Chapitre 20

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Diane

En entendant trois petit coups contre ma porte je me rends compte que je me suis endormie. Je me lève et sans me rendre présentable j'ouvre la porte. Je trouve Théophile sur le palier, il lève un regard surpris sur moi.

- Toi t'es pas dans ton assiette.

Ça se voit tant que ça ? J'imagine que je suis aussi affreuse que je me sens.

- Viens. Me dit-il simplement en comprenant que je n'allais pas répondre.

Théophile me mène à travers le château jusqu'à une aile où je ne suis encore jamais allée. Nous arrivons dans un couloir gardé par deux rangées d'armures qui doivent remonter d'avant la Umbra, guerre qui entraîna la création des Chasseurs. Théophile doit lire dans mes penser puisqu'il confirme mon intuition. Ou peut-être qu'il a juste suivi mon regard.

- Ce sont de très vieilles armures. Elles appartenaient aux humains qui habitaient ici avant la création des Chasseurs. Ils s'en sont servi pour tenter de repousser les créatures de la nuit lors de la Umbra. C'est en remarquant la fragilité de la plus puissante de leurs armures contre la force des vampires, la morsure des loups-garous et la magie des sorcières, qu'ils ont eu l'idée de réunir l'essence des trois créatures pour en forger une nouvelle capable de les éliminer et ramener la paix à Aliumnos. Ils sont donc à l'origine de notre création à nous Chasseurs.

J'écoute avec attention ce petit cours d'histoire, ce n'est pas au lycée de Benevento que l'on apprend avec autant de détails l'histoire des tous premiers Chasseurs.

Au bout de cette allée d'armures, nous arrivons devant une grande porte en bois. Théophile l'ouvre et me lance avec un sourire:

- Bienvenue au musée du château !

Un musée ? Je n'avais jamais entendu parler d'un quelconque musée ici ! Quand je découvre la pièce je suis émerveillée. C'est une grande salle haute de plafond. Quatre frises ornent les murs peints en rouge. Ces frises représentant des événements historiques. Sur la première je reconnais la guerre des surnaturels : la Umbra. La frise illustre l'extermination de toutes les autres races par les vampires. Sur la seconde est affiché la chasse aux sorcières organisée par les Chasseurs qui a eu lieu suite à la guerre. Le troisième pan de mur fait apparaître l'avènement du règne des Chasseurs sur Aliumnos. Enfin, de la peinture plus fraîche dépeint la signature du traité de paix entre les sorcières, loups-garous et les Chasseurs.

Une grande fresque décore aussi le plafond. J'y distingue la création des Chasseurs. La pièce a une atmosphère paisible et douillette. Partout dans la salle se trouve des objets de toutes les époques bien protégés par des vitrines. Il y a des épées, des capes d'anciens Chasseurs, des dents de loups-garous, des griffes de vampires... Il y a tout un butin amassé au cours de missions et des souvenirs de guerre.

- Wahou ! C'est grandiose !

- Oui, j'aime beaucoup venir ici et admirer tous ces objets. Ça me rappelle que même si nous disparaissons, nous laissons une trace dans le monde. J'aime à croire que nous continuons de vivre au travers des choses qui restent de nous. Regarde toutes ces créatures, elles continuent d'exister dans nos mémoires grâce à ces objets. 

Je hoche la tête, je comprends ce qu'il veut dire.

- Viens voir, j'ai quelque chose à te montrer.

Théophile m'entraîne devant une vitrine de l'autre côté de la salle. La vitrine comporte un arc de taille moyenne. Il est fait de bois poli et est joliment incrusté. Je discerne une inscription sur la branche inférieure. Je penche légèrement la tête pour la lire : "L.A".

- L.A. ?

Théophile me montre la petite plaque au bas de la vitrine donnant les explications. Mes yeux s'agrandissent de surprise. "Arc ayant appartenu à Lyana Arcanus".

- Mais c'est ma grand-mère !

Je me retourne vers Théophile toute excitée. Celui-ci me sourit.

- Oui, je me suis dis que ça te ferait plaisir de voir quelque chose ayant appartenu à ta famille. Peut-être que tu pourras te sentir un peu plus chez toi à Venator.

Je suis émue. Ce qu'il me dit me touche beaucoup. Ma tristesse de ce matin s'évapore devant cet arc qui me rappelle d'où je viens. Je ne sais pas grand-chose de la famille de mon père. Seulement que mes grands-parents sont morts en mission quand papa était très jeune et que son frère jumeau est devenu un vampire qu'il a ensuite tué. Il n'aime pas parler de son passé et je n'ai jamais osé lui en demander plus. Mais rien qu'à regarder cet arc, j'ai l'impression de ma rapprocher de ce côté de ma famille.

- Merci Théophile, vraiment.

- Appelle moi Théo, on est ami.

Je lui renvois son sourire. Avoir un ami c'est vraiment chouette !

Nous profitons du reste de la journée à se balader dans le parc et à jouer avec Antoine et Lucas. Mais je n'arrête pas de penser à cet arc. Et plus j'y pense, plus j'ai envie de retourner devant cette vitrine. Cela devient une obsession, c'est comme si un fil me reliait à cet objet et que l'on me tirait vers lui. Même lorsque je me couche, j'y pense encore. J'y pense tellement que je n'arrive pas à m'endormir.

Au bout de deux heures à me tourner et à me retourner dans mon lit, je craque et je finis par me lever. Je sors sans un bruit de ma chambre pour ne pas réveiller les Chasseurs du même étage que moi. Je me faufile dans les couloirs en essayant d'être discrète. Plus je me rapproche du musée, plus je suis excitée. Je suis comme dans un état second, irrésistiblement attirée par l'arc. Lorsque j'arrive devant la porte du musée, je l'ouvre doucement. Mais malgré toutes mes précautions la porte grince. J'ai l'impression que le son résonne dans tout le château. Mon cœur martèle ma poitrine. Je m'avance comme une somnambule jusqu'à l'objet de mes désirs. Enfin, il est là, devant moi. Je reste quelques minutes à l'observer avant de me décider à le prendre avec moi. Je jette un coup d'œil à la vitrine. Comme je m'en doutais, elle possède un système d'alarme. Je ferme les yeux et me concentre. Je visualise l'arc dans ma main et me focalise sur cette image. J'inspire profondément pour invoquer ma magie. Bizarrement, ce soir, je n'ai pas besoin de fournir beaucoup d'efforts pour la sentir me piquer le bout des doigts. C'est comme si la proximité de l'arc renforçait mon pouvoir. La force en moi se fait docile et laisse ma magie envahir l'espace.

Lorsque j'ouvre les yeux, je tiens l'arc dans ma main. 

Aliumnos- Chasseuse dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant