- Où est-ce qu'on va ?
- Surprise, surprise, chantonna Harry.
Je roulai des yeux. Ça va, j'ai plus trois ans. Et qu'est ce que je fais si j'aime pas l'endroit où on se rend ? Je souris quand même ou je lui dis franchement ? Ou pire ! Et si ma tenue n'est pas appropriée ? Putain. Oh merde. Et si Harry nous conduisait à la patinoire ? Je ne sais pas patiner. Je le tue si c'est là qu'on va. Mes craintes s'évaporèrent alors qu'on arrivait près d'un stade.
- Les Richmond Flames ! je m'exclamai excitée. Comment t'as su ?
- Ton fond d'écran, répondit Harry en haussant les épaules.
Il opéra un créneau d'un coup de main expert.
- Je croyais qu'il n'y avait que les américains qui aimaient le baseball, dit-il en mettant le frein à main.
- N'importe quoi, pestai-je.
Certes, le baseball n'était pas très répandu au Royaume-Uni, mais ce n'était pas un sport exclusivement américain. C'est Papa qui adore le baseball. On y jouait tous les dimanches après-midi au parc.
~
- Touch down ! hurlai-je en bondissant.
J'applaudissais fiévreusement accompagnée de plusieurs autres personnes. Je me tournai vers Harry, un immense sourire aux lèvres.
- Quoi ? dis-je d'une petite voix.
Ses prunelles vertes étaient posées sur moi, indéchiffrables.
- Rien, murmura-t-il en tournant les yeux.
- Dis, insistai-je en m'asseyant. J'ai un bouton sur le visage ?
- Deux pour tout te dire.
Je lui assénai une tape sur l'épaule.
- Eh ! s'exclama-t-il. Tu m'as posé la question, se défendit Harry.
- T'étais pas obligé de le dire, marmonnai-je en faisant la moue.
- Pardon, s'excusa-t-il en me caressant la joue.
Nos yeux se rencontrèrent au même moment et je détournai le regard à mon tour, passant ma main dans mes cheveux nerveusement.
- Touch down ! cria alors Harry.
- Quoi ? Mais on est pour l'autre équipe, dis-je en fronçant les sourcils.
- Non. Tu es pour l'autre équipe, corrigea-t-il avec un sourire mauvais, comme s'il voulait seulement m'énerver.
- Enfoiré !
~
- Ana.
Mon cœur eut un raté. Il avait sa propre façon de dire mon nom. Une touche personnel qui me chatouillait littéralement le palpitant. Je me tournai vers lui sans que nos regards ne se croisent. Une fine buée commença à se former sur les vitres, marquant la différence de température entre l'habitacle de la voiture et l'extérieur dont la température frôlait déjà les zéro degrés.
- J'ai vraiment, vraiment envie de t'embrasser, murmura-t-il sans me regarder.
Ma respiration se coupa une seconde fois. Nos pupilles s'accrochèrent, son corps s'approchant lentement du mien. Il s'arrêta à quelques millimètres de mon visage. Je pouvais sentir son souffle chaud s'écraser contre ma peau. Il baissa le regard sur ma bouche une fraction de seconde avant de le replonger dans le mien. Ne tenant plus, j'effaçai la distance qui nous séparait et déposai mes lèvres sur les siennes. C'était mieux. Mieux que ce à quoi je m'attendais. Mieux que ce que j'imaginais. Mieux que tout ce que j'avais connu. Je déposai ma main contre sa joue, souhaitant rapprocher son visage au mien le plus possible. Il sourit à mon geste à travers le baiser. Harry s'écarta, nous laissant reprendre notre souffle. Il posa son nez contre le mien, ma main toujours sur sa joue.
- Et maintenant ? demandai-je dans un souffle.