- T'as pas le droit de faire ça, Ana. C'est pas juste. Tu peux pas débouler comme ça. Tu le fais tout le temps. Tiens, quand on s'est rencontrés. C'était pas prévu, j'étais pas prêt. Mais c'est arrivé. Et t'as marqué mon cœur. Et je suis tombé amoureux de toi. Et ça non plus, c'était pas prévu. J'savais pas que tout ce que je ferais, c'était penser à toi, que tout ce que je voudrai c'était te voir et que tout ce que je souhaiterai c'était que tu sois heureuse. J'en savais rien. Mais c'est arrivé. Et tu le sais. Que je t'aime. Tu le sais. Tout le monde le sait. Ça se voit. Alors pourquoi tu me demandes si je suis amoureux de toi ? C'est stupide comme question. La plus conne des questions. Comment est-ce je pourrais ne pas être amoureux de toi ? Dis-moi Ana.
La main toujours sur la poignée de la porte de mon appartement, je gardais le silence. Il avait dit tout ça d'une voix forte et je ne sus pas trop s'il était en colère ou pas. Je m'écartai de la porte, lui laissant accès à l'entrée.
- Non Ana, refusa-t-il en secouant la tête. Ça aussi tu le fais tout le temps. Tu exiges subtilement que moi je déballe ce que je ressens sans jamais le faire en retour. C'est usant à la longue. Et frustrant. Je me suis jeté à l'eau, à ton tour. Même si c'est pour dire que c'est pas réciproque. J'm'en fiche. Dis moi juste ce que tu ressens, exigea Harry d'une voix dure.
Je déglutis et fronçai les sourcils.
- C'est réciproque, dis-je simplement.
- Alors dis-le, s'énerva-t-il.
- Je viens de te lire dire, bordel, dis-je en m'emportant à mon tour.
- Non. Dis-le.
Je savais très bien ce qu'il voulait que je dise. Je n'arrivai juste pas à le sortir.
- C'est bon, je t'aime. Voilà, marmonnai-je dans ma barbe.
Je vis ses muscles se détendre. C'était comme s'il n'attendait que ça.
- Voilà, c'était pas si compliqué, se moqua-t-il.
Je lui fis un bras d'honneur et tournai les talons. Il rit en m'emboîtant le pas. Il me rattrapa et entoura ses bras autour de mes hanches.
- Je t'aime aussi, souffla-t-il.
~
- On mange ensemble demain soir ? je demandai depuis la salle de bain.
- Non, j'peux pas. Je dîne avec Carl et Maman.
- Beurk. Pour Carl, dis-je la bouche pleine de pâte dentifrice.
- Il est cool.
Je pouffai et me rinçai la bouche.
- Je te jure, insista Harry. Quand on le connaît. C'est un chouette frère. Il a toujours été là pour moi. À chaque fois. C'était lui qui me badigeonnait les genoux de mercurochrome quand je tombais de vélo, lui qui me donnait la main à chaque passage piéton. C'est lui qui m'a appris à compter, lire, draguer. Fumer, aussi. Papa et Maman avaient pas le temps. Ou pas envie. Je sais pas trop. Mais Carl a toujours été là. À ma première exclusion, mon premier râteau et quand Papa est mort.
Mon cœur se serra. Il avait pas l'air d'être si horrible que ça en fin de compte. Je m'essayai sur mon lit, entre ses jambes.
- Désolée.
- Oh non, rit brièvement Harry. Carl peut être un vrai con. Mais dans le fond, c'est un chouette gars. Même aux yeux de mes parents c'est un sale type. De la graine de voyou comme disait Papa. C'est pour ça que c'est moi qui ai hérité de la villa quand il est mort et que Maman a déménagé en France. Personne connaît Carl comme je le connais.
- T'as de la chance. Jenna est une garce.
Harry rit, une fois de plus. Il m'étala sur le lit, son torse au dessus du mien.
- C'est pas gentil de dire ça.
Il enfouit son visage dans mon cou.
- Quoi, c'est la vérité, dis-je en haussant les épaules.
- Je pense qu'elle est incomprise.
J'éclatai de rire et entourai sa nuque de mes bras.
- Arrête de dire des conneries et fais moi l'amour.
- À vos ordres, princesse.