33. Welcome to Quantum

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Aliénor a réussi à m'empêcher de retourner au travail trois jours durant. Nous avions un accord, nous passions la journée ensemble, à « vivre » comme elle dit, et elle fermait les yeux sur les quelques heures que je passais sur le PC. Je limitais donc mon travail au strict minimum : les échanges avec les équipes techniques. La com et les RH pouvaient se passer de moi, ma mère les gérait apparemment très bien.

Cependant cette parenthèse amoureuse s'arrête ce matin. Je retourne au travail.

— Es-tu sûr de toi ? me demande Aliénor alors que nous enfilons tous les deux nos manteaux. Tu pourrais t'accorder encore quelques jours.

— Certain, je n'ai que trop tardé.

Il m'a fallu tout mon courage pour demander à ma mère de ne pas venir il y a trois jours et lui annoncer qu'elle aurait encore les rênes de Quantum, je ne suis plus capable de le refaire.

— Appelle au moins Sean avant de te replonger dans le boulot.

Je secoue la tête, je ne suis pas prêt, je ne saurais pas quoi lui dire. Je saisis les clefs, miss42 son sac, puis nous sortons et voyageons à travers Londres grâce à son réseau de métro. A l'approche de l'entrée du bâtiment qui abrite mes locaux, une anxiété monte, j'ai peur de l'état dans lequel je vais retrouver mon entreprise. Aliénor me serre la main et me sourit avant de m'avouer qu'elle est un peu stressée.

— Je ne sais pas quelle va être l'opinion de tes employés à mon égard. Et j'éprouve une appréhension à découvrir ton monde.

— Je n'avais pas compris que tu montais avec moi.

Mon imaginaire fourmille d'idées à propos d'elle mais aucune n'est connectée à la réalité. Je n'ai même pas envisagé qu'elle veuille monter.

— Oh, je comprends, désolée.

Ne me regarde pas avec cet air navré, tu sais que je vais craquer.

— Je vais te faire faire un badge, tu as une pièce d'identité ?

Elle me répond oui d'un sourire contagieux et je l'entraîne à l'intérieur. Ces murs blancs m'ont manqué, les ascenseurs aussi.

— La dernière fois que je suis monté là-dedans, l'un de mes employés m'a dit d'aller mendier ailleurs. Alors en t'inquiète pas pour ta tenue, on se demandera surtout combien je te paye.

Aliénor me regarde avec des yeux ronds avant de pouffer de rire. Je l'embrasse tandis que les étages défilent. J'en viens à espérer une panne. Les portes s'ouvrent et nous voici enfin chez moi, à l'étage de la direction du moins. Mon bureau n'est plus très loin, à quelques pas seulement. Nous croisons des employés dont j'ai déjà vu le visage mais impossible de me rappeler de leurs noms, une chose est certaine : ils ne bossent pas à l'atelier. Aliénor renvoie un sourire et une salutation à chacun, elle ne connaît personne mais je suis prêt à parier qu'ils l'apprécient déjà plus que moi. Nous passons dans le dernier hall me séparant des portes de mon bureau et de ma mère.

— Bonjour monsieur Wood.

Je me retourne et que vois-je ? Assise derrière son bureau, le dos bien droit, impeccablement rigide dans un costume noir, Jena, ma Jena est là.

— Jena ! Vous revoilà !

— Tout à fait monsieur, puis-je prendre vos manteaux ? nous demande-t-elle en se levant de sa chaise. Votre mère vous attend dans votre bureau.

— Comment a-t-elle réussi à vous faire revenir ? Vous devez être l'assistante la mieux payée de la city.

— James ! me réprimande Aliénor. A quel moment penses-tu la remercier d'être là ?

JamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant