- Dieu merci, te voilà ! m'exclamai-je en ouvrant la porte à Harry.
Je l'embrassai rapidement et il me sourit.
- Prêt ?
Harry hocha la tête et inspira. Il me suivit jusqu'à la salle à manger.
- Harry ! Enchanté, le salua ma mère.
- Le plaisir est partagé, sourit-il.
Mon père lui serra la main, un sourire bienveillant au visage. Jenna lui claqua une bise et je levai les yeux au ciel.
- Vous êtes très joli garçon, le complimenta ma mère en me lançant un clin d'œil d'un air entendu.
Je grimaçai de dégoût.
- Merci, répondit Harry. Je sais maintenant d'où Ana tient sa beauté.
Je me pinçai les lèvres de toutes mes forces pour m'empêcher d'éclater de rire. Quel ringard, ce type ! Il me regarda en fronçant les sourcils et je roulai des yeux en secouant la tête pendant que ma mère riait comme une ado. Je levai les yeux au ciel et entraînait Harry jusqu'au premier.
- Soyez prudents ! cria mon père.
- Je suis trop jeune pour être grand-mère, renchérit ma génitrice.
Je plissai le nez et les lèvres dans une grimace de dégoût alors que Harry plaquait sa main contre sa bouche pour se retenir d'éclater de rire.
~
- Et sinon, Harry. Vous faites quoi dans la vie ?
- Vous pouvez me tutoyer, Monsieur, sourit-il. Je suis prof. Enfin, instituteur, se corrigea-t-il en me lançant un coup d'œil.
- Richard. Appelle-moi, Richard.
- C'est génial, ça, ajouta maman un immense sourire aux lèvres.
- Tu enseignes à quel niveau ? s'enquit Tom.
Tiens j'avais presque oublié sa présence et celle de sa fiancée.
- CM1. Et toi ? Tu fais quoi ?
Tom était sur le point de répondre quand Jenna se mit à rire bruyamment. Tous les regards se posèrent alors sur elle.
- Désolée, s'excusa-t-elle faussement en essuyant des prétendues larmes. C'est juste que je me souviens de quand Ana était en CM1.
Oh non. Elle n'allait quand même pas faire ça.
- Tu te souviens ? Quand tu as fait pipi dans ta culotte devant tout le monde pendant le spectacle de fin d'année.
Un silence de plomb régna alors. Quelle garce ! Je sentis les larmes me monter aux yeux. Je baissai les yeux sur mon assiette. Machinalement, j'attrapai le morceau de viande et lui jetai à la figure. Ma mère et Jenna crièrent de surprise. Je fis grincer la chaise contre le vieux parquet de la salle à manger en sortant de table avant de me précipiter jusqu'à ma chambre. Je balançai mes vêtements et ceux de Harry dans nos sacs à la hâte, des sanglots secouant mon corps.
Pourquoi avais-je accepté d'inviter Harry ici, d'abord ? J'ai rien à lui prouver à cette fille. Que dalle. Elle est pas mieux que moi, bordel. Je descendis maladroitement les marches, les sacs se heurtant fréquemment au mur et à la rembarre en bois dans un bruit sourd.
- Harry ? dis-je la voix tremblante. On rentre.
J'ouvrai la porte d'entrée et me rendis jusqu'au tacot. Harry arriva une poignée de minutes plus tard et je le soupçonnai d'avoir dit au revoir à Jenna.
- Tu lui as dit au revoir ?
- À qui ? dit-il en fronçant les sourcils.
Il déposa les sacs à l'arrière du véhicule et je lui jetai un regard entendu qu'il ne pu percevoir à cause de la pénombre.
- À Jenna ? Bien sûr. Je pouvais pas ne pas la saluer. C'est mal élevé.
- Bien vu, Pétain.
~
- Ana.
- Chut.
Il me regarda quelques secondes. Je refusai de poser les yeux sur lui. Harry reporta son regard sur la route. Il déposa une de ses mains sur ma cuisse, une hésitation prononcée dans son geste.
- Je la déteste. Comment est-ce qu'elle peut être aussi méchante ? Quoi, y a qu'elle qui peut être heureuse, c'est ça ? Pétasse.
Ce n'était pas tant le fait qu'elle m'humilie devant ma famille, Harry et Tom qui me rendait furieuse. Plutôt le fait qu'elle en soit capable. Du coin de l'œil, je vis Harry se prendre la lèvre inférieure entre les dents.
- Pleures-pas, supplia-t-il d'une petite voix.
- J'pleure pas !
Je sentis alors un liquide coulant le long de mes joues. Elles étaient bien là les traîtresses ! Harry caressa doucement mon genou du bout des doigts.
- Chez toi ou chez moi ? s'enquit Harry alors qu'on arrivait à Londres.
Je souris faiblement. Il ne comptait pas me laisser passer la nuit seule.
- Tu as de la glace ? demandai-je d'une voix pâteuse.
- Oui.
- Alors chez toi.
- Ça marche, chaton.
Je roulai des yeux.
- M'appelle pas comme ça.
- Alors arrête d'être adorable, rétorqua-t-il.