Le syndrome des Dumas 2 - Maëlys et le miroir (Terminée)

Quand tout part en vrille

— Allez Maëlys, tu peux le faire, soufflé-je en me regardant dans le miroir. Ce n'est qu'une petite... hum gigantesque araignée.

Le réveil du samedi matin est fidèle à ma soirée de la veille. Je n'ai pratiquement pas dormi. Je n'ai pas pu m'empêcher de ressasser la scène de la discothèque. Je suis même rentrée seule. Pas de beau mec pour me faire oublier le con du bar. J'ai l'impression d'avoir payé mon entrée pour rien, je me suis barrée au bout de cinq minutes de monologue face au miroir de la boite.

Quand je suis arrivée chez moi, après avoir embouti ma sublime Leaf rouge contre le petit muret du parking, j'ai découvert que l'ascenseur de mon immeuble était en panne. Il ne l'était pas avant que je ne parte en discothèque. Je me suis tapée six étages. Une fois arrivée chez moi, j'ai espéré pouvoir trouver le sommeil mais c'était sans compter sur les voisins du bâtiment d'en face. Fêtards comme pas possible, ils ont passé une bonne partie de la nuit à hurler et à chanter des musiques pourries.

Alors pour m'occuper, je suis allée sur Facebook et je suis tombée sur un message qui a achevé de me mettre en rogne. Cette peste de Sabrina m'a annoncé qu'elle sortait avec Léo (un de mes ex) et qu'ils allaient se marier. Sabine et moi avons toujours été rivales, que ce soit à la primaire, au collège ou bien au lycée. Elle a toujours couru derrière moi. Jamais elle ne m'a dépassée évidemment, mais il n'empêche qu'elle m'a causé de nombreux soucis.

Je me souviens qu'en cinquième, elle a raconté à tout le monde que j'avais couché avec Alexandre Marchant, ce qui était totalement faux. Tout le monde m'a regardée comme si j'avais perdu la tête. Il faut dire qu'Alexandre Marchant, c'était une calculette sur pattes, autant niveau acnés que calculs mentaux. Tout personne intelligente aurait compris que c'était un mensonge, mais apparemment les élèves de mon collège n'avaient pas beaucoup de neurones. Je suis passée à ce moment-là de la fille branchée que l'on veut se mettre dans le lit à la grosse salope qui se fait sauter par le petit génie parce qu'elle n'a pas trouvé mieux.

Sabrina, c'est aussi celle qui a volé mes affaires à la piscine. Je me souviens que j'ai dû, ce jour-là, me trimballer dans les vestiaires avec une mini serviette qui cachait à peine mes fesses pour retrouver mes vêtements du côté des garçons. Mais son mauvais coup lui est retombé dessus, quand en plus d'avoir été coincée par le professeur, elle a remarqué que son cinéma ne m'avait pas perturbée le moins du monde. Au contraire les regards admirateurs de mes camarades de classe étaient plus qu'agréables.

Je souffle un bon coup avant de sortir de ma salle de bain. Le balai en main, je me dirige vers mon salon et un cri m'échappe suivi d'une grimace en voyant l'araignée dans l'angle dans la pièce. Crispée, je me mords les lèvres et tourne la tête. J'ai une peur bleue de ces bestioles. Elles me répugnent, presque autant qu'elles m'effraient.

— Je ne peux pas, non je ne peux pas, abandonné-je avant de courir dans ma chambre.

★

Cinq minutes plus tard, je toque à la porte de ma voisine. Les mains encore tremblantes, j'essaie d'être aimable lorsqu'elle m'ouvre.

— Bonjour Camille, je m'excuse de vous...

— C'est Virginie, me corrige-t-elle en montant les yeux au ciel.

— Oui, pardonnez-moi Virginie. J'ai une méchante araignée dans mon salon et je... enfin vous comprenez... je me demandais si...

Ma voisine me regarde d'un air blasé. Dia, mais elle ne comprend pas là ? Elle ne comprend pas où je veux en venir ?

— J'ai...je n'aime pas vraiment les arachnides.

— Ah, et bien vous m'en voyez désolée, déclare-t-elle avant de me refermer la porte au nez.

Le courant d'air que son geste m'offre fait décoller mes cheveux. Je grimace et souffle, les mains sur les hanches. C'est la première fois que l'on me claque la porte au nez. C'est également la première fois que je « discute » (si on peut appeler cela une discussion) avec Virginie donc et non pas Camille.