14. Secrétaire 2.0

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Comme de coutume maintenant, merci Elynion pour la transcription ! 

Bonne lecture ! 

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Que voulait-elle ? Que voulait-elle bon sang ? Est-elle déjà partie ? Pourquoi diable Jena ne répond-elle pas ? Maudite assistante elle va me tuer. Je vais la virer ou lui payer une formation « messagerie d'entreprise ». Je lui ai pourtant bien dit que je voulais savoir ce que miss 42 fichait ici.

-James ? demande assez bruyamment David. Tu nous écoutes ?

Non je ne l'écoute pas, j'ai pire à faire. Me voici tombé bien bas, je néglige mon entreprise pour une fille.

-Reprends la dernière slide David, je ne suis pas certain d'avoir tout saisi.

Mon directeur des ventes s'exécute, une chance pour moi sa présentation est assez complexe, il n'est donc pas étonnant que l'on éprouve des difficultés à la suivre. Ce n'est qu'un tourbillon de chiffres sans référentiels clairement indiqués. La vente ce n'est pas mon secteur, loin de là. Je suis plus à l'aise lors des réunions techniques à parler composants électroniques, simplification des matrices et calculs parallèles. Néanmoins David nous apporte des clients, entités tout aussi essentielles. Le meilleur produit du monde ne se vendra pas sans clients, règle de base, pas d'acheteur, pas d'achat.

« Mademoiselle Grant souhaitait rencontrer l'acheteur de l'entreprise de son père et discuter avec lui de l'avenir économique du groupe. »

Un bon redressement, voilà ce qu'il faut à cette entreprise. Miss 42 n'est pas stupide, je la soupçonne de garder un œil sur la compagnie de son père même si elle en est restée loin jusque-là. Les difficultés financières sont connues de tous et je gage qu'elle a eu accès aux rapports annuels, voire plus. Après tout c'est son domaine d'étude. La boîte ne vaut pas grand-chose, j'ai acheté des brevets, pas de la main-d'œuvre.

« Elle est partie ? »

Suis-je enfin en sécurité dans mon bâtiment ?

« Oui, elle attend votre appel pour fixer un rendez-vous. »

Qu'elle n'aura pas avant un moment, si elle découvre comme cela que je ne suis pas exactement celui que je prétends être c'en est fini de notre relation à peine esquissée. Un peu soulagé je peux reporter mon attention sur les chiffres de David, les nouveaux clients sont radins, ils veulent tous des rabais.

La réunion enfin terminée je peux enfin descendre travailler à l'atelier. La caverne d'Ali Baba regorge de composants électroniques que nous essayons d'assembler intelligemment afin d'optimiser nos cartes de régulation. Le travail ici est minutieux et demande une intense concentration, ce silence est reposant. Les ingénieurs veulent me présenter leur dernière pièce, un joyau de technologie de la taille d'un timbre. Les documents joints sont des schémas incompréhensibles, des diagrammes aux acronymes barbares. J'adore. Rien de tel pour se revigorer qu'une descente à l'atelier.

Je quitte le boulot des heures plus tard, à la nuit tombée, mon studio m'accueille, aussi vide que d'habitude. Veste, chemise, cravate, pantalon tombent à terre et je m'affale sur le lit, tête dans l'oreiller, dormir... Ah non, nouveau rituel avant le coucher, je saisis mon portable et ouvre une application de réseau social. Quelques tapotements plus tard, miss 42 apparaît sur mon écran, moins jolie que dans mes souvenirs. Normalement demain nous aurons un cours commun, enfin si je pense à configurer ce fichu réveil.

-Bonne nuit Aliénor.

Le lendemain arrive bien trop vite, à bas les réveils. T-shirt, jean, baskets, ordinateur, James le clochard part en cours, fier de sa tenue soi-disant négligée. Pour une fois je suis l'un des premiers dans l'amphi, ou alors je me suis encore planté de créneau. Ce n'est pas une éventualité à exclure d'emblée, je note tout mais j'oublie parfois de vérifier ce qu'indique ledit agenda. Je m'installe au fond, un peu sur la droite, il ne fait pas bon être en plein milieu du champ de vision de l'enseignant.

-Je peux m'asseoir ici ? me demande une demoiselle debout à côté de moi.

Je regarde un instant de l'autre côté et la voici qui apparaît comme par magie.

-Tes deux comparses sont absentes ?

Je préfère poser la question car l'une des deux est tout bonnement insupportable.
Miss 42 sourit et m'annonce qu'elles sont toutes deux parties en vacances à Barcelone.

-En plein milieu du semestre ? Étonnant.

-Et sacrément moins cher, déclare Aliénor en s'asseyant à ma gauche. J'y serais bien allée également mais je ne suis pas à l'aise avec les matières du semestre, et je n'ai toujours pas trouvé mon stage de fin d'année.

Elle secoue la tête et soupire avant de me demander si j'ai le même souci qu'elle ou déjà une place quelque part. En tant que patron j'ai droit à un traitement de faveur, pas besoin de faire un stage, juste un stupide rapport à rédiger. Je réponds un peu vaguement que c'est bon, je fais partie d'un programme un peu particulier pour jeunes entrepreneurs. C'est presque correct, je suis jeune et entreprenant.

-Tu as envoyé beaucoup de CV ?

-Une montagne, me répond-elle, hier je suis carrément entrée au siège d'une grosse entreprise en demandant à parler au patron.

Ciel elle voulait que je l'embauche ! Mais ce n'est pas la raison qu'elle a donnée à Jena.

-Ce ne sont pas les RH que tu dois harceler plutôt ?

Vas-y James, donne-lui des idées, assure-toi de risquer de la croiser au boulot.

-En théorie si, admet miss 42 avec un sourire gêné. Mon père vend sa petite entreprise et le patron en question l'achète alors j'ai voulu éviter la paperasserie et lui parler directement. C'était stupide, il était occupé, chose logique.

Je lui demande, connaissant la réponse, si elle l'a déjà rencontré. Non bien sûr, sinon nous n'aurions pas cette conversation. Elle m'avoue que sa sœur et son père l'ont vu, m'ont vu, à quelque réunion.

-Mais je n'ai pas les détails, je vois peu mon père et Anne n'a que son ex à la bouche en ce moment.

Je confirme, et dire que j'ai sa tête sur un T-shirt dans mon placard. Le professeur demande le silence, la salle s'est remplie durant notre discussion et je ne m'en suis même pas aperçu. Aliénor sort feuille, crayon, et m'annonce qu'elle ne sera guère bavarde les deux prochaines heures.

-Dans ce cas je t'invite maintenant à déjeuner avec moi ce midi. Les frites du restaurant universitaire sont horribles mais à volonté.

-De la grande gastronomie, dit-elle avec un sourire. D'accord.

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Merci d'avoir lu ce chapitre  ! 

Axel. 

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