je vois sa main sur ma hanche. Je ne me sens pas bien du tout. Une bouffée de chaleur me prend et l'envie de lui coller une gifle aussi. Mais je me retiens. Je vais faire ça en douceur.
VOUS LISEZ
Diabolique
Teen FictionAprès une soirée bien arrosée, Alycia va se voir changer. Comment se fait-il qu'elle n'était pas au courant de ses pouvoirs ? Que va-t-il lui arriver maintenant ? Elle est en danger et doit se retrouver dans une nouvelle réalité dont elle ne connais...