Chapitre 6

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Rakael me porte comme une princesse jusqu'au manoir. Sur le trajet, nous n'abordons pas une fois notre dispute de la veille. Et même si le fait qu'il ait embrassé Livia me dérange bien plus que je ne le voudrais, je ne veux pas risquer notre amitié pour cela. C'est donc en parlant de tout et de rien que nous arrivons chez moi. Je rigole tellement que je ne remarque pas la BMW noire garée devant la propriété.

Lorsque nous entrons dans le hall, Raka s'arrête brutalement. Encore en train de rire, je regarde ce qui a bien pu stopper mon ami de la sorte. Mon rire meurt subitement dans ma gorge quand je remarque ce qui nous entoure.
Ce n'est pas le désordre monstre qui règne dans le manoir qui me choque le plus mais la présence de mes parents au milieu de celui-ci.

Mon père se tient bien droit, les bras croisés sur la poitrine et nous lance un regard noir. Il émane du Chasseur une aura de colère qui me fait prier pour ma survie.
Ma mère, elle, est assise les jambes croisées sur l'escalier en bois menant à l'étage. Elle a l'air moins fâchée que mon père mais je me méfie quand même. Une attitude calme peut abriter une colère noire. Quand elle nous voit entrer, elle se lève et, repoussant une mèche de ses longs cheveux auburn tombée sur son visage, nous indique de la suivre sans un mot.

Elle se dirige vers le salon qui a fort heureusement été épargné du chaos de la fête. Rakael s'empresse de suivre ma mère, et lorsque nous passons devant mon père, il nous lance un petit sourire machiavélique avant de nous suivre.
Ça y est je suis morte de trouille !

Mon ami me pose sur le canapé de velour au coin du feu et s'assoit à mes côtés.
Mes parents s'installent sur l'autre canapé, en face de nous.
Ils se lancent un long regard, comme si ils se comprenaient sans avoir à parler. Ce silence commence à peser, j'ai l'impression que l'air se rempli de la colère de mes parents. Finalement, ma mère prend la parole d'une voix calme.

- Diane, peux-tu nous expliquer le bordel dans le hall et le jardin ?

J'échange un petit regard avec Rakael avant de m'éclaircir la voix.

- Et bien, il se peut qu'on est fait une fête hier soir.

- Diane ! S'exclame mon paternel. Tu sais bien que nous ne voulons pas que tu touches à l'alcool avant ta majorité ! Et puis tu as vu l'état du manoir ? Depuis quand tu profites de notre absence pour faire n'importe quoi ?

- Tristan, intervient le loup-garou, c'est moi qui est convaincu Diane de faire cette fête, elle ne voulait pas la faire au début.

Ma mère me jette un coup d'œil que je ne saurais interpréter. C'est une sorte de mélange entre surprise, compassion et mélancolie.
Moi je reste silencieuse, les yeux rivés sur mes mains posées sur mes genoux.

- Rakael ! Sérieusement ? S'exclame le grand Chasseur.

- Désolé Anastasia, Tristan, on allait tout ranger mais vous êtes rentrés plus tôt qu'on ne le pensait.

Mon père allait encore continuer à nous faire la morale quand soudain ses yeux se posent sur mes pieds.
Il se lève d'un bond et s'agenouille après de moi.

- Diane, ma princesse, qu'est-ce qui t'est arrivé ? S'inquiète mon père.

Intriguée, ma mère se lève à son tour et s'approche de moi. Ses yeux s'écarquillent de stupeur quand elle voit mes pieds rouges de sang.

- Je l'ai trouvé en train de courir dans les bois, explique Rakael, elle était pieds-nus et ils se sont coupés à plusieurs endroits.

Mon père, pose une main reconnaissante sur l'épaule de mon ami et les deux hommes s'échangent un regard entendu.

- Merci de veiller sur elle.

Raka hoche la tête et me me fait un clin d'œil. Ce simple clin d'œil fait accélérer les battements de mon cœur et je sens mes joues rosirent légèrement.

"On non pitié ! Faite que personne ne le remarque" Prié-je.

Malheureusement par le regard de maman je sais que mon rougissement ne lui a pas échappé.
Cependant elle ne dit rien et entoure mes pieds de ses mains douces. Elle ferme les yeux quelques secondes et je sens la douleur s'estomper pour totalement disparaître. Lorsque la sorcière libère mes pieds, il n'y a plus que le sang qui peut attester de mon "accident".

- Voilà, il n'y a plus rien, chuchote ma mère en m'embrassant le front.

Ses longs cheveux effleurent mes joues tandis que son parfum vanillé emplit mes narines. Mon père se relève et m'ébouriffe les cheveux.

- Qu'est-ce que tu faisais dans la forêt ? Demande ma mère d'une voix posée.

Mais sous son air calme je perçois une réelle inquiétude.

- Je... j'avais juste envie de prendre l'air.

Je n'ai pas envie de dire à ma mère, la super sorcière, que mon gros complexe d'infériorité m'a encore menacé d'une crise de panique et que la seule chose que j'ai trouvé pour la contrer était de courir comme une folle à une allure vertigineuse.

Pendant un instant j'aperçois de la tristesse dans son regard océan et je comprends qu'elle sait que je lui mens.

- Diane, trésor, reprend ma mère plus doucement en se redressant, tu ne peux pas aller courir comme ça dans les bois.

Je fronce les sourcils et regarde Rakael. Lui aussi affiche une moue d'incompréhension.

- De quoi est-ce que tu parles ?

Ma mère échange un autre regard avec mon père. Puis celui-ci prend une grande inspiration avant de se lancer.

- Écoute Diane, la forêt n'est pas très sûre en ce moment.

- Quoi ? S'exclame le loup-garou en rigolant nerveusement.

- Nous sommes au courant des événements d'hier soir, explique ma mère.

- Oui, mais la menace est partie, se défend Raka, et si ces monstres décident de revenir, nous saurons les accueillir comme ils le méritent.

- Rakael, si ils se sont aventurés sur vos terres c'est qu'ils doivent avoir une raison, dit mon père en me jetant un coup d'œil.

Sans savoir pourquoi, les paroles de mon paternel résonnent dans ma tête et rendent mes mains moites.

- C'est pour ça que nous sommes rentrés un peu plus tôt, enchaîne ma mère, je veux que tu sois prudente Diane. Et toi aussi Raka.

- Nous le serons, promet mon ami.

Ma mère hoche la tête puis un sourire machiavélique se forme sur son visage.

- Bien, à présent allez ranger et nettoyer le hall, je veux qu'il brille ! Et n'oubliez pas le jardin.

- Mais maman, utilise ta magie, ça ira plus vite !

- C'est ton bazard ma princesse ! Renchérit mon père avec un sourire carnassier.

Aliumnos- Chasseuse dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant