14.[Eiji]

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                         Lundi 9 septembre 2013,

L'école a recommencé déjà il y a une semaine, et je n'en peux plus d'attendre.
Une sorte d'impatience maladive est née en moi depuis le jour de la rentrée.
Depuis que j'ai rendu ce petit paper concernant les dortoirs permanents.
Parce que dès qu'on recevra l'attribution définitive , je vais enfin pouvoir me débarrasser de ce sentiment désagréable qui est né entre Matsuoka et moi il y a plus d'un mois.
Ce n'est pas mon genre de prendre des initiatives, je suis plutôt du genre à attendre éternellement avant d'agir, mais cette fois, je me suis décidé. Justement parce que je sais que je ne pourrais pas aller lui parler, j'ai préféré agir dans mon coin.
Et j'attends. J'attends d'avoir la répartition , et de voir sa réaction quand il apprendra la nouvelle.
Il se mettra peut-être en colère, qui sait...
Je ferai de mon mieux pour rigoler, dans ce cas.
À chaque fois que je ferme les yeux, je ne peux m'empêcher de me remémorer le moment où il s'est approché de moi lentement, et m'a serre contre son cœur. Son odeur et sa douceur m'ont surpris.
Je n'ai jamais vraiment été attiré par personne, alors peut-être que c'est normal de ressentir de l'excitation, mais à ce moment là, je me suis senti complètement ailleurs. Quand je me suis relevé, et qu'il est parti, je tremblais de tout mon corps.
Il faut dire que je n'ai pas trop eu l'occasion de me faire serrer par quelqu'un qui m'aimait, ces derniers temps, excepté ma famille, bien sûr, alors c'est naturel d'être surpris.
Être aimé...?
Il y a peine deux mois, c'était quelque chose d'impensable pour moi. J'ai tellement été détesté, il faut dire, je ne pouvais pas vraiment imaginer le contraire.
⁃ Eiji, tu viens, on va manger?
Je sors de ma rêverie brusquement.
⁃ Miyako-chan?
Elle me fait un grand sourire, et achève de faire ses deux tresses qui lui tombent jusqu'au bas du dos. Elle me prend presque par la main et me traîne dans le couloir.
⁃ Aller, dépêche-toi, sinon on aura plus de kitsune udon!
⁃ Oui, oui...
J'ai l'impression d'être un vieux par rapport à elle et à Matsuoka-kun. Ils sont toujours en train de courir et de crier dans tous les sens, alors que moi...
Je suis un peu lent.
⁃ Ah, je crois qu'on va devoir attendre un peu plus longtemps que prévu...
Miyako s'est arrêtée, voyant l'attroupement de personnes autour de l'entrée de la cafétéria.
⁃ Qu'est-ce qu'il y a?
⁃ Sûrement Matsuoka et Shinomiya... C'est leur petite habitude, tu sais..
⁃ Tu veux dire... quand ils se disputent avec de la nourriture? C'est pas une rumeur?
⁃ Vois par toi-même!
Elle me tire par le bras, et me pousse par devant.
Matsuoka-kun, collé contre un mur, semble plutôt en mauvaise posture. L'autre, Shinomiya, tient un bol de Ramen, et s'apprête à lui jeter sur la tête, sous les encouragements d'une partie de la foule.
J'ai un sacré mauvais pressentiment.
On dirait du harcèlement
J'interroge vite un garçon à côté de moi :
⁃ C'est... normal?
Il rigole.
⁃ Bah tu sais, Matsuoka lui a fait la même chose il y a pas super longtemps, alors c'est juste un retour hein... Enfin, depuis que je suis là, ils se sont toujours battus à la cafète.
C'est n'importe quoi.
Shinomiya lève son bol, alors que quelqu'un d'autre l'aide à maintenir sa proie, et le renverse sur la tête de Matsuoka-kun. Celui-ci sursaute violemment.
Ses yeux se plissent, alors que les nouilles et leur liquide brûlant lui glissent sur la figure.
Je ne crois pas pouvoir assister à ça encore longtemps sans rien faire.
⁃ Shinomiya-ku-
Il se retourne à l'instant où je franchis la ligne des "supporters" et où j'entre dans son espace personnel. Sans doute devait-il y avoir encore un peu de nouilles et de sauce dans son bol, parce qu'en moins de dix secondes, je me les prends en pleine figure.
Un goût de sel et de poulet me vient à l'esprit, et je touche mes lèvres avec les doigts. Je suis un peu mouillé, mais c'est pas très grave, après tout, c'est pas la première fois que ça m'arrive. Matsuoka-kun est bien dans un état pire que moi.
Ce dernier me regarde d'ailleurs d'un air affolé. On dirait qu'il va pleurer.
⁃ Mi-Mitsukane....?
Shinomiya aussi, me regarde, comme pétrifié.
⁃ Oui?
⁃ Désolé! Je ne savais pas...que c'était toi...
Il secoue une de ses mains en l'air, comme pour éloigner ça, l'autre tenant toujours fermement le bras de Matsuoka-kun. C'est vrai, depuis que je suis devenu président du conseil, plus de personnes me connaissent, et accessoirement, me respectent.
⁃ Ne t'inquiète pas... Mais tu sais... Ça pourrait le brûler, de la sauce chaude, Matsuoka-kun....
Son visage rougit quand je prononce son nom. Il est au bord des larmes... Qu'est-ce que c'est...? De la honte?
Shinomiya me renvoie presque immédiatement sa réponse.
⁃ J'ai eu droit à la même chose, l'autre fois. C'est juste partie remise. Il l'avait mérité!
Les gens qui sont de son côté se mettent à crier et l'encourager. Je l'attrape, et pris d'une colère froide, je lui lance :
⁃ C'est du harcèlement, tu sais.
Je me sens obligé de lancer un regard glacial à Matsuoka-kun aussi.
⁃ Autant l'un que l'autre, faire ce que vous faites, autrement dit, attraper quelqu'un et l'humilier devant les autres, peut importe si ce n'est que vous deux, c'est du harcèlement. Et c'est affreux.
Je me retourne vers Shinomiya, et je le lâche, pour aller récupérer Matsuoka-kun.
⁃ Je te l'emprunte. Je suis désolé.
Je le traîne derrière moi, je passe devant Miyako et les autres, et je sors du réfectoire. Je l'emmène tout en haut, au dernier étage, puis sur le toit. Vu que je suis le président du conseil des élèves, j'ai plus facilement l'autorisation à ce genre de choses.
Je le libère une fois que nous sommes seuls sur le toit. Il s'effondre en larmes, et se recroqueville sur lui-même, par terre. Je m'accroupis à côté de lui, et je lui tape sur l'épaule.
⁃ Matsuoka-kun...
⁃ Pourquoi tu as parlé ?
Hein? C'est moi, le problème?
⁃ Pourquoi il a fallu que tu sois là à ce moment?
⁃ Est-ce que c'est mal? Je crois qu'il évitera de recommencer...
⁃ Mais toi... tu en as reçu, des nouilles...
⁃ Je m'en fiche... Toi aussi, de toute façon !
⁃ Moi... je ne voulais pas... pas que tu voie ça...
Je passe une main dans ses cheveux noirs, et il se met à rougir, ce qui le fait cesser de pleurer.
⁃ Ce n'est pas moi qui vais me moquer de toi. Je connais trop bien ce sentiment...
Pourquoi je parle de moi...? Je déteste tellement ça, en plus. Ses cheveux sont doux, et je veux les toucher encore... Mais je retire ma main, lentement. Mon cœur s'est mis à battre vite dans ma poitrine, et je me sens bizarre.
⁃ Je.. je vais y aller. Fais attention à toi, Matsuoka-kun!
Il lève les yeux vers moi, et avant qu'il ne trouve quelque chose à dire, je me précipite vers la porte.
⁃ Ah, n'oublie pas de refermer le toit derrière toi!
Je fais volte-face et je lui dépose la petite clé en main, avant de partir pour de bon.
Je ne sais pas pourquoi, mais d'un coup, je me sens étrange.
Collé contre la porte du toit, je reprends lentement mon souffle.
J'ai... des sentiments, je crois? Quel genre de sentiments?

                       Mercredi 11 septembre 2013,

Il commence à faire un peu plus froid, enfin, pas vraiment au point de s'habiller chaudement, mais peu à peu, l'été s'en va. Il est presque seize heures, et j'ai le cafard. Aujourd'hui, je vais recevoir les attributions et je ne sais pas quoi faire. Je n'ai pas reparlé à Matsuoka-kun depuis l'autre jour. Et petit à petit, l'heure avance. Je suis partagé entre un sentiment d'impatience et de nervosité grandissante.
Je veux lui dire... que je ne peux pas savoir avant d'avoir essayé. Que je veux au moins lui laisser... me laisser une chance d'aimer quelqu'un.
Quelqu'un qui m'aime aussi.
⁃ Eiji, t'écris rien?
Je tourne la tête vers Shun, et je reviens violemment à la réalité. Oh, je dois écrire.
⁃ Si, si...
Je reprends mon stylo et me replonge difficilement dans le cours. Notre professeur de littérature est en pleine explication du genre romantique.
La vie me joue des tours, en fait. Shun se penche à nouveau vers moi, et avant même qu'il ouvre la bouche, Takahashi-sensei le réprimande.
⁃ Shinohara-kun, tu peux arrêter de parler avec Mitsukane-kun? Parce que si je t'ennuie, tu peux sortir.
⁃ Je suis désolé.
Shun baisse la tête, et moi, je ne dis rien.
La sonnerie nous libère enfin, et je récupère mes affaires.
⁃ J'espère qu'on sera ensemble dans les dortoirs, Eiji!
Désolé, Shun. Je n'ai pas pu te le dire, mais...
⁃ J'ai déposé ton nom, en tout cas! T'as donné mon nom?
J'essaye ne pas lui répondre, parce que j'ai pas le courage de lui dire la vérité.
⁃ Eiji...
⁃ Je suis désolé...
⁃ T'excuse pas. Mais si c'est pas moi... c'est qui?
⁃ Euh... Matsuoka Akira.
⁃ Matsuoka?! Eiji... tu vas pas lui faire des choses bizarres, j'espère...
Il me fait un sourire complice et se met à rigoler.
Je m'attendais pas à ça, et je pense que-
⁃ Eiji, tu rougis!
⁃ Non...euh...oui? Mais c'est pas comme si j'allais vraiment lui faire ce genre de chose et...
Je m'embrouille un peu... pourquoi je me sens aussi gêné? C'est Shun, et ses remarques habituelles... et pourtant....
On arrive dans la grande salle, et sur les grands tableaux d'affichages où tout le monde se presse, je cherche mon nom.
Je finis par me retrouver, difficilement.
" Mitsukane Eiji, 416". Shun me fait un clin d'œil et se sépare de moi.
Je dois maintenant aller au petit guichet, tenu par des filles de mon année, et demander ma clé. Une longue file me décourage presque, et je m'y glisse à contrecœur. Matsuoka-kun... est-ce qu'il est là? Dans cette file? Dans cette salle, à chercher son numéro, sans savoir que c'est le même que le mien?
⁃ Mistsukane-kun? Tu as quel numéro?
La jeune fille me regarde avec des yeux ronds. Ah, c'est mon tour...
⁃ J'ai le 416.
Elle me tend une clé identique à la précédente que j'ai reçue, à la différence du numéro qui est gravé dessus.
⁃ Je peux récupérer ton ancienne?
⁃ Oui.
Je fouille et je la lui rend.
⁃ Tu es avec Matsuoka Akira, c'est ça?
Je hoche la tête. Je me sens de plus en plus nerveux.
⁃ Courage!
Comment je dois le prendre, ce "courage"? J'ai comme l'impression que c'était pas tout gentil.
Je sors du hall pour aller déménager mon dortoir. Je suppose que la porte sera ouverte, vu qu'on m'a déjà repris ma clé.
⁃ Eiji!
C'est Miyako. Elle arbore un énorme sourire. Elle à l'air impatiente.
⁃ Oui?
Je suis dans la lune, j'ai l'impression que tout le monde sort de nulle part.
⁃ T'as pas l'impression que le changement de dortoir, c'est comme un déménagement? Enfin je veux dire, c'est vraiment autre chose, un peu comme si tu changeais un peu ta vie!
Changer ma vie...? Alors, en étant avec Matsuoka-kun, je vais changer ma vie?
⁃ C'est vrai que c'est important, quand même, c'est sûr ... Tu es avec qui, toi?
⁃ Tsukiyo-chan! Étant donné que les dortoirs en début d'année sont aléatoires, je suis contente d'avoir pu choisir cette fois!
⁃ Tu t'entendais pas avec la précédente?
⁃ C'est pas ça... C'est juste qu'elle est un peu... collante..
⁃ Ah, je comprends. Moi, vu que je suis arrivé en cours d'année, j'ai eu de la chance, avec Shun, mais c'est pas pareil pour tout le monde, je suppose...
⁃ Du coup, t'es de nouveau avec Shun?
⁃ Non... je suis avec Matsuoka-kun.
⁃ D'accord...HEIN, QUOI?!
Elle me regarde d'un air surpris, presque dégouté.
⁃ Pourquoi lui?
On arrive devant le bâtiment des dortoirs.
Je baisse la tête.
⁃ Désolé, Miyako.
Elle me lance un sourire.
⁃ T'inquiète pas. C'est juste que c'est un peu frustrant pour moi, mais... Fais de ton mieux.
Elle se retourne, et va vers son bâtiment.
Pourquoi est-ce que tout le monde m'encourage comme si j'allais à la guerre?
Il est si difficile à vivre, Matsuoka-kun?
Je monte d'abord à mon dortoir, dont les professeurs responsables ont les clés, et je leur demande la mienne.
Je ramasse mes affaires dans un carton. Je ne suis pas là depuis longtemps alors appart un sac et quelques bricoles, j'ai rien de plus à porter. Je fais signe au professeur et je me dirige vers l'ascenseur. C'est la file, parce que les autres aussi changent de dortoir.
Je finis finalement par arriver devant le dortoir 416, sors ma clé, et ouvre la porte de ce dortoir totalement identique au précédent. Matsuoka-kun n'est pas encore là. Je commence à déposer mes affaires, et je m'installe, lentement. Je me sens de plus en plus nerveux, comme si tout mon stress affluait et se nouait dans mon ventre.
Est-ce que... Matsuoka-kun m'en voudra?

[Akira]

C'est le jour des attributions, ça se voit, vu la foule qui cherche son dortoir et qui rend ses clés. Tout ce que je veux, c'est trouver vite la mienne, puis remballer vite mes affaires, et aller me jeter dans mon lit, oublier cette journée, les cours et la fatigue. J'ai pas le courage de chercher mon nom. Un garçon un peu étourdi me fonce dedans, et je me recule d'un pas.
Oh, je le connais, lui. Je l'ai déjà vu il y a un moment. C'est un ami de Mitsukane-senpai, je pense... Raaah, je dois absolument arrêter de penser à Mitsukane-senpai et à l'autre jour. Mais j'y peux rien, j'arrive pas à m'en empêcher.
Déjà, je me suis tapé la honte... et en plus... il m'a... serré dans ses bras.
⁃ Matsuoka, j'ai vu ton nom sur le dernier panneau.
⁃ Ah... tu t'appelles comment?
⁃ Shinohara Shun.
⁃ Merci, Shinohara. T'as pas vu mon numéro aussi?
Il me fait un drôle de sourire, et me lance :
⁃ Normalement, 416. 
⁃ Merci.
Je n'ai plus qu'à aller au guichet, maintenant. Ça, au moins c'est fait, j'espère qu'il m'a pas menti. Quand j'arrive, les deux filles se mettent à rire.
Ils ont quoi, les gens, avec moi?
⁃ J'ai le 416.
⁃ Voilà ta clé.
Je leur tends machinalement l'ancienne. Je me demande où je serai casé cette fois. Par pitié, pas au dernier étage. Mais avec ce numéro, ça devrait aller.

                               ***
Je me retrouve devant l'autre dortoir, ma clé en main, et j'entre, lâchant toutes mes affaires par terre. Je referme la porte derrière moi, la tête baissée, et je pousse un grand soupir.
⁃ Matsuoka-kun?
Je lève les yeux, doucement. Mitsukane...Eiji? Pourquoi? Il est en face de moi, il me sourit. Il a l'air un peu gêné, ses joues sont rouges, et ses cheveux sont retirés derrière ses oreilles.
⁃ Mi-Mi-Mitsukane-senpai?
⁃ Je... suis avec toi, dans le dortoir.
Je suis pas sûr d'avoir bien compris. Moi et Mitsukane-senpai, on va être dans le même dortoir? Jusqu'à la fin de l'année? Juste lui et moi?
Il me tire par la manche, et je m'approche doucement de lui. Je m'appuie contre le bord du lit superposé de la petite chambre.
⁃ Je veux aussi te dire...
Je peux presque entendre son cœur battre tellement il est fort. Ses joues rougissent de plus en plus. Ses yeux verts me fixent
⁃ ...que je veux bien... essayer de... sortir... avec toi... Akira.
Quand il a prononcé mon nom, j'ai senti un frisson me remonter le long du corps. Je pense que j'ai arrêté d'essayer de comprendre mes émotions à partir de là. Je me suis juste laissé emporter. Il était déjà proche de moi. Trop proche.
Je passe mes mains dans ses longs cheveux bruns, et je colle presque mon visage au sien. Peu à peu, je me laisse glisser contre le bord du lit, et je finis à genoux, au sol. Avec Mitsukane-senpai pratiquement dans mes bras.
⁃ Dis encore mon nom...
Il me fait son sourire habituel.
⁃ A-Akira.
Je prends son visage à deux mains, et je pose un baiser sur ses lèvres. Elles sont chaudes, et douces. Il a une odeur de printemps, douce. Il se laisse faire, et de proteste pas.
C'est mon premier baiser. J'ai envie de pleurer. C'est agréable, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce que je vais faire après. Serais-je encore capable de lui parler?
Je me décolle lentement de lui, et il me regarde, l'air attendri.
⁃ Akira... je.. peux t'appeler... A-chan?
⁃ Si tu veux.
Il m'a pris la main, alors que nous étions tous les deux adossés au lit, assis, collés l'un contre l'autre, et je l'ai embrassé une autre fois.
⁃ Dis mon nom, toi aussi, A-chan...
Je suis pas bon pour parler. Alors ce genre de choses me met mal à l'aise.
⁃ Eiji.
Il est tout tremblant, mais il rigole.
⁃ C'était froid.
Je serre un peu ses doigts, et je sens sa tête se laisser tomber sur la mienne.
⁃ A-chan?
⁃ Hmm?
⁃ Je... t'ai dégouté?
⁃ Non. Sinon j'aurais pas fait ça.
Même si je me sens encore tour retourné, j'ai l'impression de pouvoir lui parler normalement. Mais quand même, pourquoi cette question.
⁃ C'était mon premier baiser, tu sais... Eiji.
⁃ Moi aussi.
⁃ Tant mieux.
J'ai l'impression que même si l'éternité passait devant moi, je pourrais rester pour toujours dans cette position. Je me sens au chaud contre lui, et en sécurité. Je sens des larmes couler sur mes joues, c'est juste l'émotion. Il ne bouge pas, il me serre toujours la main, comme si elle était sa seule bouée de sauvetage, et qu'il n'avait pas d'autre choix. Je sens son souffle sur ma nuque, et je ferme les yeux.
Je crois que j'ai dormi par terre, cette nuit là. Collé contre Mitsukane-senpai...Eiji... Je me suis endormi. Il n'a jamais lâché ma main.
Il a de grandes mains froides, Eiji. Et de longs cheveux doux. Il sent bon. Et il est contre moi, en ce moment.

Jour de pluie (Ame no Hi) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant