Fuck la famille

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Si ce sale petit con pensait me pousser à la déprime ou je ne sais quoi en me parlant de la sorte, il s'est mis le doigt dans l'œil. Moi je ne suis pas du genre à pleurer pendant des heures sur mon oreiller ou à manger des tonnes de glace devant un de ces films poubelles qui passent sur TF1. Moi je suis plus du genre à programmer un nouveau plan d'attaque pour répliquer et gagner la bataille.

Il ne veut pas de moi au bar le vaurien, pas de soucis. Ce n'est pas parce que je ne me suis pas faite embaucher que je n'ai plus le droit d'y foutre les pieds. Et je vais lui faire savoir ce qui arrive lorsque l'on me refuse quelque chose. Je vais tellement le faire chier qu'il va perdre la tête avant la fin du mois, c'est certain.

Je l'aurais ma vengeance. Je vais lui montrer que...

— Maëlys ? m'appelle Anaïs, me sortant de mes pensées. Peux-tu me passer le sel s'il te plaît ?

Qui dit « pas de boulot », dit « réunion et remontage de brettelles par madame la juge ». Et franchement, ce genre de petit repas soi-disant familial, je m'en serai bien passée, si mes parents et ma sœur n'avaient pas débarqué chez moi, à neuf heures du matin en disant qu'ils passaient à Toulouse par hasard.

Bah voyons, un dimanche matin, un dessert fait-maison à la main... Je vais y croire.

Voilà donc comment je me suis retrouvée à cuisiner avec toute la colonie parce qu'évidemment à moins de nous nourrir seulement de pâtisserie, il n'y avait aucun plat de préparé puisque nous sommes en week-end et que les onze heures n'ont même pas encore sonné.

— Je peux demander à des collègues s'ils ont entendu parler de banque qui rechercherait du personnel, lance ma mère.

Je sais qu'elle en est au niveau 1. Arrivée au 2ème, elle m'incendiera d'avoir quitté mon poste. Au niveau 3, elle pensera à me renier comme membre de sa famille. À l'ordinaire, le 3ème niveau n'aurait été qu'imaginaire mais le souvenir de notre dernière conversation et dispute me fait réaliser que la fiction risque de devenir réelle cette fois-ci.

— Pas besoin maman. J'ai discuté avec Anaïs et son patron cherche quelqu'un pour la mise en rayon. Ce sera en attendant de trouver quelque chose de plus...comment dire...intéressant. Certes, ce ne sera pas le même salaire que quand je travaillais en banque mais ça me dépannera.

— Toi ? Travailler dans une supérette ? s'étonne ma mère.

Mon père n'a toujours pas refermé sa bouche. Quant à Anaïs, il semblerait qu'elle n'apprenne que maintenant qu'elle doit parler de mon cas à son patron. Bon, en même temps, c'est le cas.

— Tu as toujours dit qu'il n'y avait qu'un seul boulot que tu souhaitais faire Maëlys.

Oui et je ne trouve pas de poste dans ce domaine alors je ne vais pas rester à me tourner les pouces en attendant ! Certes j'aurais préféré autre chose mais voyons les choses du bon côté, j'aurais au moins une amie là-bas : ma sœur. Ma mère devrait être contente, je ne vais pas jouer à la sauvage en parlant à personne sauf pour leur mettre des raclées.

— Oh mais quel madur, ce n'est que maintenait que j'y pense ! J'ai entendu dire l'autre fois qu'ils recherchaient du personnel à la banque populaire de chez nous, lance alors mon père, qui semble décidé à sortir de sa léthargie.

Mes doigts se serrent sur mon couteau et je surprends le regard inquiet d'Anaïs sur ce dernier. Elle et son imagination sans limite doivent sûrement s'imaginer que je vais faire un massacre ou je ne sais quoi.

— Je compte rester à Toulouse papa. Je suis bien ici. J'ai un appartement qui me plait ainsi que des amis.

Je vois ma mère hausser un sourcil l'air de dire « mais quels amis » et je me tourne complètement vers elle.

Le syndrome des Dumas 2 - Maëlys et le miroir (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant